L’Espagne
vote aujourd’hui pour désigner les représentants du peuple. Le chef du
gouvernement Mariano Rajoy est sur la sellette car le peuple vote pour décider s'il garde la droite au pouvoir
après six mois de blocage politique du pays marqués par l'ascension du parti
anti-austérité Podemos. En décembre, les Espagnols s'étaient prononcés pour un
changement, en punissant les deux grands partis qui rythmaient la vie
démocratique du pays depuis plus de 30 ans. Le Parti populaire du chef du
gouvernement conservateur sortant Mariano Rajoy, a ainsi perdu sa majorité
absolue, obtenant 28,9% des suffrages, même s'il est arrivé en tête. Il est
encore favori pour ce scrutin, mais rien ne dit qu’il puisse encore accéder à
ce poste.
Donc en ce 26 juin 2016, six mois après les
dernières élections, 36 millions d'Espagnols doivent renouveler les Cortes
après l'échec des négociations de formation d'un gouvernement suite au scrutin
du 20 décembre. Podemos pourrait passer en deuxième position. C’est dire la
situation instable de ce pays qui a renoué provisoirement avec la croissance,
stabilisé le chômage à 21%, augmenté les inégalités avec une politique d’austérité
drivée par l’UE, la BCE et le FMI. Nul doute que le Brexit aura une influence
sur le vote des Espagnols. Le sentiment de pouvoir braver la puissance
financière et son entreprise de démolition ne peut que favoriser les mouvements
qui s’opposent au statu quo. Le parti PP de Mariano Rajoy est en tête dans les
sondages, comme le « in » anglais ! Il n’est donc plus
improbable que Podemos puisse devenir le premier parti espagnol et être
incontournable. L’Espagne est actuellement ingouvernable. En
l'absence d'entente entre les grands partis, un troisième scrutin pourrait être
organisé fin 2016.
Après
le Brexit, c’est un deuxième coup au « Système » de l’UE qui peut
sortir des urnes. Si l’Espagne est sans gouvernement élu depuis le 2 mai, date à
laquelle le Congrès a été dissout, il se peut qu’une nouvelle progression de
Podemos soit dans le résultat de ce soir. La grande nouveauté de ce scrutin est
l'alliance passée entre la Gauche Unie (Izquierda Unida) formée des Communistes
et des Ecologistes, qui a obtenu 4 % en décembre, et de Podemos. Le Parti
Populaire de Mariano Rajoy était passé de 45% à 28,9% des voix alors que
Podemos avait obtenu 20,9% des voix. Une baisse de quelques % et une hausse de
Podemos lui permettrait de dépasser le PP. N’oublions pas que personne n'a
voulu investir un nouveau gouvernement de Mariano Rajoy, dont la formation est
mise en cause dans de multiples affaires de corruption. Du coup, Unidos Podemos
pourrait dépasser aussi en voix et en siège le parti de gauche PSOE qui s'est
montré, dans les dernières enquêtes d'opinion, assez affaibli. Ce
« sorpasso », comme l'appelle les commentateurs espagnols, serait une
première depuis les élections de 1933 lors de la seconde république. Podemos
pourrait alors créer une alliance, jusqu’alors refusée avec le PSOE, et
remporter le pouvoir. Or non seulement Podemos rejette la politique d’austérité
de l’UE mais il appuie la demande d’autonomie de la Catalogne.
Certes
ce dimanche soir, il faudra observer de près le score d'Unidos Podemos et les
majorités possibles. Mais rien ne sera décidé ce 26 juin. Ce scrutin ne sera
que l'ouverture de longues et difficiles négociations pour construire de
nouvelles alliances dans un système politique espagnol en crise ouverte. On
voit néanmoins que les soubresauts dans l’UE ne sont qu’à leur commencement,
alors que des demandes, par référendum ou non, pour la sortie de l’UE, l’abolition
du traité de Maastricht, de celui de Schengen, ou autres contraintes de l’UE,
vont fleurir. Les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche et la Hongrie sont sur les
rangs et l’ « UEphobie » progresse dans de nombreux pays, en
particulier en Italie. Désormais toute élection nationale ou régionale sera
marquée par cette question « être ou ne pas être », soit « out »
ou « in ». Les anglais ont redonné aux européens le goût de la
démocratie et de la souveraineté.
En France
le matraquage politique et médiatique sur les « En dehors de l’UE, point
de salut » « Sortir de l’euro serait catastrophique » marque
toujours les esprits. Néanmoins aucun des partis de la pensée unique, qui ont
voté Maastricht et Lisbonne, ne se hasardera à demander un référendum. Ils
parlent de revoir les traités à la marge, ils parlent des normes contraignantes
qui ne sont évidemment pas le premier problème de la plupart de nos
concitoyens. Le « Messieurs les
anglais tirez les premiers » a marqué nos livres d’histoire. Bis
repetitat, ils viennent de récidiver et montrer qu’ils étaient bien les
inventeurs et les gardiens de la démocratie. Si nous sommes ceux de la liberté,
nous ferions bien de comprendre qu’il ne peut y avoir de liberté sans démocratie.
Le pouvoir actuel tombe dans un autoritarisme au goût de fascisme qui montre qu’il
est à bout de souffle. Je suis sûr que la cote réelle du couple Hollande et
Valls est bien au-dessous des 10% et que les sondages sont truqués comme le
dernier sondage pour le « in » outre-Manche. La balle est dans notre
camp, c’est à nous maintenant d’agir.
La
situation de la France dans l’UE s’est aggravée avec la sortie probable, mais
non officielle, du Royaume-Uni. Le couple franco-allemand n’est pas un couple
équilibré. L’Allemagne nous dépasse de cent coudées et elle est désormais le
fer de lance des États-Unis sur le continent européen. Si nous pouvions, en
particulier sur le plan de la Défense, représenter un certain poids avec le Royaume-Uni,
nous allons devoir nous aligner bon gré mal gré sur la position allemande et l’
« amicale sollicitation » des États-Unis de le faire. L’Ostpolitik de
notre voisine va rayonner de plus belle et marginaliser les pays du club
Méditerranée. L’euromark continuera à renforcer l’économie allemande. La voix
de l’UE sera allemande. C’est autour de ce pays que la disparition des nations se
fera et que se construira un fédéralisme allemand. Il est temps que les
français en prennent conscience.
Un clivage nord-sud de l’Europe est
inévitable.
L’Union Européenne entre en mutation,
Le mur de Bruxelles vient de tomber,
Celui de Berlin est aux portes
De l’ « ennemi » russe !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire