samedi 25 mars 2017

De l’Europe rêvée à l’Europe cauchemardesque !

60 ans nous séparent de la signature du traité de Rome et nous sommes passés de l’Europe rêvée à l’Europe cauchemardesque. Le 25 mars 1957 a marqué le fondement d’une union européenne avec la signature de deux traités :
  • traité instituant la Communauté économique européenne,
  • traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique.

La première organisation de type supranational créée fut la Communauté européenne du charbon et de l'acier, après la signature du traité CECA en 1951 qui faisait suite à l'Organisation européenne de coopération économique de 1948. Il est à noter que ce traité de Rome a créé la Communauté Économique Européenne (CEE), qui existe toujours et qui comprend tous les pays européens de l’UE plus la Suisse, la Norvège et l’Islande. L’histoire officielle nous enseigne que Robert Schumann, Ministre français des Affaires étrangères, inspiré par son grand ami Jean Monnet, commissaire au Plan, a sorti de son chapeau magique, en 1950, une déclaration qui révolutionnera le paysage politique européen . Mais depuis un voile s’est déchiré.

Grâce à l’ouverture des archives de la CIA, en 2000, Joshua Paul, Universitaire de Washington découvre un lien étroit entre le Mouvement Européen, organisation fédéraliste la plus importante d’après-guerre, et l’OSS (Bureau des services stratégiques), ancêtre de la CIA. En effet, le Comité Américain pour une Europe Unie (ACUE), créé en 1949, en grande partie composé d’agents de l’OSS, a financé le Mouvement Européen de Robert Schuman et Paul-Henry Spaak. Les documents montrent par exemple qu’en 1958 l’ACUE a assuré 53,5 % du financement de l’organisation. Or chacun sait que c’est le pourvoyeur majoritaire qui commande. De plus, L’European Youth Campaign, une branche du Mouvement européen, était entièrement financée et contrôlée par Washington. Son directeur belge, le Baron Boel, recevait des versements mensuels sur un compte spécial.

Mais il y a plus clair. En effet, comme l’atteste une note de la Direction européenne de l’OSS, les fonds provenaient de Ford et Rockefeller, deux personnalités clés des cercles mondialistes, ainsi que de milieux d’affaires ayant des liens étroits avec le gouvernement américain. Il y avait donc bien un pouvoir de pression sur les instigateurs de la construction européenne. Enfin le rôle de Jean Monnet dans la création de cette Europe n’est pas anodin. L’homme que le Général De Gaulle qualifiait de « petit financier à la solde des Américains » était de l’avis de beaucoup à la solde des hautes sphères Outre-Atlantique. La construction européenne était un double enjeu du plus haut intérêt pour les Etats-Unis dans le combat contre le communisme et l’URSS. D’une part les communautés nationales d’Europe occidentale faisaient barrage au même titre que les USA contre le bloc communiste, et une structure commune était susceptible d’empêcher les pays signataires de passer dans le camp des démocraties populaires. D’autre part les États-Unis voyaient d’un bon œil la convergence des économies et l’ouverture des frontières européennes, qui en se tournant naturellement vers les États-Unis, créeraient pour eux une aubaine économique. 

Il est primordial de savoir que le rêve vendu aux peuples européens était d’abord une stratégie américaine qu’avait flairée De Gaulle. Évidemment l’avis du peuple n’a pas été sollicité sinon par voie parlementaire pour signer ce Traité de Rome. il est donc intéressant de relire aujourd’hui quelques passages du discours de Pierre Mendès-France, l’un des plus grands hommes d’Etat français. Il est d’une lucidité étonnante et d’une actualité brûlante :
 
« Le projet de marché commun tel qu’il nous est présenté est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. Dix crises graves, tant de souffrances endurées, les faillites et le chômage périodique nous ont montré le caractère de cette théorie classique de résignation. […] Dans le cas d’une crise économique, il se produira une baisse des salaires allemands, un dumping de l’industrie allemande contre la nôtre. […] L’harmonisation doit se faire dans le sens du progrès social, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas, comme les gouvernements français le redoutent depuis si longtemps, au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés. […]

Nos partenaires veulent conserver l’avantage commercial qu’ils ont sur nous du fait de leur retard en matière sociale. […] Il m’est arrivé souvent de recommander plus de rigueur dans notre gestion économique. Mais je ne suis pas résigné à en faire juge un aréopage européen dans lequel règne un esprit qui est loin d’être le nôtre. Nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller de notre liberté de décision. […] Le mécanisme une fois mis en marche, nous ne pourrons plus l’arrêter. L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie, on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale. » 

Cette lucidité est à rapprocher de celle de Philippe Seguin pour le traité de Maastricht. Avec le recul on comprend que Pierre Mendès-France ne pouvait pas être longtemps un personnage politique de premier plan. Les grandes puissances de l’argent, Rockefeller and Co, ne pouvaient pas accepter un tel déni de leur échafaudage européen. Il faut noter que c’est un socialiste qui a senti le piège dans lequel ont foncé ses successeurs dont le plus célèbre d’entre eux, François Mitterrand, à croire que ce dernier était déjà devenu une marionnette de ces puissances. Tout ce que Pierre Mendès-France et Philippe Seguin, d’orientations politiques opposées, ont prédit est en train de se produire. Aujourd’hui à Rome c’est une réunion qui a plus un caractère d’enterrement que de jubilé. Le Royaume-Uni, l’une des pièces maîtresses de l’UE, est absente, le divorce est consommé et on va entrer dans une phase de pugilat sur la redevance de sortie. 

Le repli des nations sur elles-mêmes est enclenché et le déni verbal des européistes envers les « indépendantistes », affublés de populisme, de nationalisme, de repli sur soi, etc., ne changera rien. Le Néerlandais ont infligé déjà une lourde défaite au parti européiste même s’il n’ont pas encore pris  le pouvoir. Il n’est plus impossible que les français fassent de même en particulier aux législatives. Avec la politique migratoire d’Angela Merkel en Allemagne, il pourrait en être de même. Les tractations en cours, pour une zone euro croupion et une mutualisation des dettes, ne sont qu’un signe de plus que le cœur n’y est plus. On ne rêve plus, on parle gros sous. La France ferait bien de ne pas attendre que l’Allemagne donne le coup de grâce à L’UE puisque Tsipras fait jouer à son peuple grec la partition du chien famélique tendant sa gamelle, partition dont l’Allemagne compte bien décider de la date de fin.
 
François Hollande, le majordome de ce cortège funèbre, 

Laissera à la France une triste page de son histoire

Où le démembrement régional est enclenché, 

Les clés de notre indépendance lâchées

Et où les guerre portées à l’extérieur 

Aggravent l’insécurité intérieure,

Le tout pour des puissances 

Au service de leur argent !
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon