jeudi 6 août 2015

Mistral ? Vent hégémonique qui emporte l’industrie française



Les deux navires polyvalents de commandement, construits pour le client russe, restent à quai. C’est l’affaire Mistral dont les conséquences financières et économiques deviennent catastrophiques. Le premier des deux Mistral, le Vladivostok, devait être initialement remis à Moscou à la mi-novembre 2014, tandis que le second, le Sébastopol, devait théoriquement être livré à la Russie à l'automne 2015. Le contrat de leur vente avait été conclu en juin 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy et évalué à près de 1,2 milliard d'euros. La Russie sera "exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées au titre du contrat" et "les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront restitués", tandis que la France "aura la pleine propriété et la libre disposition des deux bâtiments", selon l'Elysée. De son côté, le Kremlin a déclaré que la Russie considérait l'affaire comme "totalement réglée" après le remboursement français. "Le prix initial des deux bateaux était environ d’1,2 milliard d’euros. Le prix de l’accord [avec la Russie pour la non-vente des navires], qui est le meilleur accord possible, sera inférieur puisque la Russie sera remboursée à l’euro (près) des engagements financiers qu’elle a pu mobiliser".

La France ne déboursera pas 1,2 milliard d’euros selon le Ministre de la Défense, car les paiements versés par la Russie étaient inférieurs mais il faut y ajouter les frais de part et d’autre engagés pour la formation des équipages russes. Les équipements russes mis en place seront restitués à la Russie. Le Ministre prétend que nous avons déjà des acquéreurs mais auparavant, il va falloir commencer par "dé-russifier" les navires, construits pour répondre précisément aux spécifications de la marine russe : cela signifie démonter des équipements, changer les systèmes de télécom, les interfaces homme-machine qui sont en caractères cyrilliques, toute la documentation (coût de 200 à 300 millions ?). Par ailleurs les acquéreurs susceptibles d’être intéressés ne seront pas si nombreux. Selon le patron de la DCNS : "Il faut des pays qui ont les moyens de s'offrir des bateaux aussi sophistiqués, qu'on appelle de premier rang. Il faut aussi qu'ils aient des marins assez bien formés, ce qui n'est pas évident". De plus à quai, l’entretien des navires coûte un à cinq millions d'euros par mois. On a donc le couteau dans le dos pour négocier avec des acquéreurs et selon l'expert Philippe Migault, spécialiste des questions d'armement au centre de réflexion Iris, "au final, cette histoire va nous coûter un à deux milliards d'euros ». 

C’est déjà une bien mauvaise affaire économique que nous avons engagée sous la pression des USA, peu soucieux, voire ravis de nous faire perdre de l’argent. Nous allons sans doute revendre ces navires mais avec un gros rabais car ils n’ont pas été conditionnés pour les futurs acquéreurs qu’il faudra de nouveau former. On parle du Canada, du Brésil, de l’Inde et de la Chine. Là encore nous ne ferons pas ce que nous voudrons, les USA nous « déconseillerons » de vendre à la Chine. Mais le plus grave est la perte de crédibilité de notre pays dans l’assurance de réaliser les contrats signés. Cela ne s’est pas fait attendre. L’Inde vient d’annuler son engagement d’achat de 126 Rafale et se tourne vers la Russie. Elle le fait d’autant plus facilement qu’elle n’est plus sûre de ne pas subir le même traitement que la Russie si les USA interviennent car elle deviendrait dépendante de nous pour les pièces détachées et l’évolution des équipements. Le ministre de la Défense Manohar Parrikar a indiqué que si l’Inde s’orientait vers l’achat d’avions Rafale supplémentaires, ce serait via des accords de gouvernement à gouvernement.

L’affaire est désormais très mal partie car le chef du gouvernement indien, déterminé à intégrer l’Organisation de Coopération de Shanghaï aux côtés de la Chine, de la Russie et de l’Iran afin de libérer l’Eurasie de la tutelle américaine, avait annoncé au président russe vouloir maintenir la Russie comme “premier partenaire en matière de défense”. L’Inde se tourne donc résolument vers la Russie et la Chine. Le gouvernement indien est ainsi entré rapidement en négociation avec la Russie afin d’acquérir l’avion de 5ème génération russe qui devrait sortir des usines en 2016. Le contrat viserait à doter l’Inde de 127 chasseurs dont on sait que l’industrie russe produit parmi les meilleurs du monde. La Russie s’est engagée à accélérer la production pour livrer les premiers chasseurs d’ici à 36 mois. La signature se ferait en novembre prochain. 

Bingo ! L’affaire Mistral, coûteuse en elle-même, fait déjà en plus des dommages collatéraux de dizaines de milliards et beaucoup plus à venir car la capitulation française, face aux exigences américaines sur la question de la livraison d’armes de nature stratégique à la Russie, a signifié l’alignement définitif de Paris sur Washington. L’indépendance française et son rayonnement dans le monde sont gravement atteints. Sous dépendance américaine et allemande, la France d’aujourd’hui ferait certainement honte au fondateur de la Vème République. Il est temps de passer à la suivante, au moins nous ne salirions plus celle d’aujourd’hui. Bravo Monsieur le Président, bravo Monsieur le Ministre de la Défense, vous qui pensez désormais plus à votre Présidence de la Bretagne qu’aux marchés que la France va perdre. Les USA vous en savent gré ! 

La désinformation, par occultation d’une partie de la vérité, 

Enfume toujours le peuple qui croit encore au Mirage

Alors que nous sommes dans une Rafale 

De conneries pour la France ! 

Claude Trouvé 
Coordinateur MPF du Languedoc-Roussillon

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