mercredi 25 avril 2018

Le fiasco de l’opération militaire sur la Syrie


La France s’est engagée dans une coalition arabo-occidentale dans une opération illicite sur les territoires irakiens et syriens depuis août 2014 à la suite de l’éclosion du « printemps arabe » syrien en 2011. C’est lors de la « Conférence internationale sur la paix et la sécurité en Irak » à Paris, Quai d'Orsay, le 15 septembre 2014, réunissant une trentaine de participants sans l’Iran mais avec la Russie, que s’est formalisée la coalition pour lutter soi-disant contre l’EI. La France a pris part aux opérations aériennes en Irak à partir de septembre 2014, en excluant toute intervention en Syrie pour soi-disant n'y favoriser ni l'EI ni le régime de Bachar el-Assad (ceci en parfaite contradiction avec les propos de Fabius, en août 2012 lançant dans les médias que "Bachar el-Assad ne mériterait pas d'être sur terre" et en décembre 2012 que "le Front al-Nosra fait du bon boulot"). Pour les Etats-Unis initiateurs de cette conférence, cette alternative d’intervention en Syrie n’était pas exclue. D’ailleurs dès la nuit du 22 au 23 septembre 2014, l'aviation américaine soutenue par l'Arabie saoudite, la Jordanie et les Émirats arabes unis, intervient pour la première fois en Syrie en bombardant une vingtaine de sites, principalement dans le gouvernorat de Raqqa. La coalition s’engageait donc en dehors de tout mandat de l’ONU même si celle-ci avait condamné les actions de l’EI en Irak. La participation des pétromonarchies du Golfe à cette conférence et à la coalition n’a pas fait cesser le financement indirect de Daesh par le truchement des « grandes fortunes » de ces pays. La France de son côté mène une politique pleine de contradictions en refusant de bombarder la Syrie mais livrant des armes à la « rébellion syrienne démocratique », comme le président, François Hollande, le confirme dans un entretien exclusif au « Monde », le 20 août 2014.

Devant la prise de contrôle de territoires de plus en plus vastes en Syrie par la coalition terroriste de l’EI, l’Armée syrienne libre dite de rébellion, Al Qaïda, Al Nostra, et une armée de mercenaires venus de partout, Bachar el-Assad demande l’aide de la Russie dans le conflit syrien. Celle-ci s’engage un an après la coalition occidentale dont les résultats n’avaient pas freiné l’avance de Daech ni en Irak ni en Syrie. L’arrivée de la Russie, qui n’est pas sans intérêt pour elle, va inverser le cours de la guerre. Aujourd’hui, même si la reprise en main par Bachar el-Assad du territoire syrien, hors du territoire kurde et de ceux occupés par les occidentaux, ne fait plus de doute la situation est encore loin d’être réglée. Des intérêts divergents s’affrontent toujours avec des positions officielles et des actions cachées illustrant les buts réels d’Israël, de la Turquie, des pays du Golfe, avec l’Arabie Saoudite au premier plan, et des occidentaux. 

Depuis la guerre du Kosovo et le démantèlement voulu de l’ex Yougoslavie, on n’avait pas vu de conflit aussi tordu où les acteurs ont joué et jouent toujours une partie de poker menteur depuis leur ingérence dans ces pays du Moyen-Orient, Irak et Syrie. A contrario, du côté du gouvernement légal de la Syrie et de la Russie, les positions étaient et restent claires. La Russie était venue pour aider d’abord le gouvernement légal syrien. Il l’a aidé en premier lieu contre les forces armées syriennes en rébellion car l’EI ne menaçait pas encore Damas. Les occidentaux, et la France toujours au premier rang, ont alors vilipendé la Russie pour ne pas avoir attaqué d’abord l’EI, révélant ainsi leur véritable but, la suppression mort ou vif de l’homme fort à la tête de la Syrie. Pourquoi ? Pour une affaire de « tuyaux », des pipelines traversant la Syrie pour aller de l’Iran vers l’Europe concurrençant la production provenant des pays du Golfe. L’Arabie Saoudite wahhabite est d’autant plus mobilisée qu’il s’y ajoute un conflit de prééminence religieuse avec l’Iran chiite.

Mais c’est aussi une affaire des grandes firmes pétrolières occidentales pour lesquelles les États-Unis, le Royaume-Uni, et la France sont prêtes à entrer en guerre. L’occasion de l’EI était tellement un prétexte idéal, qu’il n’existe plus guère de doute sur son entraînement en Jordanie sous le contrôle américain, qu’Israël a servi de base arrière pour les blessés, et que les financements des pays du Golfe ne lui ont pas manqué avant qu’il ne se serve sur les puits de pétrole conquis, pétrole vendu à la Turquie à bas prix et revenant en partie sur l’Europe. Les américains et les britanniques ne se sont pas privés d’alimenter le conflit en leur parachutant plus ou moins discrètement des armes, de la logistique et en les prévenant avant de bombarder des villes où l’EI était présent. La Turquie joue un double ou triple jeu depuis le début. Tout lui est bon pour résoudre le problème kurde, ce à quoi elle s’emploie désormais en les combattant en Syrie sans que la France y trouve à redire alors que les États-Unis se sont établis en Syrie ainsi que nos forces spéciales pour aider les kurdes à lutter contre l’EI ! 

Le but commun de l’alliance occidentale, de la Turquie, des États du Golfe, et d’Israël est le démantèlement de la Syrie. C’est ce but non avoué qui oppose frontalement la coalition occidentale à l’axe Russie, Syrie et Iran sans oublier le Hezbollah dont Israël veut l’extermination. La France dans tout ce conflit joue depuis le début un rôle de vassal, prête son Armée et y investit nos sous. Pour enlever la Grand-Croix de la Légion d’Honneur à Bachar el-Assad et récupérer l’objet en Syrie, il a fallu faire agir l’ambassade de Roumanie, car nous y avons fermé la nôtre. Cette fin est lamentable après les frappes récentes, dispendieuses et inefficaces sur la Syrie pour une raison d’utilisation d’armes chimiques dont on attend toujours les preuves d’existence par l’OIAC, seule habilitée auprès de l’ONU. D’ailleurs il faudra, si c’est le cas, encore prouver quel belligérant les a utilisées quand les Russes prétendent avoir découvert des laboratoires et des produits concernés dans la zone incriminée et libérée.

La situation au Moyen-Orient n’est non seulement pas calmée mais des grandes puissances s’affrontent au Moyen-Orient plus ou moins directement. Le nouveau lien stratégique de la Russie avec la Chine a fait arriver la marine chinoise en face des côtes syriennes entrainant une présence rapprochée des navires américains. Mais la guerre des Turcs contre les Kurdes fait toujours rage. Une fois éliminée la présence de l’EI et de l’ensemble des forces terroristes ou rebelles, on ne sait pas ce que fera la Russie au côté de Bachar el-Assad pour cette partie de territoire. Si la Turquie et la Russie, liés désormais économiquement sur le gazoduc en construction en Turquie allant de la Russie à l’Europe, peuvent forcer à un accord final, il est vraisemblable que les occidentaux, et Israël, qui s’est invité militairement dans le conflit, chercheront à brouiller les cartes. Il vient se joindre à cela la relance de l’accord de 2015 avec l’Iran sur la limitation de l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles et l’interdiction de toute arme porteuse d’ogives nucléaires. Le nouvel accord, compromis esquissé avec Trump, reçoit déjà le véto de la Russie, de la Chine, et une fin de non-recevoir de l’Allemagne et du Royaume-Uni.

Si l’on regarde l’intérêt national, donc celui du peuple français, on cherche en vain une cohérence dans la politique étrangère française depuis le départ des « printemps arabes ». Nous avons mis à feu et à sang la Libye, détruit la barrière que ce pays offrait à l’immigration avec sa capacité d’employer ces migrants dans un pays en pleine prospérité. Son arsenal militaire s’est répandu dans tous les groupes terroristes de l’Afrique et du Moyen-Orient et aujourd’hui les forces islamiques s’y sont reconstituées en partie. L’abcès crevé en Irak et en Syrie pollue la Libye et l’Afghanistan, où nous n’avions rien à faire non plus. Nos attaques militaires d’ingérence en terre d’Islam et verbalement inutilement vexantes contre l’Islam ne font que coaliser contre la France, déclarée ennemi commun, et de propager une lutte sur notre propre territoire. L’EI quitte la Syrie mais se reforme ailleurs et le problème syrien oppose de front les plus grandes puissances de la planète mettant en danger la paix du monde. Fiasco total. Mais sous l’éclairage des multinationales pétrolières, la politique française devient plus lisible. Cela enrichit-il notre peuple et cela vaut-il une troisième guerre mondiale ? Alors les chefs concernés mériteraient d’être punis pour complot contre le peuple français pour vassalité à une puissance étrangère entraînant la France sur le sentier de la guerre.
 
L’image de la France dans le monde devient trouble 

Ce qui est un comble pour le pays des Lumières.

Entre l’armement de puissances guerrières 

Qui sème la mort de milliers d’humains,

Et notre ingérence en terre d’Islam, 

Qui la sème en retour chez nous

Le perdant est notre peuple, 

Les gagnants le narguent

Sur des tas de dollars !

Claude Trouvé
25/04/18

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