mercredi 2 mai 2018

« Drone » de guerre avant la vraie !


La tension internationale autour d’une russo-syro-irano phobie ne cesse de croître. Deux mondes sont prêts à s’affronter, celui qui se range derrière l’hégémonie américaine et le droit autoproclamé dans des pays souverains, et celui qui patiemment est en train de contester cette vision du monde où les peuples perdent le droit d’exister en toute indépendance. La vision unipolaire américaine affronte la vision multipolaire russo-chinoise, ces deux pays réunissant autour d’eux la majorité de la population mondiale avec l’Inde, le Brésil et l’Iran en partenaire. La guerre économique prend une tournure de plus en plus dure, mais ce n’est qu’une guerre économique. Conjointement c’est la montée de provocations militaires, car l’hégémonie ne peut exister sans prééminence économique et aussi militaire, les deux se faisant la courte échelle. Depuis 1998, la Russie était suffisamment affaiblie économiquement et militairement pour ne plus être une puissance contestataire des USA. Le dollar et la puissance militaire associée dictaient leur loi à tout le monde occidental, sur les deux Amériques, et sur une bonne partie des pays de l’Extrême-Orient dont le Japon. Les États-Unis entraînaient le monde occidental dans des guerres en Irak et en Afghanistan et partout où cela s’avérait nécessaire, ne serait-ce que pour se justifier aux yeux du monde.

La guerre de destruction du régime libyen a clos cette période d’absence de ce qui fut la deuxième puissance militaire mondiale et celle ayant au moins le second arsenal nucléaire. Désormais la Russie a reconstitué une puissance militaire suffisamment dissuasive pour garantir l’intégrité de son territoire et de venir en aide à la Syrie qui lui permet d’avoir accès aux mers chaudes selon la politique ancestrale russe. La Russie est de retour dans le Conseil de Sécurité de l’ONU obligeant les USA à agir sans l’aval de ce Conseil, ce dont ils ne se privent pas, mais par là même ils renforcent le camp multipolaire dans ses rapprochements économiques et militaires. La Russie est de retour et la Chine est devenue la première puissance économique mondiale. Cette dernière, devant l’occupation de la mer de Chine par la flotte américaine, fait un effort budgétaire supplémentaire pour sa défense. Entre ces deux mondes, les pays pétroliers de la péninsule arabique utilisent leur argent pour négocier avec le monde occidental pour l’écoulement de leurs produits et affirmer une prééminence religieuse sunnite. Mais le pays qui tient la paix du monde entre ses mains, c’est Israël. Ce pays a toujours droit à une « standing ovation » au Congrès américain et oriente toute la politique militaire des USA sur le Moyen-Orient. 

Trump a sa propre vision du monde qui fait volte-face à la traditionnelle politique hégémonique de son pays. Mais l’État profond ne lui laisse les mains assez libres que sur la politique économique. Sa politique sociale et à fortiori militaire est sous contrôle. Sur ce dernier point la ligne imposée à Obama, prix Nobel de la Paix, et dirigée par Hilary Clinton, est la guerre partout où la mise au pas de tout pays réfractaire et ayant un intérêt stratégique ou économique, est considérée comme nécessaire. Cette contrainte imposée aussi à Trump se perçoit dans sa décision mi-figue-mi-raisin de ne pas quitter la Syrie mais d’y faire œuvrer les vassaux occidentaux en première ligne en dégageant le plus possible ses soldats des zones chaudes de combat. Le bourbier syrien est un chemin vers une calamité fabriquée et guidée. Ses effets continueront à s’infiltrer dans le monde économique comme une excuse internationale pour une guerre commerciale. La Syrie est un jeu de fumée et de miroirs.

Par ailleurs il essaie de se dégager militairement sur le front de l’Extrême-Orient en laissant faire le rapprochement des deux Corée avec l’espoir d’y agrandir une plate-forme économique. A contrario il attaque l’Iran sur l’accord nucléaire poussé par l’Etat profond et Israël. Le terrain de jeu de Trump est économique et l’Europe est au centre de ses préoccupations car il ambitionne de fermer l’accès à son propre marché et de faire de l’UE un terrain de choix pour ses exportations. Les dernières discussions avec Angela Merkel ont bien montré qu’il ne cède en rien sur les droits de douane imposés sur l’aluminium et l’acier, pas plus que sur l’Iran. Trump sait que son arme sur l’UE, c’est l’OTAN et il se sert de la russophobie des pays Baltes et de la Pologne pour y avancer ses pions en obligeant les pays européens à provoquer la Russie en massant des troupes à ses frontières. Les médias français sont d’ailleurs mobilisés pour entretenir une russophobie permanente et les britanniques font tout pour mettre de l’huile sur le feu, au prix même de faux attentats russes. 

De toute évidence des forces puissantes œuvrent au-delà de Trump pour créer un climat d’affrontement tel que la guerre soit inévitable. L’UE est associée et mandatée pour récupérer la Biélorussie, la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine où Porochenko est poussé à l’affrontement par les occidentaux contre les Républiques autonomistes de l’Est. Les combats sont en train de monter en puissance et il est certain que le but est de forcer la Russie à intervenir militairement comme en Syrie. Poutine ne peut supporter de voir encore l’OTAN mettre ses bases à sa frontière. Mais s’il intervient, il sera considéré comme un envahisseur. Piège tendu en Ukraine, pourrissement en Syrie, et remise en cause de l’accord nucléaire avec l’Iran, sont les trois axes de l’État profond américain pour déstabiliser la Russie en plus des habituelles aides à « tous les printemps » dans les États proches d’elle et russophiles.

Évidemment ni la Russie, ni la Chine, ni l’Iran ne vont céder et la montée en puissance des forces militaires en Europe et dans la Méditerranée est spectaculaire. Des milliers d’hommes, des chars, des missiles arrivent en Europe de l’Est. Le porte-avions USA Harry S. Truman, parti de la plus grande base navale du monde à Norfolk en Virginie, est entré en Méditerranée avec son groupe d’attaque. C’est 1.000 missiles que cette armada déploie devant la Syrie et le porte-avion chinois. La Russie reste discrète sur ses forces maritimes devant Tartous mais de nouveaux navires ont passé le détroit du Bosphore. Par ailleurs Poutine a mis officiellement en garde Israël à propos de ses tirs sur la Syrie en précisant que s’ils continuaient il était prêt à remplacer les défenses aériennes des S-300 par des S-400, voire les plus modernes S-500. Les incursions de drones et d’avions américains le long des frontières européennes russes se multiplient à un point tel que la Russie fait savoir : « Il y a deux zones d'un éventuel conflit entre les États-Unis et la Russie, à savoir la Syrie et les pays baltes. L'activité militaire des États-Unis dans les pays baltes peut provoquer une grave crise » 

Que fait la France sinon de participer à envenimer les choses avec sa présence en Syrie, ses soldats aux frontières russes, et ses pas en avant et en arrière sur le dossier iranien ? Son seul but est-il de récupérer des commandes militaires pour le Moyen-Orient ? Œuvre-t-elle pour la paix en vendant des armes qui tuent des milliers d’êtres humains au Yémen ? Œuvre-t-elle pour lutter contre Daesh qui fuit en Afghanistan et se répand un peu partout, ou contre Bachar el-Assad et les Russes dans l’espoir de récupérer des dépouilles d’une Syrie brisée comme la Libye ? Parler de la liberté des peuples, est tout simplement se moquer du monde, et va jeter sur la France un opprobre international, pour un pays qui ne respecte plus rien.
 
Le peuple français aurait tort de penser que tout s’arrangera 

C’est à cause de ce sentiment que la 2ème guerre mondiale

A pris la France de court et l’a livrée à l’Allemagne. 

On ne joue pas impunément avec le feu

Sur un aussi gros baril de poudre !

Claude Trouvé 
02/05/18

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