jeudi 16 juin 2016

France : tes mauvais choix sont dans les chiffres !

Les discours politiques sont toujours axés sur l’année d’avant, le mandat d’avant et la promesse de l’année d’après, suivant que la comparaison est favorable ou non. Exceptionnellement la comparaison avec l’Allemagne est citée et pour cause. Mais on ne fait pas la comparaison avec la moyenne des pays de l’UE, ni avec la zone euro et encore moins avec des pays hors zone euro ou hors UE. Evidemment les comparaisons ne sont pas enthousiasmantes. Je vais vous présenter quelques graphiques commentés qui vont nous replacer dans l’ensemble européen en nous comparant à d’autres pays, hors pays européens de l’Est qui ont une histoire totalement différente et qui sont supportés par l’ensemble des pays de l’UE. Certains néanmoins auraient de quoi nous faire rougir mais la plupart sont partis de très bas.

Ce survol est d’autant plus intéressant que des choix importants vont avoir lieu jusqu’en 2017. La Grèce est dans un état de soins palliatifs. Tsipras menace de sortir de l’euro et se rapproche de la Russie. D’élections en élections les partis souverainistes, voire nationalistes, ne cessent de progresser. Le Royaume-Uni est prêt à voter le Brexit d’après les derniers sondages. La France bascule dans le chaos, son gouvernement est décrédibilisé et Bruxelles est montré du doigt. Alors devons-nous considérer que la France est bien gouvernée et que les choix économiques sont les bons ? 

Nous allons d’abord nous comparer avec les pays limitrophes. Trois indicateurs sont révélateurs de la santé d’un pays, le PIB/habitant, le taux de chômage ou mieux le taux d’emploi, et la dette des administrations publiques. Ils sont plus importants que la croissance qui est un facteur moteur des deux premiers, PIB/habitant et chômage, mais peut être influencée artificiellement par la dette publique. Le graphique ci-contre, complété par la prévision 2016 comme les graphique suivants, montre qu’en 2015, la France se place nettement devant ses voisins espagnols et italiens dont la dégradation n’était pas arrêtée en 2015. Mais nous sommes derrière l’Allemagne et même du Royaume-Uni qui vient de nous ravir la cinquième place dans l’économie mondiale. On note que, dans l’ensemble ces pays n’ont pas retrouvé leur niveau de 2008. Nous ne sommes pas sortis de la crise et la politique européenne n’apporte pas de solution à l’enrichissement de ces pays.

La deuxième comparaison est à faire sur le chômage. On retrouve les mêmes conclusions. L’Espagne et l’Italie ont un taux de chômage plus élevé avec une amélioration en Espagne  et moins nette en Italie. Mais l’Allemagne et en particulier le Royaume-Uni offrent de bien meilleurs chiffres. On peut néanmoins remarquer que le taux de chômage allemand a progressé depuis la mise en service de l’euro. Le constat est le même pour la France, et catastrophique pour l’Italie et l’Espagne. Osera-t-on encore nous parler de l’Europe sociale ? Quel politique du « Système » osera dire que, si certains se sont enrichis, le chômage n’est pas une résultante de l’euro ? On remarquera que depuis 2000-2002 le Royaume-Uni a, sur ce point, été seulement sensible à la crise de 2008, mais a retrouvé son niveau de chômage du début du siècle. Intéressant non ? 

La lecture du graphique du taux d’emploi de la population de plus de 15 ans donne des résultats similaires. La France décroche nettement par rapport au Royaume-Uni et à l’Allemagne, mais devance nettement l’Espagne et l’Italie. La croissance du taux d’emploi est plus spectaculaire que la baisse du taux de chômage en Allemagne sur le siècle. Ce qui signifie que les emplois à temps partiel ont cru plus vite que les emplois à temps plein. On constate un effet inverse au Royaume-Uni. Sur ces critères du chômage et même sur le PIB/habitant on constate que le maintien de la Livre au Royaume-Uni a été un bon choix. On voit aussi que l’euro n’a profité qu’à l’Allemagne, même si la France s’en sort mieux que l’Italie et l’Espagne.

Le troisième critère qui est d’ailleurs inscrit dans le traité de Maastricht c’est la dette des administrations publiques fixée à 60% du PIB dans le traité. Ce graphique est particulièrement significatif. L’Allemagne est le seul de ces cinq pays à s’être engagé dans une diminution de la dette sans toutefois atteindre encore la barre des 60%, ni son niveau de 2000. La Belgique maintient une dette au-dessus des 100% mais ne l’aggrave pas depuis 2000. L’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni et la France s’endettent gravement depuis 2000. On voit qu’il devient difficile d’exiger que le critère d’endettement à 60% du PIB soit respecté pour les nouveaux candidats lorsque les plus importants d’entre eux qui sont dans l’UE ne le respectent pas. Si celui-ci est largement respecté par la Turquie, endettée à 40%, comment fera-t-on avec l’Ukraine et ses 80%, voire 90% en 2016 ? On n’en parlera pas ou on rachètera la dette. 

On peut terminer par le taux de croissance de ces cinq pays qui est aussi fixé à 2% par la BCE dont le rôle était initialement de veiller à le maintenir. On parle aussi du taux de croissance de 1,5% supposé permettre de stabiliser le chômage et qui était l’objectif du budget 2016 français. On voit que pour 2015, seule l’Espagne a pu dépasser le seuil des 2% avec 3% mais il est douteux qu’elle puisse réitérer cet exploit soudain, vu le contexte économique général. En 2000, L’Espagne caracolait en tête avec 5%, les 4 autres pays étant regroupés autour de 3%, l’Allemagne en queue. Dans la baisse générale, c’est l’Allemagne qui s’en tire le mieux avec une baisse de croissance entre 2000 et 2015 de 1,74%. La France, l’Espagne et l’Italie ont perdu respectivement 2,74%, 3,21%, 2,95%. On voit que l’euro a été plus favorable à l’Allemagne dans un contexte économique moins favorable que les années 1987-1991 avec des croissances autour de 4%.

Le constat provisoire de ce passage en revue des chiffres montre que la France fait partie du trio France, Italie, Espagne des pays du club « méditerranée », pays cigales dont le levier de manœuvre est la dette croissante. Ces pays sont incapables de respecter les critères de Maastricht qu’ils ont signés, même si la France apparaît moins touchée que les deux autres. Mais dans le trio majeur des pays européens la France apparaît comme la plus handicapée par l’euro. Le Royaume-Uni n’a pas aggravé sa dette depuis 2000, alors que la France s’endette sans pause depuis 1975 et continue à s’endetter avec un déficit annuel de 74,8Mds€, soit 33,7% de ses recettes fiscales en 2015 ! C’est 45,2Mds€ que nous avons payé avec nos impôts pour la charge annuelle de la dette, soit 57% de l’impôt sur le revenu. La France est passible de la Commission de surendettement ou court vers la faillite ! 

Afin de terminer l’analyse comparative de la France, le prochain article sera consacré à la comparaison de la France avec des pays hors zone euro ou hors UE puisque c’est un sujet qui devient de plus en plus d’actualité. Mais on peut déjà noter que le mythe de l’Union européenne à caractère social est révolu. 

Il n’y a pas de salut, pas d’indépendance possible, 

Pour un pays qui se maintient à peine à flot

En augmentant le fardeau de la dette. 

Les vautours auront sa peau ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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