Les
discours politiques sont toujours axés sur l’année d’avant, le mandat d’avant
et la promesse de l’année d’après, suivant que la comparaison est favorable ou
non. Exceptionnellement la comparaison avec l’Allemagne est citée et pour
cause. Mais on ne fait pas la comparaison avec la moyenne des pays de l’UE, ni
avec la zone euro et encore moins avec des pays hors zone euro ou hors UE.
Evidemment les comparaisons ne sont pas enthousiasmantes. Je vais vous
présenter quelques graphiques commentés qui vont nous replacer dans l’ensemble
européen en nous comparant à d’autres pays, hors pays européens de l’Est qui
ont une histoire totalement différente et qui sont supportés par l’ensemble des
pays de l’UE. Certains néanmoins auraient de quoi nous faire rougir mais la
plupart sont partis de très bas.
Ce
survol est d’autant plus intéressant que des choix importants vont avoir lieu
jusqu’en 2017. La Grèce est dans un état de soins palliatifs. Tsipras menace de
sortir de l’euro et se rapproche de la Russie. D’élections en élections les
partis souverainistes, voire nationalistes, ne cessent de progresser. Le Royaume-Uni
est prêt à voter le Brexit d’après les derniers sondages. La France bascule
dans le chaos, son gouvernement est décrédibilisé et Bruxelles est montré du
doigt. Alors devons-nous considérer que la France est bien gouvernée et que les
choix économiques sont les bons ?
Nous allons d’abord
nous comparer avec les pays limitrophes. Trois indicateurs sont révélateurs de
la santé d’un pays, le PIB/habitant, le taux de chômage ou mieux le taux d’emploi,
et la dette des administrations publiques. Ils sont plus importants que la
croissance qui est un facteur moteur des deux premiers, PIB/habitant et chômage,
mais peut être influencée artificiellement par la dette publique. Le graphique
ci-contre, complété par la prévision 2016 comme les graphique suivants, montre
qu’en 2015, la France se place nettement devant ses voisins espagnols et
italiens dont la dégradation n’était pas arrêtée en 2015. Mais nous sommes
derrière l’Allemagne et même du Royaume-Uni qui vient de nous ravir la
cinquième place dans l’économie mondiale. On note que, dans l’ensemble ces pays
n’ont pas retrouvé leur niveau de 2008. Nous ne sommes pas sortis de la crise
et la politique européenne n’apporte pas de solution à l’enrichissement de ces
pays.
La deuxième
comparaison est à faire sur le chômage. On retrouve les mêmes conclusions. L’Espagne
et l’Italie ont un taux de chômage plus élevé avec une amélioration en Espagne et moins nette en Italie. Mais l’Allemagne et
en particulier le Royaume-Uni offrent de bien meilleurs chiffres. On peut néanmoins
remarquer que le taux de chômage allemand a progressé depuis la mise en service
de l’euro. Le constat est le même pour la France, et catastrophique pour l’Italie
et l’Espagne. Osera-t-on encore nous parler de l’Europe sociale ? Quel
politique du « Système » osera dire que, si certains se sont
enrichis, le chômage n’est pas une résultante de l’euro ? On remarquera
que depuis 2000-2002 le Royaume-Uni a, sur ce point, été seulement sensible à
la crise de 2008, mais a retrouvé son niveau de chômage du début du siècle.
Intéressant non ?
La lecture du
graphique du taux d’emploi de la population de plus de 15 ans donne des
résultats similaires. La France décroche nettement par rapport au Royaume-Uni et
à l’Allemagne, mais devance nettement l’Espagne et l’Italie. La croissance du
taux d’emploi est plus spectaculaire que la baisse du taux de chômage en Allemagne
sur le siècle. Ce qui signifie que les emplois à temps partiel ont cru plus
vite que les emplois à temps plein. On constate un effet inverse au Royaume-Uni.
Sur ces critères du chômage et même sur le PIB/habitant on constate que le
maintien de la Livre au Royaume-Uni a été un bon choix. On voit aussi que l’euro
n’a profité qu’à l’Allemagne, même si la France s’en sort mieux que l’Italie et
l’Espagne.
Le troisième critère
qui est d’ailleurs inscrit dans le traité de Maastricht c’est la dette des
administrations publiques fixée à 60% du PIB dans le traité. Ce graphique est
particulièrement significatif. L’Allemagne est le seul de ces cinq pays à s’être
engagé dans une diminution de la dette sans toutefois atteindre encore la barre
des 60%, ni son niveau de 2000. La Belgique maintient une dette au-dessus des
100% mais ne l’aggrave pas depuis 2000. L’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni et
la France s’endettent gravement depuis 2000. On voit qu’il devient difficile d’exiger
que le critère d’endettement à 60% du PIB soit respecté pour les nouveaux
candidats lorsque les plus importants d’entre eux qui sont dans l’UE ne le respectent
pas. Si celui-ci est largement respecté par la Turquie, endettée à 40%, comment
fera-t-on avec l’Ukraine et ses 80%, voire 90% en 2016 ? On n’en parlera
pas ou on rachètera la dette.
On peut terminer par
le taux de croissance de ces cinq pays qui est aussi fixé à 2% par la BCE dont
le rôle était initialement de veiller à le maintenir. On parle aussi du taux de
croissance de 1,5% supposé permettre de stabiliser le chômage et qui était l’objectif
du budget 2016 français. On voit que pour 2015, seule l’Espagne a pu dépasser le
seuil des 2% avec 3% mais il est douteux qu’elle puisse réitérer cet
exploit soudain, vu le contexte économique général. En 2000, L’Espagne caracolait
en tête avec 5%, les 4 autres pays étant regroupés autour de 3%, l’Allemagne en
queue. Dans la baisse générale, c’est l’Allemagne qui s’en tire le mieux avec
une baisse de croissance entre 2000 et 2015 de 1,74%. La France, l’Espagne et l’Italie
ont perdu respectivement 2,74%, 3,21%, 2,95%. On voit que l’euro a été plus
favorable à l’Allemagne dans un contexte économique moins favorable que les
années 1987-1991 avec des croissances autour de 4%.
Le constat
provisoire de ce passage en revue des chiffres montre que la France fait partie
du trio France, Italie, Espagne des pays du club « méditerranée »,
pays cigales dont le levier de manœuvre est la dette croissante. Ces pays sont
incapables de respecter les critères de Maastricht qu’ils ont signés, même si
la France apparaît moins touchée que les deux autres. Mais dans le trio majeur des
pays européens la France apparaît comme la plus handicapée par l’euro. Le Royaume-Uni
n’a pas aggravé sa dette depuis 2000, alors que la France s’endette sans pause depuis
1975 et continue à s’endetter avec un déficit annuel de 74,8Mds€, soit 33,7% de
ses recettes fiscales en 2015 ! C’est 45,2Mds€ que nous avons payé avec
nos impôts pour la charge annuelle de la dette, soit 57% de l’impôt sur le
revenu. La France est passible de la Commission de surendettement ou court
vers la faillite !
Afin
de terminer l’analyse comparative de la France, le prochain article sera
consacré à la comparaison de la France avec des pays hors zone euro ou hors UE
puisque c’est un sujet qui devient de plus en plus d’actualité. Mais on peut
déjà noter que le mythe de l’Union européenne à caractère social est révolu.
Il n’y a pas de salut, pas d’indépendance
possible,
Pour un pays qui se maintient à peine à
flot
En augmentant le fardeau de la dette.
Les vautours auront sa peau !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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