mardi 5 décembre 2017

A qui doit-on interdire de répandre des fausses nouvelles ?



La chasse aux fausses nouvelles par le gouvernement et les médias, comme Le Monde avec son Decodex, s’étend désormais à l’UE où celle-ci va dépenser quelques centaines de millions d’euros pour former les parlementaires à la lutte contre les « fake news ». Oui parce que c’est ainsi qu’il faut s’exprimer dans le cadre de la défense de la langue française ! On ne s’étonnera pas que les résultats de nos enfants en lecture ne cessent de décroître depuis 20 ans, ils ne lisent plus que le franglais et n’écrivent plus que le nouveau langage des SMS. Passons, mais un pays où on lit et où on écrit de plus en plus mal ne peut que lui-même aller de plus en plus mal.

Revenons sur le sujet des fausses nouvelles pour réfléchir un instant au matraquage des médias sur des sujets qui n’impliquent pas le quotidien des citoyens mais leur dressent un tableau noir des pays étrangers pour cacher la noirceur du nôtre. Le Trump-bashing fait la joie de ceux qui se réjouissent du malheur des autres, enfin malheur qu’on leur fait croire. Pourtant, quelle que soit notre vision de l’homme, les Etats-Unis se portent mieux qu’à la fin du mandat d’Obama. Ce démocrate a réussi à augmenter le nombre d’américains vivant au-dessous du seuil de pauvreté jusqu’à 95 millions, à désindustrialiser un peu plus le pays, à faire flamber la dette publique, et à ne pas cesser de promener son prix Nobel de la Paix dans des guerres incessantes au Moyen-Orient, en Afrique et à continuer à déstabiliser un nombre grandissant de pays un peu partout dans le monde. Pour finir il a failli réussir à promouvoir Hillary Clinton à la présidence, celle dont les révélations sur elle ne cessent de nous montrer qu’elle aurait fait pire que lui. Trump-bashing et Obama-mania ne sont-elles pas des fausses nouvelles qui déforment la réalité aux yeux de ceux qui n’ont pas le loisir ou la volonté de s’informer ailleurs. 

Mais il en est de même avec la Russie, dont on ne cesse de dire pis que pendre en suivant la doxa comme quoi c’est l’ennemi numéro 1, prêt à envahir l’Europe puisqu’il a « pris » la Crimée, qu’il soutient le boucher Bachar Al-Assad, et qu’il a fallu que nous intervenions avec la coalition occidentale pour vaincre Daesh. Seulement sans l’intervention russe l’EI aurait provoqué la reddition du gouvernement légal syrien, et massacré une partie de la population. La liquidation de l’EI a été largement complétée par les Kurdes et l’armée irakienne. Quant à nous, nous avons joué un double jeu où nous avons surtout fait semblant de combattre Daesh et Al-Qaïda en fermant les yeux sur l’aide apportée par l’Arabie Saoudite et le Qatar. Une solution diplomatique est désormais envisageable et les réfugiés syriens commencent à rentrer au pays. Nous sommes intervenus sur le sol syrien sans l’accord du gouvernement légal et nous accusons la Russie d’ingérence. Qui propage de fausses nouvelles en s’attribuant la victoire sur l’EI et en stigmatisant la Russie ?

Si l’on se tourne vers nos amis anglais et leur Brexit, c’est la même fanfare de dénigrement de ce pays qui s’empêtrerait dans une voie sans issue. D’abord ce n’est pas respecter la volonté d’un peuple, et on devrait se taire pour ne pas avoir respecté celle du peuple français qui ne voulait pas de la Constitution Européenne et a eu le traité de Lisbonne, copie conforme. On souhaite, en toute amitié, que ce pays soit sévèrement puni par une redevance élevée, le dû plus la punition. Aux dernières nouvelles le Royaume-Uni va payer à l’avance les 50 Milliards que son engagement signé jusqu’en 2022 lui imposait de payer par tranche annuelle, et va négocier un traité commercial sur les droits de douane avec l’UE. C’est du donnant-donnant où chacun pourra dire qu’il a gagné sur l’adversaire. En réalité le Royaume-Uni veut en revenir à un traité de libre-échange limité à l’aspect économique, il aura atteint son objectif en ne payant que son dû et se dédouanant de payer pour l’UE dans l’avenir à hauteur d’une dizaine de milliards par an. Nous, on rira jaune car il faudra payer plus à l’UE, on parle déjà de 2 milliards. 

Cette propension à mettre en lumière la paille dans l’œil du voisin pour masque la poutre dans le sien est révélatrice de la tactique d’information par des nouvelles déformées donc fausses. Avec un chômage au plus bas à 4,5%, avec des banques qui ont passé les stress-tests avec beaucoup plus d’aisance que la plupart des banques européennes, sans parler des italiennes au bord du gouffre, avec un plan ambitieux de réindustrialisation, avec une arrivée massive d’investissements chinois, avec des traités commerciaux en cours de négociation avec les principaux pays hors de l’UE, dont ceux du Commonwealth, avec la récupération du plus grand centre de Facebook, le Royaume-Uni, va mieux que nous. Au fond nous pouvons faire une crise de jalousie avec notre chômage deux fois plus élevé, une augmentation de la pauvreté, une croissance molle qui ne peut les faire baisser significativement, et une impossibilité de contrôler efficacement les capitaux et la fraude par notre engagement dans l’UE. Qui répand la fausse nouvelle de la débandade anglaise ?

Si l’on ajoute à cela que depuis son arrivée Macron aurait fait des choses extraordinaires autres que de distribuer de l’argent à ceux qui en ont le plus, les plus riches, les multinationales et les grandes entreprises exportatrices, ou de vendre les restes d’Alsthom à Siemens, les chantiers navals aux italiens, ou encore de prendre les sous dans la poche des retraités, peu dangereux, pour soulager les entreprises de toute hausse des salaires, et de leur rendre le licenciement plus facile et moins onéreux. La masse des impôts sur les citoyens, taxes diverses en hausse (diesel, cigarettes, etc.), TVA, CSG, impôts fonciers et sur le revenu, ne diminuent pas globalement bien au contraire. La baisse de la taxe d’habitation est un leurre car les collectivités seront poussées à l’augmentation des impôts ou à la diminution des services. Si le peuple a collectivement moins d’argent, la consommation intérieure ne décollera pas, les entreprises vivant sur le marché intérieur n’embaucheront donc pas et les autres délocaliseront quand elles le pourront. 

Alors stigmatiser les autres pour désinformer les français sur la réalité de ce qui les attend est une fausse nouvelle qui est une tromperie organisée avec la complicité médiatique dont décidément nous ne devons pas être fiers. Pour connaître un autre son de cloche, il faut lire la presse étrangère où même l’information russe contient moins de contre-vérités. On n’y trouve pas cette quasi-unanimité des médias, sauf aux USA où la guerre contre Trump date de la campagne présidentielle. L’oligarchie et le complexe militaro-économique n’a toujours pas digéré la victoire d’un homme qui s’est fait élire par la classe moyenne et pauvre, un véritable affront pour les démocrates et l’oligarchie.

Tous ceux qui vont se donner le droit de donner un avis sur les nouvelles, les écrits, les interviews, en décrétant la crédibilité ou non des informations, se parent du titre de juges de la pensée. La pensée étant devenue unique pour être crédible, on entre dans un système d’information que les anciens comme moi ont connu sous l’occupation ou le régime de Vichy. La possibilité de rentrer dans la vie privée donnée par les lois liberticides ressemble à ces camions d’écoute qui passaient dans les rues et, par triangulation, repéraient les émissions radio des résistants vers Londres. Nous ne sommes pas loin de réhabiliter la dénonciation, on en a entendu parler pour le harcèlement sexuel. Nous sommes sur la pente dangereuse d’un régime autoritaire, qui fait fi de la démocratie et de la liberté, et qui peut nous européaniser sans notre consentement dans un grand espace mais grillagé, une cage de Faraday dont nos esprits ne pourront plus sortir. Traquer la fausse nouvelle, c’est l’atteinte légalisée à la liberté d’expression. C’est la fermeture progressive de toutes les bouches d’émission autres que la doxa, car les critères définissant la fausse nouvelle sont subjectifs et extensibles à souhait. Alors qui répand des fausses nouvelles ?

La résistance disait attention, les murs ont des oreilles, 

Mais la désinformation consiste à faire le tri

Pour écarter ce qui est hors de la pensée 

De ce petit livre rouge argenté

Du Nouvel Ordre mondial !

Claude Trouvé 
05/12/17

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