samedi 31 janvier 2015

Moyen-Orient, melting-pot géopolitique et terrain de guerres !



Le roi Abdallah d’Arabie Saoudite vient de décéder à 90 ans et le Président Français s’est précipité des neiges de Davos pour présenter au moins ses condoléances attristées au nouveau roi Salman bin Abdulaziz al Saud, le demi-frère du précédent. Pratiquement au même moment 9 militaires français de l’Armée de l’Air périssaient dans un horrible accident sur une base espagnole de l’OTAN. Ces deux faits étalés sur une courte période de temps incitent à la réflexion car deux des aviateurs français faisaient partie de l’élite de l’aviation de guerre et étaient destinés à devenir des leaders de mission. Nos avions sont en Irak où ils renseignent et bombardent aux cotés des saoudiens. 

Premièrement cet accident, le plus meurtrier de l’histoire de l’OTAN, peut prêter à hésitation entre l’accident dû au hasard malheureux de guerre et l’accident provoqué. Le silence politique et médiatique tranche avec le tapage fait sur les attentats des 7-8 janvier, en particulier sur Charlie Hebdo. Le fait qu’il s’agit de militaires est considéré comme les risques du métier. On a pourtant vu des rapatriements de militaires tués et des cérémonies plus médiatisées, et des discours politiques beaucoup plus diserts. Evidemment il s’agit de ne pas trop alerter la population française sur notre intégration dans l’OTAN et notre engagement en Irak si l’on veut poursuivre tranquillement cette opération. Certains détails révélés sur l’accident d’aviation et la discrétion politique autour de lui laissent cependant un certain nombre d’interrogations. 

N’oublions pas que nous sommes en guerre, comme l’affirme Manuel Valls et que nos opérations sur l’Irak se font de concert avec les partenaires de l’OTAN, USA en tête, mais aussi avec l’Arabie Saoudite et Israël. L’ennemi déclaré est l’Etat Islamique bien que les avions US bombardent la Syrie et que nous sommes prêts à nous y joindre depuis que notre président Hollande ronge son frein. Al-Qaïda est partie prenante ainsi qu’Al-Nosra dans la guerre contre les puissances occidentales, et nourrit les attentats dans notre pays. Nous devons donc nous attendre à tout, même au sein de l’Armée. Le Moyen-Orient est un foyer de guerre dans lequel se mêlent des intérêts divers où les guerres d’influence religieuse, la mainmise sur le pétrole et l’affrontement avec la Russie en sont les composantes.

Commençons par la composante géopolitique apparemment la plus claire, celle qui lie la mouvance chiite, Iran, Hezbollah, Syrie et Russie. Il s’agit d’un axe qui traverse l’Irak et qui lie une composante religieuse avec le soutien russe. Les liens entre l’Iran et la Russie se resserrent sur le plan économique et géostratégique. Il n’est pas question pour la Russie de laisser les USA faire en Syrie ce qu’ils ont fait, sans nous d’ailleurs, en Irak sous la présidence de Bush. Rien que la possibilité de pouvoir lancer leur marine militaire sur la Méditerranée à partir de Tartous suffirait à comprendre leur volonté de soutenir Bachar el-Assad. Par contre la position des chiites au pouvoir à Bagdad oblige l’Iran à les soutenir contre les sunnites de l’EI dans une position qui ne manque pas d’ambiguïté. 

Par contre la composante géopolitique des adversaires de l’EI est beaucoup plus complexe. S’il y a apparemment accord au sein des pays de l’OTAN engagés sur l’Irak, il faut noter la position particulière de la Turquie. Elle s’oppose aux kurdes en alimentant les forces de libération de la Syrie et par là-même l’EI, en servant de base de repli et de transit d’armes et d’argent, alors que les forces de l’OTAN évite toute attaque contre les kurdes irakiens qui servent de frontière aux avancées de l’EI au nord. Par contre l’Arabie Saoudite joue un double jeu au vu et au su de tous en soutenant financièrement l’EI sunnite pour son combat contre les chiites et en participant en même temps aux frappes aériennes sur lui avec l’OTAN. Si l’on ajoute la Jordanie qui sert de pays d’entraînement des mercenaires qui opèrent sur le terrain en Irak contre l’EI et la lutte d’Israël contre l’axe Hezbollah-Iran, on voit que le Moyen-Orient est un melting-pot géopolitique où personne ne joue franc-jeu.

Cela peut même aller plus loin. La guerre contre l’Etat Islamique ne peut se terminer que par l’envoi de troupes de l’OTAN au sol. Le blanc-seing de l’ONU ne peut s’obtenir à cause de l’opposition russe et chinoise au Conseil de Sécurité, mais nous avons depuis la Libye pris l’habitude de passer outre. Par contre les opinions politiques, américaines en particulier, peuvent créer des difficultés insurmontables. Si l’on part de l’idée que la guerre frontale ne peut se terminer par une victoire nette sur le terrain, une autre stratégie est en train de s’élaborer. C’est celle du ventre mou d’un Etat Islamique enfermé dans une nasse empêchant son extension. L’idée serait concoctée par un axe Washington-Riyad-Tel-Aviv. Contrairement à ce qu’on dit sur l’antagonisme entre Israël et l’Arabie Saoudite, il ne faut pas oublier qu’ils ont un ennemi commun, le chiisme pour Riyad la Mecque du sunnisme, donc l’Iran pour Israël. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. 

Israël joue un jeu complexe dans le but d’éliminer la Syrie de Bachar el-Assad pour couper l’axe chiite Liban-Iran. Selon un journal libanais : «Nous savons qu’Israël accueille des blessés d’al-Nosra dans ses hôpitaux pour les renvoyer ensuite au combat». Ce groupe est pourtant l’auteur des plus sanglantes tueries. Si l’EI est circonscrit, il est facile de prévoir que des négociations s’engageront avec ses chefs. L’argent fera son œuvre et ce ventre mou sunnite coupera l’axe chiite à la grande satisfaction des USA, d’Israël et de l’Arabie Saoudite. Est-il possible qu’une telle tactique puisse germer dans l’esprit de Washington et de son satellite israélien ?


En 2005, l’ex-ministre britannique des Affaires étrangères, Robin Cook, avait écrit dans The Guardian : «Dans les années 1980, [Oussama Ben Laden] était armé et financé par les Saoudiens pour déchainer le djihad contre l’occupation russe en Afghanistan. Al-Qaïda [sic], littéralement “la base de données”, était initialement le nom du fichier informatique contenant les noms des milliers de Moudjahidins recrutés et entrainés avec l’aide de la CIA pour aller se battre contre les Russes. » Vous voyez que tout est possible. Si l’on ajoute à cela que l’Arabie Saoudite a eu des liens très forts avec Al-Qaïda et que, selon mes informations personnelles, Ben Laden est mort d’urémie en Arabie Saoudite, on a de quoi ne s’étonner de rien. N‘oubliez pas que l’Armée obéit et qu’on la nomme la Grande Muette… mais nos soldats, pères, mères et enfants, meurent pour elle ! 

La France n’est plus maîtresse de sa politique budgétaire, elle mendie.

La France n’est plus maîtresse de sa politique étrangère, elle suit. 

C’est peut-être la Grèce qui lui rendra son identité 

Beaucoup mieux que Charlie Hebdo ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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