lundi 26 juin 2017

La France vue d’en haut et d’en bas (3ème partie)



Si la France choisit l’Union Européenne, c’est qu’elle pense être incapable sans cela de subir les transformations économiques et géopolitiques mondiales. Pourtant l’expérience européenne ne se solde pas par une résistance plus grande par rapport aux autres continents en particulier en Asie. De plus, sur les deux critères chômage et croissance, nous faisons un peu moins bien que la moyenne européenne. Nous empruntons toujours pour rembourser notre déficit extérieur et le déficit de 3% du PIB, réclamé par le traité de Maastricht, n’est toujours pas atteint. Le fait que nos multinationales se portent bien ne peut faire oublier que la pauvreté s’étend. L’omerta est de mise depuis vingt ans sur le sujet de l’appartenance ou non à l’UE. Notre refus de la Constitution Européenne n’a en rien bouleversé la trajectoire européenne suivie qui reste conforme à la géostratégie américaine.

A ce constat s’ajoute une autre question : « Notre perte progressive d’indépendance ne se fait-elle qu’au profit de l’intérêt supérieur des pays membres de l’UE ? » La question est fondamentale car notre participation à l’OTAN pose en soi la question de l’indépendance militaire de l’UE, question à laquelle celle-ci a répondu que l’adhésion des nouveaux pays membres impliquait l’appartenance à l’OTAN. La France s’est alignée sous Sarkozy. Si l’on ajoute le fait que Jean Monnet était payé par les États-Unis pour faire aboutir l’idée européenne, on est fondé de se demander si l’UE ne sert pas les États-Unis, plutôt que l’intérêt des pays membres. Notre suivisme dans la guerre en Irak et en Syrie sous faux drapeau de démocratie puis de lutte molle et ambiguë contre Daesh, dans le but de la destruction du régime syrien en la personne de Bachar el-Assad, laisse à penser que notre pays se vend à l’étranger, allié et concurrent, les États-Unis. 

L’actualité vient d’ailleurs de jeter un nouvel éclairage sur ce dévoiement de la souveraineté de notre pays avec l’idée de relancer l’Europe de la Défense. On comprend qu’il s’agit de renforcer l’appareil militaire européen avec une sous-coordination à l’OTAN. Dans le contexte actuel, il s’agit d’une mesure destinée à donner à l’OTAN des moyens plus importants et agressifs pour les attaques extérieures et les révolutions internes. L’Armée américaine n’exclut plus le fait de frapper la première avec l’arme nucléaire. Les batteries de missiles, soi-disant tournées vers un Iran bien lointain, sont aux portes de la Russie. Mais il y a des signes révélateurs plus clairs encore. Sylvie Goulard, notre éphémère Ministre des Armées qui se disait plus européenne que française, vient d’avouer craindre la vindicte publique pour expliquer son départ précipité du gouvernement. Elle avoue avoir touché 9.500 /mois pendant 30 mois en plus de son salaire de député européen de la part… de « l’Institut Berggruen ». Mais cet institut, qui a son siège en Californie, est une organisation américaine à but non lucratif chargée de « réfléchir aux systèmes de gouvernance ». Sylvie Goulard, financée par un think tank américain, a tout bonnement le comportement d’un « agent de l’étranger ». 

L’Europe respire par les Etats-Unis, elle sue américain par tous ses pores. Elle appartient au monde unipolaire qui exclut toute velléité d’une de ses entités qui pourrait être considérée comme une volonté d’indépendance agressive. Ce monde a pour but la globalisation, le monde universel, et pratique la mondialisation sauvage qui nous interdit toute régulation sur les capitaux, les frontières et les hommes. Obama était poussé par les grands lobbies à défendre le climat et à gérer le monde avec le GIEC de l’ONU. La France, qui croit être libre, lui a emboîté le pas, et l’a même devancé avec la COP21 alors que nous sommes l’un des pays industrialisés les moins polluants en carbone. C’est suivre la stratégie du NOM dont Trump s’est écarté malgré tout pour l’instant. Tout doit être géré au niveau mondial, le climat, la santé, la « démocratie », etc. Nous ne réfléchissons plus, nous suivons. L’aventure climatique est révélatrice du globalisme et des forces financières et politiques de forçage de la science. 

Macron enfourche le cheval qu’on lui a désigné et demande le ralliement au panache blanc de la lutte contre le réchauffement climatique. Rien ne doit venir troubler la ligne politique, les climatosceptiques sont des nuls dont la voix n’a plus le droit de s’exprimer ou alors en dehors de tous les grands canaux de communication. Macron sait : « Je n’ai aucun doute au sujet des changements climatiques et sur comment se comporter en ce qui concerne cette question. » Il peut même fustiger en anglais les errements de l’opposition du Président américain et le scepticisme du Président russe : « Je ne sais pas comment votre nouveau Président a décidé de mettre en péril votre budget, vos initiatives, tellement il est extrêmement sceptique sur le changement climatique. » Il débauche les scientifiques : « S’il vous plaît de venir en France. Vous êtes les bienvenus. ... Nous aimons l’innovation. Nous voulons des gens innovants. » La réponse des scientifiques américains est parue dans le périodique américain Science « Pour la plupart des scientifiques, s’installer en France est plus facile à dire qu’à faire, » dit Michael Halpern, directeur adjoint du Centre pour la Science et de la démocratie à l’Union of Concerned Scientists à Washington, « ce n’est pas comme s’il suffisait de choisir un satellite de la NASA climatique et de juste le réaffecter en France […] Mais les hommes politiques du monde entier maintenant reconnaissent que la science est une entreprise mondiale et semblent de plus en plus désireux de s’assurer qu’il n’est pas perturbé par une ingérence politique. Les ordres risibles et les interdictions sur l’immigration rendent plus difficile le travail des scientifiques. »

Nous touchons là au ridicule du sentiment de liberté sur lequel veut surfer Macron, alors qu’il n’est que dans le droit fil d’une politique géostratégique profonde qui n’a pas pour but notre bonheur de vivre mais l’enrichissement du cartel des plus riches. C’est le cocorico du coq gaulois, le seul oiseau qui peut encore chanter les deux pieds dans la m…e. L’homme politique influe la science pour qu’elle se prête à ses propres intérêts, mais ce n’est pas ainsi que raisonne un peuple libre. Nous venons de voir deux canaux de fuite de notre indépendance, celui de l’hégémonie américaine et celle du NOM, qui diffèrent sur quelques points avec le nouveau Président des Etats-Unis mais qui s’est fait rattraper par la patrouille pour son désengagement de l’OTAN sur l’Europe et sur la guerre en Syrie entre autres. 

Non la liberté de la France ne s’affirme pas par la COP21 et l’organisation des jeux olympiques, cela n’est que de la politique de communication et du management plus ou moins lucratif, reste à savoir pour qui. Non la politique indépendante de la France, c’est de pouvoir gérer sa monnaie comme bon lui semble, utiliser son armée où et quand elle veut sans ne devoir rien à personne, choisir ses alliés et se faire le moins d’ennemis possibles, et commercer où elle veut et comme elle veut. De toute évidence ce choix a été rejeté, un autre a été imposé et la propagande s’est chargée de l’imposer comme la seule issue possible et de faire croire à un avenir heureux toujours repoussé devant nous… comme l’état d’urgence, dans un mirage qui nous attire sans que nous l’atteignions jamais. Alors le choix de l’indépendance est-il encore possible ? On en reparle dans l’article suivant.
 
Le magazine, le film, la télévision gavent l'œil 

Et réduisent le reste de l'homme à néant.

L'homme d'aujourd'hui se promène muselé 

Et manchot dans un palais de mirages. 

 Michel Tournier

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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