samedi 26 décembre 2015

Qui doit assurer la protection de la pratique des cultes ?



Posée ainsi la question ne fournit qu’une réponse : l’État. C’est en effet lui qui doit assurer la libre pratique des cultes et la sécurité des citoyens. Pourtant l’affaire s’avère moins simple quand l’Etat ne joue pas son rôle. Le Midi Libre stigmatise le Maire de Béziers pour son attitude sur cette question. Un article de ce journal titre « Alors que chrétiens et musulmans ont partagé, ce 24 décembre, un instant œcuménique en l'église de La Devèze, la Ville de Béziers souffle sur les braises de la polémique, dénonçant une "Garde musulmane" ayant assuré la protection du lieu de culte. » A l’initiative d’un imam d’une mosquée de ce quartier, dit sensible, un certain nombre de musulmans ont effectué la garde à l’entrée d’une église avec l’accord du responsable du culte du lieu concerné. Cette affaire est soulevée par le Maire dans un contexte particulier qui concerne la volonté du Maire de la création d’une « Garde Biterroise » composée d'anciens policiers, militaires, pompiers, etc. Opposé à la mise sur pied de celle-ci, le préfet de l'Hérault a déposé un référé devant le tribunal administratif de Montpellier, attaquant ainsi la création de ce groupe de surveillance, validée en conseil municipal le 15 décembre dernier. Cette affaire « de clocher » est intéressante à plus d’un titre. 

D’abord le Journal Midi Libre n’est pas ce que l’on peut appeler un média supporter du maire Robert Ménard, qui s’illustre souvent par des actes définis comme provocateurs. Si celui-ci connaît les clés de fonctionnement des médias par son passé de journaliste et sait en user pour faire passer des messages, il faut lui reconnaître d’être un leveur de réflexions de fond totalement affranchies de la pensée unique. Reprenons donc l’analyse du souffle du maire sur les « braises de la polémique ». Qui est le provocateur dans cette affaire ? Le maire ou l’imam ou même le prêtre de  l'église Notre Dame de la Réconciliation ? D’abord si des musulmans jugent qu’ils doivent intervenir c’est qu’il y a réellement un danger, or tout se sait dans la communauté musulmane de ce quartier. Si elle le sait, il revient à l’imam d’en informer le prêtre qui officie dans cette église, lequel doit normalement demander protection auprès du maire, premier représentant de l’État. Dans ce cas de danger potentiel connu, le prêtre ne semble pas avoir fait cette démarche. Une espèce de marchandage s’est établi, la garde musulmane a été proposée et l’imam a pu faire un petit discours dans l’église. Si aucun indice de danger n’était pas connu, la démarche musulmane n’avait pas lieu d’être et le prêtre devait la refuser. Ce genre de promiscuité dans la pratique des cultes n’est jamais saine et ne peut se substituer à celle dans la vie civile sous le signe d’une fraternité et d’une laïcité républicaines. 

La provocation n’est pas du côté du maire qui voit se mettre en place des pratiques sans son autorisation et contraires à la bonne pratique des devoirs de l’État. Evidemment l’occasion est belle pour lui de mettre en regard le refus d’une Garde Biterroise, qui aurait pu répondre à la garde de cette cérémonie religieuse, et l’absence de moyens de l’État pour faire face à toutes ses obligations. Le vieux dicton populaire trouve ici une occasion de faire appel au bon sens : « Que chacun s’occupe de ses affaires et les vaches seront bien gardées ». Une fois de plus j’entends et je lis le concert de critiques sur l’attitude « peu conciliante » (pour éviter de dire raciste) du maire. L’attitude « conciliante » est ce que les Belges appellent les « accommodements ». Ils se sont réjouis un temps d’éviter ainsi les heurts entre les communautés. Je pense que les médias nous ont largement informés sur l’état dans lequel se trouve la Belgique et en particulier la région bruxelloise. Les zones de non-droit et les candidats au djihadisme sont la réponse à cette attitude, attitude que nombre de nos concitoyens croient devoir adopter au nom de tout un tas de principes de solidarité, fraternité, droits de l’Homme, etc. Ils accusent les autres de favoriser la discrimination sans se rendre compte que c’est eux qui l’alimentent en laissant une population encore minoritaire imposer ses propres lois à une population encore majoritaire.

Les incidents d’Ajaccio montrent que dans des communes, des départements moins « conciliants » que d’autres, les germes du « ras le bol » dégénèrent en actes répréhensibles. Les corses n’ont majoritairement jamais voulu d’une communauté musulmane puisqu’ils ont déjà du mal à accepter les métropolitains continentaux. L’État l'a imposée. On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. L’occasion d’une provocation sur des pompiers et policiers dégénère en un saccage… d’un lieu de culte musulman. Ceci est dans la suite logique des élections régionales où la spécificité corse de rejet de l’étranger s’est exprimée. Si la démocratie a encore un sens, l’État se doit d’en tenir compte. Maintenir le statu quo ne peut que déboucher sur une répétition d’incidents de plus en plus nombreux et de plus en plus violents. 

Loin de moi l’idée de militer pour l’autonomie des corses, mais celle-ci pose un problème à la République Française une et indivisible. Vouloir à terme son autonomie, c’est sortir de la République, c’est la création d’un État Corse qui aura ses lois et traitera le problème de la communauté musulmane comme il l’entend. En Corse comme à Béziers, l’État doit être clair et assurer ses devoirs régaliens. Il n’y a pas de demi-mesures. S’il n’a pas les moyens, il doit en informer le peuple qui par voie référendaire ou parlementaire décidera de la façon de faire face par d’autres moyens. 

L’attitude, qui consiste à se culpabiliser et à tout accepter 

Comme une lente gangrène qu’on refuse de voir,

Finira lentement par nous déchiqueter. 

Elle est proprement suicidaire.

Seul le courage manque ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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