vendredi 20 mai 2016

L’Europe ? Cacophonie antidémocratique, antisociale et meurtrière (11ème partie)


L’année 2011 est incroyablement riche en évènements qui marquent la période récente jusqu’à nos jours et annoncent les évènements futurs. C’est bien la lecture de l’histoire qui permet de prévoir l’avenir, à condition de bien vouloir lire entre les lignes de l’immédiateté avec un recul critique et une vision prospective. Il est encore quelques évènements de 2011 qui nous projettent jusqu’à aujourd’hui. C’est la mobilisation des "indignés" le 17 mai en Espagne, indignés qui expriment leur mécontentement social, politique et économique. D'Europe aux États-Unis en passant par le Chili, une première journée mondiale des "indignés", le 15 octobre, réunira des dizaines de milliers de personnes. On constate en mai 2016 que le peuple français aussi commence à manifester son indignation dans la rue contre le gouvernement sans véritablement comprendre encore que c’est contre l’UE voulue par les USA que leur colère doit s’orienter. Le gouvernement français n’est coupable que d’obéir à l’UE que nous avons plébiscitée à Maastricht. 

Il y a aussi les fausses bonnes nouvelles, celles qui ne changent rien pour l’avenir comme le retrait du tiers des soldats américains (33.000) d'ici à l'été 2012 annoncé le 22 juin par le président Barack Obama. Le 17 juillet, l'Otan transmet ses responsabilités aux autorités afghanes dans une première province, lançant le processus de "transition" qui doit s'achever fin 2014 avec le départ des troupes de la coalition (130.000 hommes). La deuxième phase de la transition est lancée le 1er décembre. On constate que les États-Unis y sont toujours et que le pouvoir afghan perd la main, les talibans menaçant de nouveau Kaboul. L’Europe avec sa politique étrangère et la France se sont fourvoyées dans ce guêpier sans résoudre le problème. 

Mais un évènement hautement significatif sur l’entrée en décroissance des États-Unis s’est déroulé le 2 août. Après des semaines de bataille, le Congrès autorise un relèvement du plafond de la dette (plus de 14.500 mds de dollars), évitant au pays un défaut de paiement. Avec un taux de chômage de 9,2% et une croissance faible (1,3%), les Etats-Unis se voient privés pour la première fois de leur "AAA" par l'agence de notation Standard and Poor's. Depuis ce pays fait marcher la planche à billets pour essayer de masquer sa perte de vitesse économique. En fait l’essentiel va vers le soutien au marché boursier, donc la spéculation. Le reste ne soutient qu’une croissance insuffisante pour empêcher le chômage réel, et non trafiqué par les statistiques, et une aggravation des inégalités. 

La mort de Mouamar Kadhafi le 20 octobre laisse un pays exsangue avec 30.000 morts, une économie détruite, mais pas les installations pétrolières de l’Occident, qui va sombrer dans le chaos et devenir un pays de passage de l’immigration et un repère de la mouvance djihadiste de trafic d’armes et de drogue. Ce gâchis amène de nouveau en 2016 les forces spéciales des USA et de ses alliés pour soi-disant contrer les forces terroristes dont ils ont favorisé l’arrivée par ailleurs. La théorie du chaos s’étend désormais sur le Maghreb et vise en premier lieu l’Algérie qui se tourne vers la Russie. Ceci donne une bonne raison de diaboliser ce dernier et de laisser planer la menace d’un conflit plus direct. 

On peut aussi considérer comme prémonitoire l’accord du 27 octobre  à Bruxelles, accord des 17 sur le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF), la recapitalisation des banques et l'effacement de 50% de la dette grecque détenue par les banques. C’est le premier constat que la faillite des Etats de la zone de l’euro n’est plus inenvisageable. D’ailleurs le FESF sera par la suite renforcé en Mécanisme européen de stabilité mais il instaure un prêt direct aux États, ce que ne peut pas faire la BCE. Ce constat est devenu encore plus plausible le 9 novembre. Le Premier ministre socialiste grec Georges Papandréou démissionne, après avoir semé la perturbation en Europe avec son projet avorté de référendum sur le plan européen du 27 octobre (100 Mds d'euros de prêts et l'effacement de 100 Mds d'euros de dettes contre l'adoption par Athènes d'un plan de rigueur et son acceptation d'une quasi mise sous tutelle). Lucas Papademos, ex-vice-président de la Banque centrale européenne, lui succède. C’est une marque de plus du refus de la démocratie par l’UE, la mainmise sur le système bancaire d’un pays et sur sa gestion budgétaire et économique. C’est la voie tracée vers l’austérité, seule vraie politique économique de l’UE. 

D’ailleurs les évènements de ce type s’enchaînent. Le 12 novembre le président du conseil italien Silvio Berlusconi démissionne, après l'adoption par le parlement de mesures destinées à rassurer les marchés et la communauté internationale, la dette italienne s'élevant à 1.900 Mds d'euros. Le nouveau Premier ministre Mario Monti (consultant pour Goldman Sachs et fervent partisan de l’Union européenne fédérale) forme un gouvernement d'experts et présente un programme d'austérité et de relance. 2011 s’avère être l’année qui révèle la fragilité de l’Union européenne et de la zone euro. Deux faits viennent le mettre en lumière. A Paris, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel annoncent le 5 décembre un compromis pour sauver la zone euro, notamment un projet de révision des traités avec sanction automatique si le déficit dépasse 3%" du PIB. À l'issue de ce nième sommet de la dernière chance pour sauver l'euro, les représentants de l'Union européenne se proposent de rédiger un nouveau traité destiné à «rassurer les marchés», en remplacement du traité de Lisbonne qui a fait faillite en quelques mois. David Cameron, Premier ministre du Royaume-Uni, refuse cette proposition et se place d'emblée en retrait de l'Union européenne.  Tout ceci verra ensuite le vote anglais sur le Brexit. Par ailleurs Standard and Poor's menace d'abaisser la note "AAA" de 15 pays, dont l'Allemagne et la France.

On ne saurait quitter 2011 sans parler de l’Iran qui va occuper la politique française, anglaise étasunienne et allemande jusqu’à aujourd’hui. L’Iran était l’ennemi numéro un des USA avant d’être remplacé par la Russie depuis son engagement en Syrie. Le 8 novembre un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) fait état de "sérieuses inquiétudes" concernant le caractère militaire du programme nucléaire iranien. Les Occidentaux renforcent leurs sanctions et le conflit s’envenime. Le saccage de l'ambassade de Grande-Bretagne le 29 novembre par des miliciens islamistes, provoque un tollé international. Londres ferme son ambassade, des capitales européennes (dont Paris et Berlin) rappellent leur ambassadeur. L'attaque est intervenue après la décision du Parlement iranien de réduire les relations avec Londres suite à un durcissement des sanctions britanniques. 

On verra, à cette occasion l’inconsistance de la politique européenne dans laquelle la France voudra jouer un premier rang en étant le pays le plus ferme dans les négociations à venir. Cette politique, continuée par Hollande, nous mènera jusqu’à jouer le fantassin des USA pour se retrouver obligés de conclure un accord malgré nous. Ceci sera aussi le cas pour la Syrie où notre position jusqu’au-boutiste nous vaudra de nous retrouver seuls et de déprogrammer une opération militaire d’envergure sur Damas. Un superbe lot de consolation nous sera donné par une réception avec tapis rouge à Washington avec rappel de « l’amitié indéfectible France-USA depuis Lafayette ». 

Enfin même la science vivra des moments exceptionnels qui ouvrent de nouvelles perspectives dans l’infiniment petit et l’infiniment grand. C’est d’abord une expérience dans le plus grand accélérateur de particules du monde au CERN à Genève où les scientifiques prétendent le 24 septembre avoir montré que l’on peut dépasser la vitesse de la lumière, jusque-là réputée infranchissable. Au passage ceci montre que la science sait réunir le monde scientifique et que l’Europe de la recherche existe au plus haut niveau. Le deuxième évènement a eu lieu le 5 décembre avec l’annonce de la découverte de l'exoplanète Kepler-22 b au Ames Research Center de la NASA. Une étape scientifique majeure vient d’être franchie et on ne cessera plus de découvrir ce monde de planètes hors et dans notre galaxie.

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L’année 2011 s’est montré être une année-laboratoire de l’avenir sur tous les plans européens et mondiaux touchant l’économie, les équilibres géopolitiques et démographiques, l’importance des évènements naturels relativisant les effets de l’homme pour l’influencer dans un sens ou dans un autre, et même la science. Elle fut aussi, pour la France, celui de la campagne électorale qui verra un changement de majorité avec des promesses électorales et l’impact d’un nouvel électorat de la « diversité ». On verra ensuite qu’elles ne seront pas appliquées pour la plupart sauf sur le plan sociétal et que la France continuera dans la même politique globale de destruction de la nation, de son identité, et de vassalisation aux élites, bancaires et économiques, et à la puissance militaire de leur bras armé américain. L’Europe antidémocratique, antisociale et meurtrière s’est totalement dévoilée. 

L’année 2011 a écrit notre histoire récente

Il nous appartient l’année prochaine 

De faire en sorte d’en refuser

Son aliénation à l’argent, 

De penser au bonheur

De l’homme ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon 

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