lundi 8 mai 2017

Comment faire voter POUR l’UE en étant CONTRE

Le Système, celui qui nous lie à l’UE, à Washington et, au-dessus de tout à l’oligarchie financière anglo-saxonne, vient de remporter une écrasante victoire avec un score sans appel de 65%. Le Hollande-bis a réussi grâce d’une part à une mobilisation médiatique et « sondagière » sans précédent,  et d’autre part grâce à une habile destruction ou mise à l’écart de ses adversaires les plus dangereux. Les têtes sont tombées les unes après les autres, les anciens partis sont plus ou moins éclatés. Le parti attrape-tout « En Marche » a récolté non seulement tous les débris des électeurs désabusés des anciens partis mais les hommes politiques fuyant les navires verts-gauche-droite en perdition pour rejoindre le navire-amiral en toute hâte. Contrairement à l’honneur maritime, ils ont même fui les premiers sans se préoccuper de savoir s’il restait assez de chaloupes pour les autres. Exit les Verts, dont tout le monde revendique la dépouille, exit le PS qui se replie sur un moignon asservi, exit la France insoumise dont le leader vient de faire une dramatique allocution de réunion d’électeurs divisés en trois aspirations, exit le parti communiste qui s’isole de plus en plus, exit le flamboyant parti « Les Républicains » qui ne s’est par remis de sa primaire et des affaires, exit aussi le FN dont Marine Le Pen vient d’annoncer la mort et la résurrection sous un autre nom.

« Le changement c’est maintenant » disait Hollande, il disait vrai pour son clone de 2017. L’aveuglement de la majorité du peuple a été total. Le jeune coq a fait oublier que son passage auprès de son protecteur Hollande, attitré par le Système, avait été catastrophique pour le patrimoine français et qu’il n’avait été qu’un vil serviteur des directives européennes. La France, lassée de ses traditionnels partis de gouvernement, voit encore dans ce jeune Président poindre un nouvel élan avec le sentiment d’un bol d’air frais après tant de déceptions. Ce raisonnement  porte pourtant en lui non le changement mais la continuité. Puisque gauche et droite ont failli, on va les réunir… pour faire la même chose en pire, parce que la réunion ne dépassera guère les législatives. Si gauche-droite ne veut plus rien dire, les vieux clivages idéologiques ne disparaîtront pas pour autant. La victoire sans appel d’Emmanuel Macron n’est qu’une victoire à la Pyrrhus car elle ne masquera pas longtemps le vrai débat qui s’est insinué durablement dans cette campagne, c’est l’appartenance ou non au Système, et en fait à l’UE comme vont le découvrir progressivement les électeurs non moutonniers. 

Mais si cette victoire est si éclatante, c’est que la vieille tactique de Mitterrand a encore fait merveille, celle de faire en sorte d’avoir un parti d’extrême droite suffisamment fort pour faire peur de la Bête immonde, de façon à avoir un second tour de la Présidentielle où l’arc républicain se réunit dans un sursaut de sauvetage de la République, de la démocratie et des droits de l’homme, pour renvoyer dans sa niche ce parti monstrueux. Cela vient de marcher pour la huitième fois. Macron n’a pas atteint le score de Chirac parce que les abstentionnistes ont été plus nombreux. Néanmoins cette fois, Marine Le Pen avait réussi à faire croire aux français qu’elle n’entendait pas faire de sa campagne, une campagne raciste ou nationaliste au plein sens péjoratif du terme. La fermeture des frontières restait son signe distinctif mais elle se montrait leader d’une sortie de l’euro, voire de l’UE s’il fallait en passer par là. Elle avait ajouté le référendum pour montrer que ce parti n’était pas fasciste mais démocratique.

La partie était jouable à condition de rester ferme sur ces dispositions de départ et être capable de répondre point par point sur la faisabilité économique de ce projet de conquête de l’indépendance française en évitant le terme de souverainisme qui a une connotation trop marquée. L’indépendance est un choix politique qui peut traverser toutes les sensibilités politiques. Mélenchon, exclu d’assez peu du 2ème tour, avait des électeurs prêts à entendre ce langage, car il avait porté plusieurs coups sur le fonctionnement de l’UE et la réforme nécessaire. Malheureusement l’ignorance que rien ne peut se faire dans les changements profonds des traités sans l’unanimité des pays membres, les sondages montrant que la majorité des français ne voulaient pas sortir de l’euro, a fait évoluer le discours de Marine vers son socle de lutte contre l’immigration et la sécurité contre les terrorismes. 

Elle s’est avérée incapable de soutenir un vrai combat sur la sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, les trois grands liens de dépendance de la France. Repliée sur son pré carré des fondements du FN et ses mesures sociales pour son nouvel électorat populaire, incapable de soutenir les attaques des européistes sur le catastrophisme de la sortie de l’euro et même de justifier les économies permettant ses dépenses sociales nouvelles, elle a brûlé toutes ses chances de parvenir au-moins au-dessus des 40% de votes favorables. Le ralliement tardif de Nicolas-Dupont Aignan est apparu comme une manœuvre politique des 70 dernières heures alors que ce candidat s’était violemment opposé à elle avec son « Ni Système, ni extrême ». Il avait ajouté à cela qu’il était contre la sortie de l’UE mais pour des négociations sur les traités, ce qui ne clarifiait pas les choses. Marine Le Pen, en ajoutant l’aide aux handicapés et le poste de Premier Ministre, s’est en fait handicapée elle-même. Ses dernières interventions ont jeté le flou sur la lutte contre l’UE, et ont même fait penser que la sortie de l’euro était un acte difficile donc risqué. La monnaie commune au-dessus de la monnaie nationale s’est avéré un concept intéressant mais politiquement invendable.

Le couple NDA-FN a réussi cet exploit de faire voter pour un Système que les deux avaient combattu dans leurs programmes et de passer à côté, non d’une victoire impossible, mais d’un véritable questionnement d’une presque moitié des électeurs sur l’utilité de la France de rester dans l’UE et la monnaie de la zone euro. Cela en dit long malheureusement sur les qualités politiques de ces deux là. Le scepticisme sur les avantages que la France peut retirer de l’UE, acquis en début de campagne, s’est affaibli le 7 mai. Voilà le bilan le plus catastrophique que nous retirons de ce deuxième tour où l’incapacité et l’erreur politique ont fait des dégâts. Il faut que les non-européistes convaincus se disent que l’on ne peut pas espérer sortir de l’UE en s’appuyant sur des partis que l’opinion centrale majoritaire des français rejette. 

C’est donc une union gauche-droite, même si cela ne veut plus rien dire, avec le centre des opinions que l’espoir peut exister. Si ce mouvement crée une nouvelle dynamique de rassemblement, il aura l’appui des partis plus extrêmes sans leur vendre son âme. On aura alors une nouvelle partition claire des opinions politiques, les européistes et les non-européistes. L’aide des partis plus extrêmes pourra y ajouter des sensibilités différentes sur les mesures sociétales, le traitement de l’immigration et la lutte contre l’islamisme radical. Ils enrichiront les débats. Tout est à repenser et les législatives apparaissent comme une étape cruciale à ne pas manquer. Il importe que tous les leaders clarifient leur position sur le sujet de l’Union Européenne, car il reste le sujet le plus important pour notre avenir. Choisir la dépendance, c’est choisir la servilité au grand monde de la Finance internationale et restreindre la vocation universelle de la France au cadre étroit de l’UE. La France est plus forte que la Suisse, l’Islande ou la Norvège qui réussissent mieux qu’elle. Il ne lui reste qu’un seul handicap, c’est d’y croire et de rejoindre le Royaume-Uni dans la reconquête de ce qui fut leur grandeur et qui n’a aucune raison de ne pas le redevenir.
 
C’est un choix gaullien qui est de nouveau posé. 

Ce choix, bafoué par nombre de ceux

Qui se réclament de son héritage, 

C’est l’indépendance

De notre pays !


Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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