samedi 8 juillet 2017

En tuant le nucléaire, la France s’auto-détruit (2ème partie)

Si mon premier article ne vous a pas dégoûté complètement du nucléaire et que le risque vous paraît acceptable sous condition d’être une meilleure solution que les autres techniques actuelles de production d’électricité, la suite de cet article doit vous permettre de vous faire une idée plus argumentée. Les articles répandus sur le nucléaire sont défavorables pour la plupart. L’un des arguments les plus utilisés est que le nucléaire est en déclin partout dans le monde et que le « vent » de l’histoire énergétique est en train de reléguer cette technique désuète et dangereuse au rang des erreurs du passé. D’abord si le prix du kWh est encore l’un des plus bas dans le monde, hors des pays possédant une grande puissance hydraulique, c’est évidemment grâce aux décisions historiques de choix du nucléaire sous De Gaulle et Pompidou. C’est le Centre de l’Energie Atomique de Saclay qui a lancé la France dans cette aventure et l’a menée au plus haut niveau technique avec entre autres le réacteur à neutrons rapides Superphénix, arrêté stupidement en 1996 pour des raisons politiques, mais qui, 20 ans après, est reconnu comme la génération suivante des réacteurs. La Russie est particulièrement prête à se positionner sur ce marché que la France a abandonné alors que nous avions pris une très large avance sur ce pays.

Mais la France a développé toutes les techniques permettant d’être présente dans l’ensemble du cycle du combustible nucléaire. Cela va de l’extraction de l’uranium, au recyclage des combustibles usés, en passant par les traitements chimiques préalables à son enrichissement, l’enrichissement en U235 fissile avec Eurodif, l’une des plus grandes usines du monde, la fabrication du combustible entrant dans les réacteurs, le traitement du combustible usé à la Hague, le recyclage du plutonium et de l’uranium récupérés dans un combustible mixte MOX, et les techniques de stockage des déchets ultimes. Au passage on voit l’aveuglement idéologique dans lequel la France s’est fourvoyée sous la pression écologique depuis 1996 avec l’arrêt de Superphénix qui permettait de réutiliser le plutonium et l’uranium appauvri stocké dans des conditions d’efficacité bien plus grande que dans le combustible MOX qui est désormais la cible des écologistes ! La nouvelle génération, dite 4ème génération, est celle des surgénérateurs comme Superphénix qui permettent de diminuer d’un facteur 60 les nécessaires extractions du minerai uranium. 

Car avec ses 437 réacteurs en service dans 30 pays, le nucléaire est loin d’être mort. En 2014, le parc nucléaire mondial a fourni près de 2 410 TWh, soit 10,8% de l’électricité produite dans le monde. Au 3 août 2015, la puissance électrique installée du parc nucléaire mondial s’élève à près de 378 GW. Plus de la moitié de cette capacité se répartit entre 3 pays : les États-Unis, la France et le Japon (ses réacteurs sont en cours de redémarrage progressif sauf les accidentés). A titre indicatif cette production électrique nucléaire pourrait être remplacée par plus de 600.000 éoliennes de 2MW chacune soit 20.000 éoliennes en moyenne par pays, chiffre qui est proche du plan français.

Mais le plus significatif est le nombre de 68 réacteurs en construction dans le monde en août 2015 auxquels il faut ajouter le projet de 2 EPR au Royaume-Uni auquel nous participons avec la Chine. C’est encore montrer du doigt toute l’ambiguïté de la position française qui veut stopper le nucléaire pour sa dangerosité, mais aussi  vendre des réacteurs et du retraitement à l’étranger. Il faut noter que la Chine a 2 EPR en chantier de 1750W chacun (soit l’équivalent en production de 5700 grandes éoliennes de 2MW) et de conception française. Le premier réacteur devrait démarrer "au second semestre 2017" au lieu du premier semestre, tandis que la mise en service du second interviendra durant "la première moitié de 2018" au lieu du second semestre 2017, a indiqué le groupe chinois CGN le 21 février 2017. Commencé plus tard que le chantier de Flamanville, ces réacteurs démarreront avant notre EPR dont la mise en service est prévue en 2019. Ceci montre que ce n’est pas la technique EPR qui est en cause mais plutôt la très mauvaise conduite du chantier à cause des problèmes de construction avec Bouygues, de fabrication de la cuve du réacteur, des surenchères dans la sûreté nucléaire et des rivalités EDF-AREVA qui n’ont cessé que par l’absorption d’AREVA par EDF. 

L’opinion française est donc soumise à une campagne de désinformation qui aboutit à stopper la recherche dans ce domaine par l’utilisation des moyens financiers dans les subventions aux énergies renouvelables, à nous décrédibiliser à l’étranger tant notre position sur le nucléaire est ambiguë. Les attaques écologiques se concentrent désormais sur le site de stockage à long terme dans un dialogue de sourds avec les chercheurs et ingénieurs en charge alors que rien n’est encore arrêté définitivement sur le site de Bure, et que la science et la technique cherchent la solution la plus pérenne possible dans la sécurité du stockage pour les générations futures. Il faut rappeler que la France, contrairement aux États-Unis, ne stocke définitivement que 4% de produits de fission présents dans les combustibles usés, les 96% d’uranium et de plutonium sont récupérés et recyclés.

C’est là que l’on touche à l’aberration du choix énergétique actuel dont la base principale est l’éolien. Cette technique est physiquement très limitée dans les améliorations du rendement possible de l’éolienne elle-même. De plus on ne récupère que 23% de la puissance installée par suite des variations aléatoires du vent. Pour le nucléaire le champ de progrès des recherches est immense comme on le voit avec les surgénérateurs mais les améliorations possibles touchent aussi bien la nature et l’efficacité du combustible, que la sûreté et la miniaturisation. Le domaine de la fission nucléaire est encore plein de promesses mais les progrès dans la fusion sont devenus significatifs et l’échéance sur le premier réacteur thermonucléaire s’est considérablement rapprochée. On touchera alors à une énergie quasi inépuisable puisqu’elle utilise l’hydrogène et ses isotopes. Là encore avec son centre international de recherche sur la fusion à Cadarache, la France reste dans les nations de tête pour cette technique futuriste. 

Une autre désinformation qui court sur le nucléaire est que le minerai uranium est en cours d’épuisement. C’est tout aussi faux que le reste des attaques. L’uranium est très abondant dans le monde et réparti sur presque tous les continents. Son prix bas actuel a fait stopper les recherches et des découvertes de gisements attendent que le prix monte. De plus les mers et même le Rhône fournissent des ressources inépuisables d’uranium si l’on en a besoin sous réserve d’un coût plus élevé… comme le gaz de schiste. On peut ajouter que le thorium, le minerai le plus abondant dans le monde peut à terme remplacer l’uranium. Mais il y a une autre source d’approvisionnement française qui peut couvrir des dizaines d’années, c’est le stockage de l’uranium appauvri, rejet de l’enrichissement de l’uranium, à Pierrelatte et à Bessines. Son utilisation, avec le plutonium récupéré à l’usine de retraitement de la Hague, dans la future génération de réacteurs surgénérateurs assurerait un combustible très bon marché et une indépendance totale de notre production électrique nucléaire.
 
Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. 

C’est exactement la voie choisie par la France.

L’écologisme s’est acoquiné avec le NOM 

Pour nourrir le business des puissants

Au détriment des citoyens français 

En sacrifiant l’un de ses fleurons.

Marie Curie doit être triste 

Au Panthéon !
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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