jeudi 16 mars 2017

Catastrophique ? Rester ou sortir de l’UE

La seule évocation d’une sortie de l’euro suscite une bronca de répliques des « dépendantistes », ceux du Système américano-européen, toutes évocatrices d’une catastrophe annoncée. Alors ne parlons même pas de la sortie de l’UE. Cela fait plus de vingt ans que l’on nous berce à la douce mélodie pacificatrice, tournée vers le bonheur des peuples, la fraternité, le partage, la force de l’union entre des peuples où les niveaux de vie deviendront comparables, et bien plus encore grâce à la monnaie unique. Évidemment rien de cela n’est arrivé.

Dès l’arrivée de l’euro dans les transactions financières, la machine industrielle s’est mise à stagner après une croissance durant 25 ans et avec des performances comparables entre les principaux pays de la zone euro : Italie, France, Espagne, Allemagne. Dès l’arrivée de l’euro dans notre porte-monnaie, les écarts entre les pays se sont creusés avec une stagnation moyenne de la zone euro. L’Allemagne s’est mise à distance de plus en plus grande de la zone euro du sud. Pour ceux qui en douteraient encore, regardez notre déficit de commerce extérieur de 45 Mds et comparez-le à l’excédent de 255 Mds de l’Allemagne, soit 300 Mds d’écart sur le solde. On peut de même constater que nous ne respectons même pas les critères d’admission dans la zone euro à savoir, une dette inférieure à 60% du PIB, nous allons être à 100%, et un déficit inférieur à 3% prévu seulement en 2017, but que nous ne savons pas si nous allons pouvoir l’atteindre. La Commission des Finances de l’Assemblée ne le croit pas. Si l’Allemagne ne satisfait pas encore aux 60% de la dette, elle a désormais un solde budgétaire positif et peut envisager de diminuer sa dette pendant que nous l’augmentons. 

Pourquoi ? Parce que la monnaie est l'expression d'une volonté de vivre ensemble et que les différents pays Européens ont des priorités sociales et politiques différentes. Si la France décide d'avoir 40 % de fonctionnaires de plus que l'Allemagne. c'est son droit mais elle ne peut rester avec un taux de change fixe avec l'Allemagne, sans foutre en l'air toute son industrie. C’est un simple constat qui montre une fois de plus que l’UE ne nous a pas favorisés par rapport à la situation antérieure à l’euro, elle a stoppé une progression de notre industrie et de notre balance commerciale. Si l’on oublie les constats du passé pour les promesses de l’avenir, qu’a-t-on d’autres pour nous convaincre ? Le projet de la peur, celui de la catastrophe annoncée en dehors du chemin moutonnier de l’appartenance à l’euro et à fortiori de l’UE.

Pourtant si l’on ressort une étude très sérieuse de Charles Gave, on voit, d’une part un lien fort entre la marge brute d’autofinancement et le chômage et d’autre part que depuis 2008, cette marge s’est effondrée entraînant le chômage. La politique d’austérité montre toute sa force destructrice avec l’impact sur les petites et moyennes entreprises qui sont les grandes pourvoyeuses d’emplois. Mais on trouverait la même corrélation très forte entre la marge d’autofinancement et la dette publique. Plus la marge diminue, plus la dette publique augmente. Or la politique d’austérité est le crédo et les aides aux entreprises profitent essentiellement aux plus grandes qui ont par ailleurs de multiples solutions pour échapper à l’impôt. 

C’est le passé me direz-vous, désormais nous ne sommes plus en 2008 et les surprime sont derrière nous. Oui c’est vrai, mais la perspective d’une amende de 14 Mds$ a ravivé l’inquiétude des marchés concernant la première banque allemande, la Deutsche Bank, qui se bat depuis un an dans un profond plan de restructuration. Mais elle n’est pas la seule, la deuxième, la Commerzbank est aussi en difficulté et a même été obligée de vendre son siège social. Madame Merkel hésite entre le « Bail-in » qui veut dire le renflouement des banques par les actionnaires puis par les détenteurs de dépôts de toutes sortes, les particuliers et les entreprises, option politiquement suicidaire, soit le « Bail-out » qui serait le renflouement par l’État qui la mettrait en conflit avec les statuts européens et ouvrirait la porte aux autres États ayant des banques en difficulté, comme l’Italie avec Monté Paschi entre autres. Elle serait en négociation avec le Qatar, comme l’a fait l’Italie où ces négociations ont échoué. On peut craindre que, si elle obtient satisfaction, la contrepartie soit l’acceptation d’une augmentation du flux de migrants vers l’UE… qu’elle sera chargée de convaincre. Mais le mal est assez général sur l’ensemble de l’UE avec mille milliards de créances douteuses qui ne seront au mieux que très peu remboursées. En France la Société Générale et le Crédit Agricole sont dans le collimateur. La situation s’aggrave de jour en jour et le risque systémique d’un effondrement général devient très proche dans le temps selon les experts.

Si l’UE était une union à vocation protectrice, la Grèce serait-elle au point de détresse et de tutelle auquel elle est arrivée ? Les impôts augmentent sans cesse et les retraites et les salaires baissent. Un préemption immobilière vient d’être ramenée à quelques mois en cas d’impayés. On trouve ceci dans La Croix : 

« Juste pour 30.000 euros de dettes restants, Eurobank a procédé à la vente aux enchères de la maison. 1 contribuable sur 2 est endetté vis-à-vis de l’État grec notamment à cause de la hausse des taxes immobilières et impôts. Créances douteuses : 110 milliards d’euros de crédits non remboursés à cause du chômage et de la crise… Afin de contourner les blocages, le gouvernement propose de procéder aux saisies sur internet… »


Depuis la crise de 2008, plus de 800.000 personnes se sont vues confisquer leur bien immobilier qu’elles ne pouvaient plus rembourser. Elles tentent de s’organiser face aux créanciers. Mais c’est un engagement de Tsipras auprès de l’UE pour pouvoir toucher la tranche de l’aide promise. Il s’agit d’un pays de 10 millions d’habitants, mais nos 65 millions amplifieront les dégâts en France. 800.000 en Grèce, c’est 5,2 millions chez nous. Mais pire, de telles dispositions sont en gestation en France et en Italie. On apprend incidemment qu’en Bretagne, ce genre de saisie s’est amplifié sous l’effet des taxes. 

Le gouvernement grec a fait voter en 2016, pour le budget 2017, une série de mesures susceptibles d’amener environ 1 milliard d’euros en taxes supplémentaires sur les voitures, la TV payante, les téléphones fixes, le tabac, les carburants, le café, la bière, etc. De plus les salaires et les pensions seront réduites de 5,7 Mds ! Ce nouveau train de mesures d’austérité lui a été imposé pour pouvoir bénéficier des soutiens de la Banque Centrale Européenne (BCE). La Grèce, en jetant son peuple dans la misère, a juste réussi à faire un léger excédent sur son budget primaire (sans le remboursement des intérêts de la dette), donc la dette ne cesse de s’accroître et l’UE, Allemagne en tête, se refuse à l’alléger. Le FMI clame pourtant que cette dette est insoutenable et que le plan d’austérité de l’UE a échoué. La Grèce continue de s’enfoncer. Il faut arrêter de dire, oui mais la Grèce ce n’est pas la France. Oui c’est encore vrai, mais après le Portugal, l’Italie s’en rapproche et après elle c’est nous.

Mais la pression sur la Grèce ne s’arrête pas là, pression à laquelle nous serons soumis par répercussion. Il s’agit du flux migratoire auquel la Grèce est soumise en première ligne. Devant la fermeture de certaines frontières européennes, même la Suède fait savoir qu’elle est arrivée à saturation avec une délinquance qui augmente dangereusement, le tri que commence à faire l’Allemagne, la Grèce n’en peut plus pour satisfaire à l’accueil des migrants alors que l’UE augmente sa pression dans ce sens. Une idée se fait jour, celle d’exiger que toute personne ayant une ou plusieurs chambres vides y accueille des migrants, gratuitement bien sûr et ceci sur toute l’UE. C’est entre 3.000 et 4.000 migrants par jour qui sont arrivés en Allemagne cet hiver malgré le froid. C’est 6 millions de candidats à l’immigration qui attendent de l’autre côté de la Méditerranée et au Moyen-Orient, principalement en Turquie et en Libye. Erdogan tient dans sa main une grenade dégoupillée, les migrants vers l’UE, et compte bien s’en servir. Il n’est que de voir avec quel esprit de provocation il a cherché à imposer son Ministre en campagne électorale aux Pays-Bas malgré le refus qui lui avait été préalablement signalé par voie diplomatique. 

Une autre évolution se prépare, dont on vient de trouver trace dans le programme de Benoît Hamon, celui d’un gouvernement économique restreint à quelques pays volontaires et acceptés où nous mettrions tous nos budgets en commun et qui pourrait s’appuyer sur une BCE croupion. Ainsi on mutualise tout. De toute évidence ceci sent la décomposition de l’UE avec les bons ensemble, surtout l’Allemagne, et les mauvais laissés sur le bord de la route. On sent bien que l’unité est perdue et qu’on essaie de sauver les meubles dans une UE croupion pour sauver le fédéralisme que les peuples vont rejeter les uns après les autres. Les Benoît Hamon, Emmanuel Macron et François Fillon, non seulement ne pourront échapper aux directives de l’UE issues des Grandes Orientations de la Politique Européenne (GOPE), mais ils nous conduisent droit dans le mur avec une politique d’austérité de toutes façons imposée, à l’Allemande, dont les ravages se font sentir dans tous les pays méditerranéens.

Alors où est la catastrophe ? Dans l’UE ou hors d’elle ? Au pire, pour les hésitants c’est la catastrophe assurée et prouvée dans son cheminement depuis 2002 et particulièrement depuis 2008 en restant dans l’UE, et un espoir de redressement en sortant. Cet espoir les britanniques l’ont saisi et on ne peut pas dire qu’ils sont en train de sombrer. Les hauts savoyards vont travailler en Suisse quand ils peuvent et nous voudrions bien avoir leur PIB/habitant comme celui de la Norvège, pays de l’Espace Économique Européen mais hors UE. Réfléchissez et parlez-en autour de vous, la France est en danger de disparition et de mise en servage.

La France est soumise depuis quarante ans à un chantage éhonté 

Pour nous faire croire qu’une Union Européenne créée

 Avec le soutien américain des banquiers et lobbies 

A pour but de nous procurer un mieux vivre ! 

Les médias nous maintiennent ainsi 

Dans une même attitude béate 

En agitant le hochet de la peur ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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