L’inconscience ou la
duplicité du couple Hollande-Valls leur a fait clamer que le Brexit ne
changerait rien en ce qui concerne la France mais serait une catastrophe pour
le Royaume-Uni. Les faits s’enchaînent pour prouver le contraire. La chute de la
livre par rapport au dollar ne s’est pas accélérée entre deux périodes dernières
successives de 5 à 6 mois, elle est même moins importante dans la deuxième
période qui inclut le Brexit. En ce qui concerne la Bourse de Londres, le FTSE
100, la deuxième période s’avère bien meilleure que la première et son gain est
6 fois supérieur à celui enregistré avec le CAC 40. Le catastrophisme prédit
pour le Royaume-Uni tant par Cameron que par le couple Hollande-Valls était une
sornette de plus pour enfumer le commun des mortels. Pire, si le Royaume-Uni voit
la Livre se dévaluer, son commerce extérieur progresse et la Bourse se porte beaucoup
mieux qu’à Paris. On note aussi que la catastrophe ne s’est pas répandue sur l’euro
qui oscille toujours autour d’une valeur moyenne entre 1,10 et 1,12 dollars.
L’annonce
de la sortie probable de l’UE par le Royaume-Uni n’a engendré qu’un krach passager
chez les seuls investisseurs non-initiés qui ont joué le « in » et
son effet est désormais très limité en attendant les mesures qui en
découleront. On voit déjà que les taxes britanniques sur les entreprises sont
abaissées de façon à non seulement inciter les entreprises à maintenir leur
siège social au Royaume-Uni mais à en attirer d’autres. On est consterné d’entendre
Valls inviter les entreprises à venir en France, où elles seront bien
accueillies… avec des taxes deux fois plus élevées. Le ridicule ne tue pas. On
entend même, de la part de journalistes économiques, que cette mesure va faire
augmenter les impôts comme si faire fuir les entreprises allait ramener plus d’argent
dans le Royaume. On se demande si c’est la vassalité médiatique qui l’emporte
sur l’incompétence ou l’inverse. Le libéralisme sans contrôle va continuer dans
un mondialisme décrété et la dette va continuer à s’amplifier pour nourrir les
marchés boursiers jusqu’à l’éclatement final de la bulle monnaie de singe qui
offrira un splendide spectacle pyrotechnique d’une ampleur bien supérieure à
1929.
Non
2106 est une date historique à cause d’une part d’un bouleversement
géopolitique aussi important que la chute du mur de Berlin et d’autre part d’une
montée d’un péril migratoire. Celle-ci a donné un élan souverainiste à des
peuples déçus par l’Union Européenne et les politiques d’austérité sur le monde
du travail. En 1936, le monde du travail était entré en rébellion et avait
forcé une évolution du code du travail et des prestations sociales. La loi El
Komri cristallise le désir de rébellion de ce monde aujourd’hui. Malgré les désagréments
que cela lui impose, le peuple ne bronche pas et prend même conscience de la
justesse de certains arguments. Les attentats, qu’ils soient commandités par
les uns ou par les autres puisque les plus graves doutes sont en cours, ont
fait de nombreuses victimes innocentes et le rejet officiel sur les djihadistes
fait monter une rancœur générale qui peut vite se transformer en désir de
vengeance. Alors d’autres innocents musulmans peuvent être les victimes et la
pompe de la guerre civile peut s’enclencher. La DGSI émet les plus grandes
craintes, et elle a de grandes oreilles.
Mais
2016 et 1936 ont un autre point commun, c’est l’imminence de la guerre en
Europe et dans ses contours. Cette éventualité est générée ou non par la façon
dont les alliances vont se faire après le Brexit. Tout est en train de bouger.
La Turquie fait une volte-face dont elle a le secret. On peut se douter qu’il s’agit
encore d’un double-jeu qui consiste à faire de la surenchère auprès des uns et
des autres, comme avec le flux migratoire. La Turquie se retourne vers la
Russie en s’excusant platement tout d’un coup pour l’avion russe abattu… par
mégarde. Pour bien montrer sa bonne volonté, elle se rapproche de la Syrie de
Bachar el-Assad, et d’Israël pour faire plaisir aux États-Unis. Ce dernier pays
peut l’aider dans son combat contre les kurdes et elle peut continuer à offrir
l’accueil à Daech et à trafiquer avec son pétrole bon marché. Poutine est
certainement conscient que cet ami est peu sûr mais le projet du Turkstream, le
pipe-line qui va relier la Russie à l’Europe méridionale en passant par la Turquie et la Grèce (qui joue aussi double-jeu) est une entreprise où les deux
pays peuvent être gagnants. Erdogan fait en même temps un pied de nez à l’UE
qui ne l’accueille pas assez vite, et qui ne paye pas assez. Il ne discute plus
qu’avec Merkel qui a les mains encore plus libres depuis le Brexit.
Justement
le départ annoncé du Royaume-Uni change complètement la donne et l’Allemagne y
voit l’opportunité d’étendre son hégémonie sur l’Europe. Le couple
franco-allemand, en dehors des aspects économique et de défense, perd de l’intérêt
pour l’Allemagne qui peut agir seule. La France s’accroche à l’Allemagne car
elle lui garantit des taux d’emprunt très bas dans l’esprit des investisseurs
jouant la solidité du couple. Mais l’Allemagne veut donner une véritable
défense à l’Europe en pensant à terme à une véritable autonomie par rapport à l’OTAN.
Ce n’est pas pour demain, mais d’ici là l’Allemagne essaiera de se poser comme
l’élément central de cette défense. Une fois la force nucléaire française
intégrée, la France n’aura plus guère de poids dans les décisions européennes d’intervention
sur les théâtres d’opération. Le Brexit repose le problème des alliances et l’on
voit se profiler la situation de 1936 où la puissance britannique et française
s’opposait à la montée de celle de l’Allemagne, ce qui a abouti à la deuxième
guerre mondiale.
Le Royaume-Uni
nous a toujours précédé dans les grandes évolutions économico-sociétales. Elle
a inventé la démocratie moderne et le libéralisme avec la grande industrie.
Nous avons suivi avec la Révolution et nous sommes passés d’une France essentiellement
agricole à une France industrielle qui a du mal d’ailleurs aujourd’hui à
replacer le monde agricole dans une perspective de qualité concurrentielle face
à l’industrialisation de l’agriculture. Pour avoir raté l’enserrement de l’Allemagne
dans l’axe Paris-Berlin-Moscou, la France est vouée au second rôle voire au
troisième si la Turquie arrive. Il est temps de repenser nos alliances et de
reprendre notre liberté d’action. Il faut revenir aux liens ancestraux que nous
avons eu avec les îles britanniques, liens dont nous partageons beaucoup de valeurs, il faut bien l’avouer. D’ailleurs les
jeunes français vont travailler à Londres plus qu’à Berlin et les britanniques
viennent s’implanter en France plus qu’en Allemagne.
Le Royaume-Uni
tient la Finance, mais nous pouvons rivaliser avec elle dans le meilleur sens
du terme sur bien des points. Le poids conjugué de nos deux pays est
considérable dans le monde, par les langues, la culture chrétienne, les anciens
territoires coloniaux dont le Commonwealth et notre influence en Méditerranée, en Afrique du
Nord et de l’Ouest, l’industrie aéronautique et automobile, notre industrie et
notre défense nucléaires, nos deux sièges au Conseil de Sécurité, etc. Nous
pourrons toujours vénérer Jeanne d’Arc, et eux Nelson, la terre et la mer sont
faites finalement pour s’unir en se côtoyant. Si le Royaume-Uni a choisi le
grand large, c’est-à-dire hors de l’étouffement de l’UE, la France ferait bien
de profiter du courant d’air créé par le Brexit pour prendre la fille de l’air,
l’air frais… le Frexit. Vive la
Reine d’Angleterre, qui a tout foutu par terre !
Il y a en 2016 une odeur qui remonte de
1936
Quatre-vingt après, la stratégie
française
A besoin d’une nouvelle jeunesse !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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