mardi 10 février 2015

La guerre sur la table à Minsk le 11 février

Si la sécurité dans nos villes n’est visiblement pas assurée après les attentats de janvier et la fusillade de Marseille, c’est bien un danger plus important encore qui menace notre pays. Il apparaît de plus en plus clairement que François Hollande redoute la guerre à l’Est de l’Europe dont l’extension serait probable. Son premier contact à Moscou avec Poutine était un signe avant-coureur du sentiment que les Etats-Unis étaient prêts à s’investir en Ukraine. La peur est mère de la sagesse et c’est sans doute le premier acte de politique étrangère que l’on peut saluer. De toute évidence la Russie ne veut pas la guerre mais ne peut supporter l’idée de voir les troupes de l’OTAN à sa frontière ukrainienne. Comme je l’ai déjà écrit, il s’agit d’un casus belli.

Il est clair également que la réunion, dite de la dernière chance du côté franco-allemand, était destinée à préparer les populations à toute éventualité. Il ne pouvait rien en sortir, les américains s’étant volontairement mis en retrait… à Kiev. Le couple franco-allemand a joué non pas un véritable intermédiaire entre les Etats-Unis et la Russie mais a essayé de jouer sa propre carte avec néanmoins un blanc-seing américain. Ce blanc-seing a été d’autant plus facile à donner que ces derniers savent bien que rien de concret ne se fera sans eux et qu’ils ont la main sur le gouvernement ukrainien. La guerre est donc entre les mains des américains car ils savent exactement les limites à ne pas dépasser avec une Russie que l’on veut pousser à bout et déstabiliser. 

Pour l’instant Poutine a indiqué clairement au couple franco-allemand qu’il voulait rester maître du jeu. Selon lui, seul le cessez-feu de la part de Kiev, permettra de renouer contact avec ces populations et leurs dirigeants pour résoudre les différends et en arriver ainsi à une solution nationale et régionale du conflit.
« Il est évident que la crise continuera tant que les Ukrainiens ne se seront pas mis d’accord entre eux ». À cette fin, il exhorte les autorités de Kiev à trouver « un langage commun et à parvenir à un accord avec toutes les forces politiques. » 

Voici les principaux points que relève le président Poutine pour que les négociations conduisent à la paix.
« Mettre un terme à la débauche de radicalisme et de nationalisme qui touche le pays. La condition première pour stabiliser la situation est un cessez-le-feu immédiat, c’est la cessation de l'opération dite « antiterroriste », mais de facto punitive dans le sud-est de l'Ukraine.

« Supprimer les pressions économiques sur le Donbass, lesquelles sont susceptibles de créer une grande catastrophe. » 

Il s’agit bien d’un plan de paix, mais qui suppose néanmoins que les Etats-Unis cessent d’alimenter et de couvrir l’opération anti-terroriste, en réalité sanglante guerre civile où le chiffre officiel de 5.000 morts et de 10.000 blessés est très largement sous-estimé. Rien ne laisse entrevoir que le complexe militaro-industriel américain ait renoncé à une guerre et que la stratégie hégémonique ne soit plus à l’ordre du jour. Il se pourrait même qu’Obama soit en retrait sans pouvoir  arrêter ces processus. Le temps presse pour les Etats-Unis, un monde multipolaire se met en place de plus en plus vite. La Russie et la Chine présentent une force militaire et une stratégie économique et monétaire qui menace la prééminence des USA et de leur dollar.

La France « appartient » à l’OTAN, au plein sens du terme, et nous ne sommes plus au temps où nous pouvions facilement dire non à la guerre en Irak. S’opposer à la volonté américaine présente de gros risques de rétorsion sur le plan économique et il n’est pas sûr que l’Allemagne nous suive jusqu’au bout dans une opposition déterminée. C’est pourquoi la réunion de Minsk du 11 février va permettre de jauger des chances de paix car les deux belligérants ukrainiens seront présents. Leurs réactions seront très liées aux positions russes et américaines, Porochenko ayant les mains beaucoup plus liées que celles des républiques de Donbass et de Lougansk. 

C’est à partir de là que les chances de paix pourront être évaluées. Cette réunion ne sera pas non plus celle de la dernière chance mais elle prend une importance particulière car la signature d’une simple trêve ne serait utilisée que pour renforcer les armements de part et d’autre. Il s’agit d’une partie de bras de fer Russie-Etats-Unis, et le danger d’un conflit de grande ampleur ne tient qu’à la volonté américaine sur laquelle la France  a peu de poids… Voudront-ils calmer le jeu après l’échec militaire avéré des troupes de Kiev  pour faire capituler la Novorussia ? Souhaitons-le, mais c’est avec l’Allemagne qu’Obama vient mettre au point la position occidentale… C’est dire combien notre entrée dans l’UE sans défense propre et dans l’OTAN, va nous faire comprendre les dangers auxquels cela nous expose. 

La guerre est à nos portes plus près encore que le Kosovo. 

La peur de nos dirigeants sera peut-être salutaire,

On n’est plus devant un conflit mineur ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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