mercredi 22 avril 2015

Deux poids, deux mesures, c’est comme ça nous arrange !



On s’émeut tout-à-coup d’une catastrophe humanitaire en Méditerranée dont les médias font leur une et on crie « il y a urgence à faire quelque chose, réunissons-nous vite et moi, Hollande, je vais peser de tout mon poids » (sous-entendu « qui est grand »). Y aurait-il urgence à traiter un problème qui dure depuis des années parce qu’une moyenne d’arrivée de 50 migrants par jour et une dizaine de noyés cela n’avait pas d’importance par rapport à la situation de cette semaine ? Pour ceux que les chiffres intéressent cela faisait tout de même 18.000 migrants arrivés sur l’année et 3.600 noyés si je sais compter. Pour que les politiques réagissent il faut donc une grande catastrophe, un nombre, qui marquent l’opinion publique. Les médias sont le faire-valoir des dirigeants politiques qui s’empressent de tirer parti de la situation. Nul doute que si les chefs d’Etat avaient la solution à ces drames, elle serait mise en place depuis longtemps et qu’ils s’en seraient glorifiés. Souvenez-vous du « Plus beau jour de ma vie » de Hollande au Mali lors de la percée éclair de nos troupes devant un ennemi qui s’évaporait dans la nature.

Les preuves de ces attitudes devenues la règle s’accumulent. La dernière est la guerre au Yémen sur laquelle la discrétion du gouvernement est égale à celle des médias. Petite guerre locale entre arabes, c’est l’impression qui nous est distillée par absence d’informations ou presque. Sauf qu’autour du Yémen et des détroits de la péninsule arabique, les russes, les chinois, les iraniens, les américains, les anglais, les français, envoient leur marine de guerre pendant que les morts s’accumulent sur ce pays désertique dont l’importance n’est que stratégique sur la route du pétrole. Cinq États du golfe Persique - l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn, le Qatar et le Koweït - et l'Egypte également, assistés par Israël et soutenus par les Etats-Unis, ont déclaré la guerre au Yémen dans une déclaration conjointe publiée le 26 mars.

Cette attaque n’est pas demandée par l’ONU et il s’agit d’une agression illicite en terre étrangère. C’est le cas typique qui demanderait une réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU. Entend-t-on la voix de la France ou de l’UE ? Non bien sûr, car nous sommes complices. « Qui ne dit rien, consent ». Le sujet est pourtant sensible et mobilise parmi les plus importantes marines du monde qui se surveillent, s’épient et sont prêtes à dégainer. Au fait où est notre porte-avion ? Combien faut-il de morts pour que les médias nous informent et fassent réagir les politiques ? Pourtant l'Arabie saoudite bombarde le Yémen depuis 25 jours, pour rétablir le président fugitif, Mansour Hadi, un proche allié de Riyad. L'agression menée par l'Arabie a jusqu'ici tué au moins 2645 Yéménites, dont des centaines de femmes et d'enfants.

Ce n’est pas suffisant ? Alors ajoutons ceci. Selon les travailleurs humanitaires et des habitants yéménites, les avions de combat saoudiens ont utilisé vendredi des armes interdites dans leurs frappes aériennes sur la zone de Fag Atta au sud de Sanaa. "Nous allons publier une vidéo sur la mort de dizaines d'enfants qui sont décédés après avoir inhalé des gaz toxiques," a déclaré, dimanche, Ali Abdullah Maboud-Chokr, un fonctionnaire de la Société du Croissant-Rouge du Yémen, à Fars News Agency (FNA). Il a noté que les explosions de bombes dans les frappes aériennes saoudiennes ne détruisent pas seulement un grand nombre de maisons, mais créent aussi un épais nuage de gaz toxiques mortels. Des responsables yéménites ont déclaré que les bombes étaient d'un type très rare. Elles aboutissaient à l'étouffement des résidents dans les régions bombardées. 

Les américains soutiennent l’action de l’Arabie Saoudite, comme ils soutiennent tout ce qui participe au chaos. Il ne s’agit pas de l’OTAN, alors pour la France, c’est « Motus et bouche cousue ». On ne va pas contrarier les Etats-Unis. Que des enfants meurent sous des bombes interdites n’a pas suffisamment d’intérêt tant que les médias ne touchent pas la corde sensible de nos concitoyens. Et pour cela il faudrait qu’on leur dise de publier. Nous sommes toujours dans le deux poids deux mesures et ceci n’a plus rien à voir avec la gravité ou l’horreur de ce qui se passe dans le monde. On nous a évité de prendre parti pour le Donbass en Ukraine en stigmatisant la Russie et en faisant passer les pro-russes pour des terroristes alors que leurs populations civiles payaient, eux seuls, un lourd tribu sur leurs vies et sur les infrastructures économiques et sanitaires. On fait de même en Syrie. Il y a les méchants du côté du gouvernement légal avec un Président réélu et de l’autre les bons, ceux qui veulent la démocratie, que l’on arme, que l’on soutient et qui disparaissent dans les forces islamiques venues d’Irak. 

Le constat de notre duplicité, de notre perte d’indépendance, 

Devient criant dans tous les conflits économico-militaires.

Nos chefs d’Etat n’agissent qu’aux sons et aux images 

D’une presse manipulée aux ordres des…

Puissances de l’argent ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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