samedi 10 juin 2017

Voter utile, ce n’est pas ce que certains pensent



Demain une bonne moitié de la France va se diriger vers les urnes. La majeure partie votera pour un candidat ou un parti selon sa préférence, l’autre barrera rageusement le candidat honni ou se défoulera par des graffitis de plus ou moins bon goût ou bien encore laissera une enveloppe vide en se demandant si le préposé au « A voté » ne va pas deviner qu’il a voté blanc. Ce dernier est soit motivé par le « qu’en dira-t-on », qui a son importance dans les petites communes soit considère que l’on doit toujours voter pour sauver la démocratie, en particulier chez les femmes d’un certain âge qui repensent à leur mère qui a pu voter contrairement à sa propre mère. Malheureusement ce vote est parfaitement inutile dans la comptabilité actuelle qui ne prend pas ces votes blancs ou nuls pour afficher les pourcentages de voix obtenus par les différents candidats. Ce sont les chiffres qui resteront dans les médias, dans les mémoires et dans les conséquences électorales et financières. Un autre chiffre est surveillé, c’est le taux d’abstention, car lui diminue d’autant les pourcentages obtenus par les différents candidats. En conséquence le vote blanc ou nul n’a aucune importance réelle sur les résultats d’une consultation, et n’apporte rien au fonctionnement de la démocratie. Il reste un exutoire, soutenu par les politiques, parce qu’il n’a pas d’influence sur leur résultat, c’est pour cela que son intégration aux abstentions est toujours repoussée.

Voter utile, c’est donner le vrai visage d’une consultation du peuple, ce ne peut être autre chose. Voter utile c’est voter pour ses convictions puisque l’on vous donne l’occasion de les exprimer. L’abstention est un vote utile parce qu’il est l’expression d’un ni-ni, l’affirmation que l’offre politique ne vous convient pas. Par exemple si vous êtes partisans d’une Europe gaullienne, une Europe des nations, et non à une Europe fédérale et qu’aucune proposition ne vous offre ce choix, votre devoir est l’abstention et non de voter pour des politiques qui par ailleurs vous semblent plus proches de vos autres idées. L’abstention est une arme qui permet aux politiques, au pouvoir en particulier, de mesurer l’adhésion réelle de la population. Emmanuel Macron n’a pas si brillamment que cela réussi son arrivée au pouvoir. Moins d’un français sur trois l’a désigné si l’on tient compte des abstentions et des non-inscrits. Pourtant il est très probable qu’il disposera d’une majorité absolue. 

Il faut alors se pencher sur le vote utile de choix d’un candidat. Beaucoup pense que voter utile c’est voter pour celui qui est le plus représentatif même s’il correspond moins qu’un autre à ses propres convictions. C’est cela même qui pourrit le fonctionnement de la démocratie. C’est le fonctionnement de la quatrième république, celle des combines, arrangements entre les partis, et les fameux désistements. Cette attitude est particulièrement grave dans le cas d’un parti considéré au départ comme majoritaire pour les législatives. La mécanique du système électoral est bâtie sur le principe du bonus donné au parti arrivé en tête au second tour dans le but de donner une bonne assise au gouvernement. L’attitude de l’électeur qui consiste à dire : « je ne suis pas vraiment d’accord avec ce parti mais je veux assurer une bonne représentation en députés » revient à faire une surenchère sur la surenchère. Où est alors le bon fonctionnement de la démocratie ? Autant alors avoir une monarchie parlementaire où le plein pouvoir est donné automatiquement en cas de victoire quel que soit le taux de citoyens que cela représente.

Il n’y a aucune raison démocratique valable de faire de la surenchère au carré. La représentation parlementaire n’est plus l’image de la diversité d’opinions de son peuple, elle en exclut toute sa richesse démocratique. Par le système électoral, un parti majoritaire en voix le sera encore beaucoup plus en nombre de députés. Vouloir donner une majorité absolue conduit à un déni de démocratie et à un fonctionnement de type URSS où les petits partis, de plus sont éliminés, et les autres laminés. C’est très grave pour la démocratie. La mainmise sur la Présidence, l’Assemblée Nationale, et ensuite le Sénat et les régions, donne un pouvoir qu’aucune autre démocratie occidentale ne donne. N’oublions pas que le Président français détient déjà plus de pouvoir que celui des États-Unis. C’est diriger la France vers une démocratie napoléonienne que le vote des électeurs acquiesçant à l’idée de l’aide à la majorité absolue conduit la France. Les conséquences ne se feront pas attendre. Le peuple n’étant plus correctement représenté, il cherchera à s’exprimer dans la rue et d’autant plus violemment qu’il saura que c’est désormais la seule voix pour se faire entendre. 

Si l’on regarde ce qui se passe chez nos amis britanniques, dont la presse se réjouit de la défaite de Theresa May, on perçoit combien le débat français sur l’UE, savamment occulté jusqu’ici, reste une menace pour les puissances financières qui drivent l’UE et notre pays. La défaite relative de Theresa May, qui a tenu aux accusations de réduction des effectifs de sécurité, est saluée parce qu’elle affaiblit sa position de négociation du Brexit. On ne cesse de relever le moindre indice négatif de la sortie du Brexit, parce qu’on a peur de la contagion dans le continent européen. Le vrai débat pour notre pays était celui sur l’Union européenne, l’euro et l’OTAN. Ces défenseurs ont été mis en sourdine, et la sortie de l’euro brandie comme un épouvantail ne demandant même aucune démonstration. Il était d’autant plus catastrophique par nature que les sondages affirmaient que la majorité des français y étaient défavorables. Comment pourrait-il y être favorable sans débat contradictoire après un matraquage de ses bienfaits depuis 20 ans ?

Les élections législatives enterrent un peu plus ce débat de fond et les électeurs finissent par considérer que l’urgence est ailleurs, alors qu’il se pose de plus en plus dans les pays de l’UE. Voter utile c’est se souvenir que la division qui s’est créée pour la Présidentielle n’était plus gauche contre droite mais européistes contre les partisans d’en faire un sujet majeur de débat. Parmi ces derniers il apparaissait évidemment des rebelles préconisant des politiques différentes mais tous présentaient une résistance à l’UE actuelle. Il ne faut pas oublier que ces deux camps existent toujours et que les évènements futurs dans l’UE rallumeront la mèche. Voter utile c’est aussi donner le maximum de chances d’exister à ceux qui défendent des positions du camp le plus faible, déjà divisé au départ par ses origines plus ou moins extrémistes. Les notions de gauche et droite ont été foulées aux pieds. Le mouvement européiste En Marche se veut ni de gauche ni de droite. Il serait bon qu’il en soit de même dans l’autre camp et que la démocratie puisse jouer son véritable rôle en permettant une information correcte des citoyens en favorisant ceux qui défendent le rassemblement de ceux qui viennent de tous les horizons politiques pour que le débat qui va inévitablement surgir reste d’actualité.

Voter utile c’est voter pour ses convictions 

Ce n’est pas donner au plus offrant

Une chance supplémentaire !

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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