jeudi 1 mars 2018

La France se dépouille, son peuple se déchire


Le froid qui s’est abattu sur la France fait sentir à son peuple ce qu’est le poids de l’engourdissement qui étreint ceux d’entre nous qui ont froid, les sans ou sous abri, les SDF mais aussi les anonymes qui ne disent rien mais mendient de la nourriture dans les rues ou dans les associations humanitaires, celles du cœur qui n’étreint plus l’État. Quelle fierté peut avoir un peuple qui laisse partir son argent vers la spéculation, les paradis fiscaux, qui réquisitionne pour loger, nourrir des nouveaux arrivants, et qui abandonne les anonymes de la mendicité à la charge des bénévoles ? On ne sait plus si ces associations sont un bien ou un mal, car elles facilitent la démission de l’État dans l’un de ses rôles fondamentaux, la protection du peuple. Avant la révolution, on stigmatisait la féodalité et la royauté qui asservissaient et dépouillaient.

Mais que fait-on aujourd’hui en citant à tout propos la République, la démocratie et les droits de l’Homme ? La République une et indivisible, retourne aux grands duchés réunis dans le sang pour faire la France d’aujourd’hui, bafoue la voix du peuple, comme sur la Constitution européenne et la volonté de non-fusion des deux départements alsaciens, et renvoie le référendum dans les oubliettes. L’ouvrage majeur de Platon fait la critique de la démocratie dans sa dégénérescence en démagogie et en tyrannie à cause de l'attrait qu'exerce le prestige du pouvoir. Désormais le peuple accepte sans broncher les ordonnances, entorses à la démocratie pour des urgences qui ne le sont que parce qu’il faut que celles-ci, issues des directives de l’UE, soient mises en œuvre dans les six mois autorisés, donc avant le 17 mars 2018. Nous y sommes, la démocratie oscille entre démagogie et tyrannie !
 
La France se dépouille de ses richesses. Le déficit budgétaire prévu pour 2018 est de 20% supérieur au déficit réalisé en 2016 et la dette publique continue à augmenter. Notre commerce extérieur accentue encore son solde négatif à plus de 60 milliards. La France jette par la fenêtre deux centaines de milliards avec les énergies renouvelables et introduit de nouvelles nuisances pour la santé et l’environnement (cf la série d’articles précédents). La croissance à 1,9% est inférieure à celle de l’UE à 2,5%, et le taux de chômage supérieur. Pourquoi ? N’y aurait-il pas un lien avec le fait que plus de 80% de nos lois ne sont que la traduction des directives et normes de l’UE ? On a mis des œillères au peuple, on l’a chapitré sur l’UE qui protège, sur le catastrophisme de la sortie de l’euro, et il ne voit plus qu’une seule ligne droite, celle qu’on lui assigne, celle tracée par l’UE, une autoroute sans sortie qui conduit vers une seule destination. Cette destination est celle qui va réaliser les buts fixés du Nouvel Ordre Mondial, cette nébuleuse qui remplit les poches des multinationales et des banquiers, permet à l’Armée américaine et la CIA de choisir ses ennemis à notre place, et ouvre toute grande la porte de la mondialisation et de la libre circulation des capitaux devenus principalement spéculatifs ou de prédation des ressources et des patrimoines des pays les plus faibles. 

Voilà en réalité vers quoi notre avenir est tracé mais cette vision est volontairement cachée. On va vous parler de moins en moins des chiffres du chômage, par trimestre désormais pour cacher l’impossibilité de réduire le chômage. On va vous cacher les raisons pour lesquelles la démographie baisse pour la première fois en France. On ne vous dira pas que nos enfants de souche n’ont plus confiance en l’avenir et qu’ils ne font plus d’enfants ou bien moins que leurs parents. On ne vous dira pas que cette chute est d’autant plus grave qu’elle signifie que la fécondité très supérieure des femmes arrivant et de celles arrivées de première génération ne suffit plus à compenser la décroissance de la fécondité des autres. Pourtant il suffit de se rendre dans les maternités ou de discuter avec les personnels affectés pour constater la différence de fécondité en particulier chez les femmes musulmanes. L’Allemagne confrontée à une baisse de natalité a ouvert la porte d’une immigration de masse, mais elle a des emplois non pourvus et un chômage très bas. En France nous n’avons pas de travail à donner et nous accueillons en fermant les yeux sur les conséquences. Le résultat c’est 200.000 arrivées et 120.000 départs des jeunes actifs au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse, au Canada, en Australie, et pour les plus diplômés aux Etats-Unis. Alors le clivage entre les arrivants et les autochtones ne peut que s’agrandir.

Sous cette poussée d’un libéralisme dévoyé dans un mondialisme où la spéculation prend le pas sur l’échange de biens et de ressources, la France se déchire. Il y a une France d’en haut et une France d’en bas qui s’ignorent, mais lentement vont arriver à se détester. Plus la France d’en haut regarde de haut la France d’en bas, plus le fossé se creuse. Plus la France d’en haut se réduit en nombre, plus elle s’enrichit et devient puissante, et plus la France d’en bas s’accroît, plus elle s’appauvrit et plus elle devient dépendante. Les mots de cette France, que représente Macron, deviennent terribles de mépris : « les Bretons sont incultes », «  les gens du nord sont alcooliques », ceux qui n’ont pas de costard n’ont qu’à travailler, ce sont ceux-là que l’on croise dans les gares, haut lieu du populisme, les chômeurs qui n’ont pas de travail devraient un peu plus se bouger, si les agriculteurs sont dans la merde c’est qu’il n’ont pas fait ce qu’il faut pour l’éviter, et en plus ils sont responsables de la pollution par le glyphosate. A la grande satisfaction des laboratoires pharmaceutiques on impose les onze vaccins, sans qu’un véritable débat scientifique ait eu lieu malgré des avis scientifiques très partagés. Les parents n’ont pas le choix sous peine de sanctions, ils doivent vacciner leurs enfants sans sourciller, l’incertitude au ventre, en se demandant pourquoi d’autres pays ne vont pas dans cette voie. La tyrannie, c’est quoi au fait ? 

Quel œil peuvent jeter sur leur pays ceux qui cherchent un emploi, ou acceptent des emplois moins payés que le voudrait leur qualification, ou demandant des temps de trajet trop longs et coûteux, quand ils voient arriver une population que l’on loge, qu’on nourrit jusqu’à ce qu’elle trouve un emploi qui coûtera moins cher à l’employeur ? Quel œil sur leur pays peuvent jeter les retraités, qui sous prétexte qu’ils ne sont pas pauvres à 1200 euros/mois, mais certains fatigués par un passé de travail où la semaine légale n’était pas de 35 heures mais 42, 45, ou 48, ni les congés de 5 semaines mais 3, doivent encore payer pour leurs enfants actifs après l’avoir fait pour les y amener ? Au nom de quelle solidarité l’Etat abandonne son devoir de soutien aux déshérités, alors que la France est le pays d’Europe comptant le plus de SDF par rapport à sa population. Que peuvent attendre les français d’une politique économique qui reprend les recettes précédentes et déverse notre argent sur les sociétés au profit d’ailleurs surtout des plus grandes, en augmentant le nombre et le montant des taxes, et celui du prix des tarifs publics au-delà de l’inflation, sous prétexte d’un ruissellement vers le bas que justement la France du bas attend toujours ? 40 milliards sont déjà partis sans que le chômage baisse et on continue à en verser avec un chômage qui ne baisse toujours pas et un PIB/habitant qui diminue par rapport à la moyenne de l’UE.

La France n’est pas encore la Grèce mais son patrimoine et ses terres passent sous contrôle étranger, et la notion de service public est en train de disparaître au nom de la rentabilité, placée dans l’efficacité supposée de la privatisation. Que peuvent alors attendre les voyageurs qui vont voir arriver la concurrence sur le ferroviaire, concurrence entre quelques sociétés qui s’entendront entre elles comme les opérateurs téléphoniques ? La guerre des prix sera illusoire et le service en low-cost pour la France du bas. La France se recroqueville comme l’alpiniste surpris par la nuit et le froid des cimes qui se replie sur lui-même pour se protéger. Il survivra peut-être, mais avec les pieds et les mains gelés. La France se recroqueville sur ses métropoles, et les bureaux de poste disparaissent et avec eux les classes, les gendarmeries et même les perceptions, les mairies se regroupent, les voies ferroviaires sont livrées aux régions alors que celles-ci voient diminuer leurs dotations. 

Nos campagnes sont vouées à la désertification, à la mécanisation de grandes superficies agricoles, à l’élevage intensif où l’homme disparaît sous l’arrivée de l’agriculture à grande échelle qui fera du bio ce que l’on fait déjà du non-bio, la baisse de la qualité et le risque d’empoisonnement à grande échelle de notre santé. Mais les accords européens du CETA avec le Canada, et avec le MERCOSUR vont ravager sur leur passage la paysannerie qui travaille sur le marché intérieur ne laissant plus aucune chance à des pans entiers de l’agriculture, mais en laissant des secteurs agricoles pour les financiers de l’agriculture exportatrice. Cette attitude suicidaire conduit justement au suicide, dernière alternative laissée au paysan abandonné. Le rapport "Le commerce à tout prix ?" publié aujourd’hui par foodwatch et PowerShift, révèle le scénario catastrophe des cinq accords en cours de négociations entre l’Europe et le Japon, le Vietnam, l'Indonésie, le Mexique et le Mercosur. Ce rapport met en effet en lumière les menaces sur la protection des droits sociaux, des consommateurs et de l’environnement, sur l’agriculture et l’alimentation (importations de viande, normes sur les pesticides, OGM, etc.), ainsi que sur nos processus démocratiques.

Avec de tels accords, nous ne pourrons plus en Europe décider démocratiquement de nos normes, comme interdire de nouveaux OGM ou décider des seuils de résidus de pesticides dans notre alimentation. Le principe de précaution dont on nous rebat les oreilles quand cela arrange le gouvernement est laissé au placard. Emmanuel Macron avait déjà trahi sa promesse électorale sur le CETA dès septembre 2017, en acceptant l’entrée en vigueur « provisoire » du CETA, alors que le rapport de la Commission Schubert sur « l’impact du CETA sur l’environnement, le climat et la santé » avait confirmé des risques très importants. Il ne reste plus qu’une voie à suivre. Désormais les accords de commerce ne doivent plus servir l’intérêt général, mais les intérêts particuliers des multinationales.

Quand les français auront compris que les effets ont toujours des causes, 

Qu’il ne sert à rien d’en constater et d’essayer d’en limiter les dégâts

En refusant d’en voir la cause dans son abandon de souveraineté 

Sous le prétexte dogmatique de l’UE qui protège le peuple

Alors la France aura peut-être une chance de survivre !

Claude Trouvé 
01/03/2018

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