jeudi 18 décembre 2014

Réforme « Micron » et grandes régions, la potion amère



Après les envolées et les grands coups de manche d’Arnaud Montebourg qui se faisait fort en juillet de faire une « bataille de l’audace » pour transformer l’économie et restituer 6 milliards d’euros aux Français, nous avons droit à une réformette dont les mesures phares ne jouent qu’à la marge et soulève des protestations corporatives chez les professions privilégiées. D’ailleurs le projet de réforme se détricote au fur et à mesure. Il ne faut froisser personne et on dénie même avoir eu l’intention de toucher à l’âge de la retraite. 

L’audace c’est Manuel Valls qui séjourne en Bretagne et affirme que le projet d’aéroport de Nantes se fera coûte que coûte. Les termes sont choisis car les pénalités de retard du chantier s’alourdissent. Il est tout-de-même troublant d’entendre un Premier Ministre se prévaloir d’une décision de justice favorable alors que celle-ci n’a pas jugé. Valls est tellement pressé qu’il omet d’en informer la Ministre de l’Ecologie qui a le dossier sous le coude. Ce projet d’aéroport n’est pas critiqué que par les écologistes. Le projet ne semble pas devoir apporter une augmentation du trafic en rapport avec les sommes dépensées, mais principalement une aérogare plus fonctionnelle. 

La présence de Valls en Bretagne, suffisamment inopinée pour ne pas mobiliser les bonnets rouges, fait partie du plan de communication du Premier Ministre dans une région que la réforme territoriale ne permet pas de retrouver ses frontières historiques avec l’ajout du département de la Loire Atlantique et qui ne pèsera pas lourd sur le plan économique. La logique du grand charcutage échappe au bon sens qui aurait voulu que l’on désigne d’abord les capitales régionales avant de leur attribuer un territoire. Que ce soit au Nord, à l’Est ou au Sud, on se dirige vers une bataille entre grandes villes qui peut s’avérer paralysante pour l’exécution de la réforme. 

Au Nord la maire de Lille et la Picardie ne convolent pas avec enthousiasme. A l’Est la riche Alsace voit ses finances s’envoler plus loin que la Lorraine et Strasbourg se trouvera à la frontière d’une grande région qui va jusqu’à l’Ile-de-France. Au sud l’immense région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon va voir une bataille féroce entre Toulouse et Montpellier, ces deux villes étant considérées comme des métropoles régionales. On peut s’inquiéter aussi de l’efficacité de ses régions si les conseils départementaux sont supprimés. Or sur le plan financier c’est cette dernière suppression, qui apporte une simplification administrative et une diminution des dépenses, associée à de grandes communautés de communes. Cette réforme qui va demander beaucoup d’énergie et de temps pour atteindre la stabilité et l’efficacité est encore préparée à la va-vite et se caractérise par un isolement plus grand d’une majeure partie de l’espace rural. 

Loi « Macron » et réforme territoriale ont pourtant un lien, il s’agit de duper une énième fois Bruxelles, Berlin et Francfort en prétendant que des réformes économiques et structurelles majeures sont en cours. Le succès de celles-ci est plus qu’aléatoire et insuffisant. Pourtant les circonstances extérieures sont on ne peut plus favorables avec d’une part la baisse circonstancielle des taux d’intérêt qui réduit le coût du refinancement de la dette, et d’autre part une baisse concomitante du prix du brut et de l'euro. Cette baisse ne profitera d’ailleurs pas entièrement au consommateur car l’Etat s’est empressé d’augmenter la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques pour masquer la perte de recettes fiscales nettes de 11,5 milliards, dont 6,1 sur l’impôt sur le revenu en 2014 par rapport à la loi de finances initiale. 

Même avec des circonstances extérieures très favorables 

L’Etat ne diminue pas son déficit et pleure à Bruxelles.

 Alors quand elles seront défavorables, 

On ira en cale sèche ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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