mercredi 18 février 2015

Ma Chro nique aux forceps !



200 heures de débats ont accouché d’une loi fleuve, une loi fourre-tout, une loi moitié trotskiste et moitié libérale, une loi de « déconstruction » qui va s’imposer par l’article 49-3 de la constitution. Ainsi en a décidé Hollande qui avait vilipendé l’utilisation du même article par De Villepin en 2006 pour le CPE. On n’en est pas à une contradiction près dans le milieu politique ni à un reniement près. L’Assemblée Nationale a tapé du pied. Les frondeurs ont voulu marquer le coup mais vont rentrer sagement dans leur coquille pour le vote de censure qui suit quarante-huit heures après. La voter les mettrait devant le risque de voir la dissolution de l’Assemblée prononcée et leur poste de député très sérieusement compromis vu l’état actuel de l’opinion. 

C’est la première fois que l’article 49-3 est utilisé pour passer outre au vote du parti de gouvernement qui l’a mis en minorité sur une proposition de loi, contrairement au passage en force sur un blocage de l’opposition au gouvernement. En principe la censure ne devrait pas être votée mais il s’agit là d’un sérieux revers du couple Valls-Hollande. Le premier semble politiquement maladroit et trop sûr de lui ou bien il ne craint pas d’aller au clash s’estimant incontournable vu son indice de popularité. Pour François Hollande, le surf sur l’unité nationale est désormais terminé, la dissension est dans son camp et la droite a de nouveau un os à ronger. A trop tirer sur la corde, elle s’effiloche. La loi Macron ne peut passer qu’aux forceps.

Aucune ligne directrice ne ressort des 146 articles de cette loi, aucune grande orientation n’est proposée à la représentation nationale, condamnée à se perdre dans un épouillage dans une fourrure de chat. Le temps imparti à l’Assemblée est tel que le travail d’évaluation et de contrôle est forcément partiel. Cela sent l’envie de ne pas lui donner le temps de respirer. Le plat passe assez vite sous les nez des gouteurs pour qu’ils n’aient pas le temps d’en apprécier le fumet. Ce tour de passe-passe a échoué et il a fallu employer les forceps de l’article 49-3. 

La loi « Macron » ne sera pas la loi du siècle mais elle va marquer le quinquennat par un clash interne au parti socialiste lui-même qui se retrouve seul, dépouillé des écologistes et du Front de Gauche. Elle n'est en réalité rien d'autre qu'un ensemble creux et sans consistance d'idées révolues, elles-mêmes produites par un logiciel économico-libéral obsolète. Elle sent la déréglementation tous azimuts, la concurrence sauvage et la régression sociale. Elle ne construit pas, elle déconstruit des assises de notre société comme pour les professions réglementées. On sème à droite et à gauche dans un vent de révolte qui n’augure rien des pousses de printemps souhaitées. La France a besoin d’apaisement après la mise en pièce de la "réforme territoriale" telle qu’elle avait été présentée par le président de la République dans sa conférence de presse du 14 janvier 2014, après le semi-échec du pacte de responsabilité (du fait de l’incapacité des partenaires sociaux à trouver les termes de compromis dynamiques).

Il serait sain devant l’attaque des professions réglementées de relire un phrase de Karl Marx : « La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. » De toute évidence cette loi n’est pas à la hauteur des difficultés actuelles sur le plan économique et social. On allèguera l'impératif budgétaire. Et il est vrai que ces réformes ont pour but de faire croire à Berlin ou à Bruxelles que Paris fait des efforts pour réduire ses déficits. Mais qui espère des économies sérieuses de la loi Macron ? 

Ce qui est clair c’est que durant cette ère Hollande on constate une dynamique de déconstruction de tous les repères économiques et sociétaux : refus d'un  enseignement de l'histoire chronologique, voire de l'histoire tout court, relâchement de  la langue, de la grammaire, de l'orthographe dont la légitimité est  remise en cause, brouillage de la nationalité, refonte de la plupart des cadres territoriaux : commune, département, région, au bénéfice de nouvelles entité artificielles, suppression et surtout non remplacement des vieux rites de passage comme le service militaire, le certificat d'études, le brevet et bientôt du bac. Parents et enseignants ne savent plus où ils en sont. Ces derniers se détournent de la profession et on recrute des professeurs de maths en baissant les notes de concours ou en les surévaluant. On leur complique le travail en leur imposant une immigration toujours plus nombreuse dont la plupart des familles sont d’une culture différente où la jeunesse se radicalise. L’école fourre-tout y adjoint un bouleversement, mal préparé et imposé aux municipalités, des rythmes scolaires, des leçons de civisme, une langue vivante dès le plus jeune âge, etc.

Les corps constitués de toute sorte (police, gendarmerie, instituteurs...) sont remis en cause sur fond de dénigrement du corporatisme français. Le grand baroud du mariage pour tous qui aurait très bien pu se solder par un aménagement du PACS, puisque le gouvernement se dit défavorable à la PMA et la GPA, est complété par une théorie du genre qui jette une nouvelle confusion dans les jeunes esprits. La justice devient petit à petit source d’insécurité par des lois laxistes et des manques de moyens. Le changement c’est maintenant se transforme en un slogan, la pagaille c’est maintenant. La loi « Macron » n’est qu’une nouvelle pierre dans une politique de gribouille d’apprentis sorciers pour qui les lois de la démocratie vont devoir les rappeler aux réalités d’un peuple qui les rejettent. 

Avec une gauche fissurée, et une droite cherchant une figure de proue,

Droite qui n’a plus rien à proposer, sinon une copie de la gauche, 

La balle au Centre ne risque pas de bouger ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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