samedi 26 juillet 2014

La croissance suffit-elle à diminuer le chômage ?

Les chiffres du chômage de juin sont de nouveau mauvais avec une augmentation de 0,3% dans une croissance qui ne repart que mollement. Le Président a mis la croissance comme le facteur décisif de l’inversion de la courbe du chômage comme si cela allait de soi. De toute évidence une croissance forte entraîne une diminution du chômage mais le chômage en France semble être un mal endémique puisque nous ne décollons que rarement des 9% de chômeurs alors que le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les États-Unis sont souvent en-dessous de ce chiffre.
Inverser quelque peu la courbe ascensionnelle du chômage ne veut donc pas dire que nous reviendrons dans les taux allemands puisque nous n’y sommes jamais arrivés. Nous allons donc nous intéresser aux deux indicateurs du taux d’emploi et la valeur du PIB/Habitant par rapport à celui de l’UE sur l’ensemble des pays de l’Europe. Le taux d’emploi est plus représentatif que le chômage parce qu’il inclut le travail partiel. 

Le graphique ci-contre montre clairement qu’un lien existe avec le niveau de richesse accumulée par habitant. Autrement dit le taux d’emploi d’aujourd’hui est tributaire du niveau de l’économie des années antérieures. On voit que la France ne bénéficie pas à plein de ce niveau acquis du PIB/Habitant. Elle fait nettement mieux que l’Espagne ou l’Italie qui ont un taux d’emploi désastreux. L’Allemagne et ses pays voisins, la Suède et le Royaume-Uni ont accumulé plus de richesses créatives d’emploi. La richesse amène la richesse et inversement.

Il est intéressant de regarder ce qui se passe dans la période que nous venons de vivre avec ce nouveau gouvernement. L’étude des variations du taux d’emploi en 2012-2013 montre un lien fort avec celle du PIB/Habitant. Sur l’ensemble des pays européens une variation de 1% du PIB/Habitant se traduit en moyenne par celle de 0,27% du taux d’emploi. Il faut noter que notre taux d’emploi 2013 est de 69,5% et celui de l’Allemagne de 77,1%. Cela n’explique qu’une grande part des variations des taux d’emploi entre les pays européens. 

Les contraintes imposées par Bruxelles sur le déficit public imposent normalement aux pays de serrer la dette. Il est donc intéressant de voir l’impact de la variation de la dette une fois tenu compte de celle du PIB/Habitant. L’impact de la variation de la dette est encore statistiquement significatif mais d’influence plus faible. Une diminution de la dette de 10% entraîne une augmentation inférieure à 0,8% du taux d’emploi. On constate donc qu'en moyenne en Europe, la diminution de la dette peut être négative pour l'emploi si la politique d’austérité n’est pas appliquée dans un sens positif.

Cette étude montre que les variations des deux paramètres du PIB/Habitant et de la dette, s’ils sont bien liés à celle du taux d’emploi, laissent une part importante de variation qui trouve son explication ailleurs dans l’évolution socio-économique des pays. On peut néanmoins représenter graphiquement la variation du taux d’emploi réelle en 2012-2013 et celle que laisserait espérer celles du PIB/Habitant et de la dette sur l’ensemble des pays de l’UE. On voit que l’Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni a fait un peu mieux que prévisible, et la Grèce, l’Italie, l’Espagne et la France moins bien. 

Il y a donc bien des différences socio-économiques entre les différents pays qui viennent donner une autre dispersion des taux d’emploi réels mais on constate que les politiques menées par les pays du sud sont mauvaises et que la croissance ne donne pas les effets attendus. La croissance n’est donc pas un gage de diminution du chômage car elle doit s’appuyer sur une politique socio-économique qui permette à cette croissance d’avoir les effets attendus sur l’emploi. On voit que pour la France la politique menée jusqu’alors par le gouvernement ne peut inverser la courbe du chômage avec une croissance molle. Nous nous laissons traîner par l'Europe qui piétine. Le chiffre du chômage de juin ne vient que confirmer ce que met en lumière cette étude. 

La France a besoin d’une politique économique dynamique. 

Les entraves qu’elle met à la libre entreprise,

Le refus de libérer la monnaie, 

Le rôle paralysant de l’État

Sont mortifères ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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