samedi 20 décembre 2014

Schizophrénie ou arrêt des énergies renouvelables ?



Rien ne semble vouloir arrêter Ségolène Royal dans l’aventure des énergies renouvelables. Les éoliennes sont toujours au programme sur nos côtes de la Manche et de la Vendée et les subventions à leur développement ainsi que celui des panneaux photovoltaïques fait toujours partie du budget 2015. Ces techniques n‘ont toujours pas atteint le seuil de rentabilité et loin s’en faut surtout pour le solaire. L’emprise sur la mer des éoliennes offshore, qui empêchent des zones de pêche, la nuisance vibratoire des éoliennes situées à quelques centaines de mètres des villages, la perspective de soustraire des terres agricoles pour l’implantation de panneaux comme en Allemagne, etc. ne font pas faiblir la décision écologique du gouvernement.

Dans plusieurs articles j’ai dénoncé cette course aux énergies renouvelables pour notre pays et cette volonté de se soustraire au nucléaire, fleuron de notre recherche et de notre industrie. Deux énergies renouvelables sont actuellement possibles et adaptées aux besoins de notre pays, la géothermie et l’énergie hydraulique. Toutes deux offrent des énergies peu coûteuses, en particulier l’énergie hydraulique, la moins chère actuellement. Trois n’offrent pas d’intérêt économique et même environnemental pour un pays industriel, la biomasse, l’éolien et le solaire. La biomasse fournit une part importante de l’énergie dans le monde mais essentiellement dans le tiers et surtout le quart-monde. L’éolien et le solaire sont des énergies intermittentes et aléatoires que nous ne maîtrisons pas. Elles ne sont pas encore stockables dans des conditions abordables. Elles apparaissent donc à des moments en surproduction ou en sous-production par rapport à la demande. 

Cette inadéquation fondamentale à la demande crée une nécessité de disposer de moyens d’adaptation à la demande mobilisables à tout moment en un temps court. Ceci est réalisé par les centrales thermiques (charbon, fuel, gaz) qui sont mises en marche ou arrêtées selon les besoins. Plus on met en œuvre d’éoliennes et de panneau solaires, plus on doit disposer de centrales thermiques. Le nucléaire ne peut que répondre à des variations lentes, saisonnières par exemple. C’est le problème actuel de l’Allemagne qui rouvre des mines de lignite et place des centrales thermiques près des forêts d’éoliennes. Ne pas procéder ainsi veut dire que l’on compte sur l’interconnexion européenne, au risque de faire s’écrouler tout le système d’alimentation électrique européen, le trou noir. 

En 2013 l’origine de la production électrique vendue par EDF se répartit comme suit : Nucléaire 79,3%. Renouvelables 14,4% (dont hydraulique 9,3 %, éolienne 3 %, solaire 0,66 %). Charbon 3,3%. Gaz 1,7 %. Fioul 1%. Autres 0,3 %. Nous sommes encore dans une faible proportion d’énergies renouvelables, pourtant nous voyons nos campagnes se décorer de ces éoliennes très dispersées qu’il faut de plus raccorder au réseau. Nous n’avons pas encore les problèmes de l’Allemagne car l’éolien et le solaire ne représentent que moins de 4% de l’énergie produite mais nous sommes en train d’y aller si nous continuons. Un taux de 15% sera difficilement gérable sans l’apport de nouvelles centrales thermiques polluantes. 

Il est démontré que l’éolien et le solaire ne sont rentables qu’avec des subventions à la construction et des tarifs de vente de l’électricité produite très supérieur au tarif normal pour les usagers. C’est déjà une erreur économique que les allemands vont payer cher. Selon les chiffres du ministère de l’Ecologie allemand, le montant total des investissements s’élève à près de 120 milliards d’euros pour la période 2005-2012 dont une large part est financée par le consommateur : en 2012, un ménage allemand payait le mégawattheure (MWh) 260 euros. En France, il ne coûte que 140 euros.  Mais un fait nouveau devrait définitivement reporter l’aventure des énergies vertes à une date où au moins les avancées technologiques les rendraient rentables. Il s’agit de la baisse considérable du  pétrole, baisse si conséquente qu’elle remettrait en cause l’énergie nucléaire car le thermique deviendrait moins cher. Evidemment le thermique émet du gaz carbonique et les écologistes seraient pris entre deux feux, le danger du nucléaire et le réchauffement climatique. 

Si les centrales nucléaires sont un investissement pour au moins une quarantaine d’années, et ne sont pas sensibles à une variation du prix du pétrole car l’investissement à a construction est derrière nous, ce qui n’est pas le cas des énergies éolienne et photovoltaïque. La baisse du pétrole est due surtout à la volonté de faire sombrer économiquement la Russie, très dépendante de la vente de son gaz et de son pétrole, grâceà une entente avec les grands producteurs partenaires comme l’Arabie saoudite. L’argument avancé de la diminution de la demande en pétrole par suite de l’autosatisfaction des besoins américains grâce au gaz de schiste ne tient pas, car le prix de revient du pétrole américain à partir du gaz de schiste est de l’ordre de 100$ le baril, or nous en sommes à 60$. Les USA n’ont donc pas intérêt économiquement à un pétrole bon marché qui les pousserait à arrêter la production de gaz de schiste pour se tourner vers l’importation et tirer un trait sur l’indépendance énergétique. Il s’agit bien d’une manœuvre géopolitique. 

Il en résulte qu’une telle ampleur de la baisse du pétrole se résorbera au moins partiellement dans l’avenir mais cela signe l’arrêt des énergies éolienne et photovoltaïque dont le coût s’éloigne significativement encore plus par rapport à celui de l’énergie thermique. Ne pas en tenir compte tournerait à la schizophrénie ou un dogmatisme coupable alors que la France a des besoins pressants d’investir dans des secteurs rentables. En France particulièrement, rien ne justifie plus économiquement la poursuite des subventions à l’éolien et au photovoltaïque qui doivent trouver seuls leur place dans un marché concurrentiel non faussé. 

Lorsque l’on fausse le marché pour des aventures non rentables 

On appauvrit le pays et on pompe inutilement de son énergie. 

Le dogmatisme écologique devient alors un repoussoir 

Qui finit par nuire à l’écologie raisonnable ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon   

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