dimanche 3 avril 2016

Que nul ne lise ceci s’il n’est pas indigné



Les nuits Debout se succèdent pour qu’un autre jour se lève. Les indignés français pensent aux autres peuples qui subissent la même dérive comme les espagnols de Podemos et leurs frères grecs, ce pays symbole de l’Europe et au bord de la faillite en train de dilapider son patrimoine pour survivre. Un portique à l’entrée de la place de la République dit : « Nul n’entre ici s’il n’est pas indigné ». Le mot « Révolution » ne fait même plus peur, même si chacun sait bien que ce mouvement pacifiste ne peut changer le cours des choses, car malheureusement c’est le sang versé des révolutions qui ont mobilisé les peuples et contraint le pouvoir à partir. C’est à coup sûr un « sursaut citoyen » qui peut conduire à un processus révolutionnaire mais le système est bien cadenassé et les lois liberticides, comme l’idée d’une armée de l’intérieur, ne sont pas des actions innocentes mais prévisionnelles. En effet le pouvoir sait que le feu couve. Il recherche d’ailleurs désespérément à détourner les esprits vers des discussions de lois clivantes selon la vieille technique du « diviser pour régner ».

Philippe De Villiers annonçait la levée prochaine de petites lucioles, elles brûlent désormais sur la place, plus pour montrer notre chagrin des morts innocents des attentats mais pour discuter, rebâtir un autre avenir. Tout se mêle avec des apports qui dépassent le clivage des partis et des âges car chacun constate que le consensus se fait sur la guerre à un pouvoir qui a ignoré l’humain et le profond mécontentement de citoyens qui voient que le rêve européen devient un cauchemar que les mensonges n’arrivent plus à masquer. Pire ce cauchemar pour les pauvres et ses 7.000 SDF en moins de 3 ans, s’étend jusqu’aux classes moyennes avec le sentiment que le travail de tous va vers le haut. Ils versent ce qui est pour eux un tonneau des Danaïdes mais une fontaine d’or pour les plus riches qui deviennent de plus en plus riches quand les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. 

Il faut reconnaître que ce sont les jeunes qui ont montré le chemin en prenant fait et cause pour le monde salarial chipant la vedette aux syndicats. Ces derniers ne mobilisent plus, leur représentativité a perdu le sens de la lutte sans trouver celui d’un mode de discussion constructive avec le patronat. J’ai connu les réunions de Conseil d’administration où face à face patrons et syndicats assis de chaque côté de la table tiraient chacun sur la nappe jusqu’à ce qu’elle se déchire. Le monde salarial et patronal français n’a pas compris que les propositions et les contre-propositions émises de part et d’autre sont le ferment du dynamisme de l’entreprise. Les jeunes eux ont compris qu’une machine infernale les attend. Elle s’appelle productivité à tout crin, plus d’heures et moins de salaire, autrement dit plus de stress, moins de loisirs et moins d’argent. C’est le fruit de la politique d’austérité qui a choisi la dévaluation interne, politique européenne à la sauce allemande insufflée par le monde des grands lobbies et de la finance à odeur de banquiers.

Les usines ferment où se délocalisent, le nombre de citoyens en âge de travailler augmente. Ces deux constats montrent que la pression sur le monde salarial ne fait que croître avec la menace de fermeture, de délocalisation et l’augmentation de la demande d’emploi. S’il veut avoir du travail, le salarié doit travailler plus, pour moins cher et être plus productif. Pour relocaliser il faut descendre le coût du travail à un seuil qui devient insupportable pour le salarié, ce qui finit par jouer sur la consommation. Ce sont alors les entreprises qui travaillent pour la consommation interne qui sont touchées donc les petites et moyennes. Le monde salarial va de plus être touché par l’arrivée d’une robotisation explosive qui va toucher le monde des salariés qualifiés et finalement les cadres tant l’intelligence artificielle fait des progrès. Le secteur public sera touché comme le secteur privé. 

Il est temps de repenser l’avenir où c’est dans l'entrepreneuriat que vont s’ouvrir des possibilités de travail dans un premier temps. Il convient d’adapter nos lois pour faciliter cette accession au travail, car c’est pour l’instant un parcours du combattant semé d’obstacles pour l’autoentrepreneur qui réussit. Il est temps aussi de prendre en compte la faillite du système politique qui ne cesse de bafouer la démocratie, une fois les élections passées. Les Suisses décident du salaire minimum ou du minaret sur les mosquées, mais en France on ne respecte plus le référendum et on a mis des conditions au référendum d’initiative populaire qui le rende matériellement impraticable. On décide des guerres sans que la menace soit sur notre territoire comme en Libye et on crée ainsi la menace pour que l’on puisse faire la guerre ailleurs. Tout est à repenser quand un Président s’arcboute sur son poste avec une popularité en guenilles. Il est urgent de donner un grand coup de balai… et nos nuitards viennent de donner le signe de la révolte. Il revient aux autres de les suivre dans toutes les villes, bourgs et villages de France. La farine est là, il manque juste la levure… celle d’un peuple qui se lève pour dire : ASSEZ ! 

La démocratie est bafouée, le pays n’est plus souverain, 

Le monde de l’argent s’est emparé du pouvoir

Il est temps que le peuple se réveille 

Lui seul peut sauver la France. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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