vendredi 23 mai 2014

Une autre Europe ou la guerre ?

Il y a mille raisons de voter pour l’euroscepticisme, comme celles de l’hégémonie allemande, de la dette toujours plus lourde, de la perte de démocratie, de la perte d’indépendance et d’identité de notre pays, du chômage et de la pauvreté grandissante, de la cure d’austérité sans croissance, de l’immigration de population d’une civilisation historiquement hostile, et de la circulation incontrôlable des personnes sur le territoire européen. Mais il y a une qui dépasse toutes les autres… la guerre ! Oui, la guerre, car tout est fait pour la mettre à nos portes. Notre vassalisation aux États-Unis, aux puissances dominantes des kleptocrates, nous enferme dans un grand projet transatlantique qui nous conduit de gré ou de force vers une nouvelle guerre froide contre un bloc eurasien, très supérieur en nombre d’individus et à la capacité économique et militaire impressionnante. Ce bloc se constitue sur la colonne vertébrale russo-chinoise. 

Il faut rejoindre les eurosceptiques pour des raisons de géopolitique ! La guerre en Libye a enchanté ceux qui croient que la France doit être la première au combat et montrer sa force cachée derrière la puissance américaine qui en joue comme d’un pion. La destruction systématique des régimes forts du sud et de l’est méditerranéen a commencé avec la complicité des pays sunnites de la péninsule arabique. Tunisie, Libye, Égypte rentrent ainsi dans la dépendance au Coran, à la charia, et aux USA avec notre complicité. 

La Syrie est à feu et à sang et un programme de harcèlement est en cours pour déstabiliser ce pays à moyen terme puisque la victoire militaire semble changer de camp. Cette fois, contrairement à l’attitude envers la Libye, la Russie a compris qu’il ne fallait plus laisser faire. Les USA et leurs alliés occidentaux et Israël étaient en train de s’attaquer aux amis et aux implantations militaires de la Russie. 

Complices des protestataires de Kiev, l’UE et les USA ont destitué un Président élu dans des conditions totalement illégales, mis un gouvernement provisoire sans concertation avec la partie russophone de l’Ukraine, et contribué par leur appui inconditionnel à mettre l’instabilité dans le pays. La raison invoquée de la démocratie ne tient pas puisqu’il s’agissait d’imposer un lien fort avec l’UE et une intégration à terme pour s’opposer aux relations économiques privilégiées de ce pays avec la Russie. Cette manœuvre géopolitique a mis la Russie dans l’obligation de réagir devant une attaque délibérée de son partenariat économique et l’arrivée de l’OTAN à ses frontières. 

En annexant la Crimée, très majoritairement russophone, Poutine a sauvé l’accès maritime à la mer Noire et sa base militaire. Il a exprimé son intention de défendre les russophones de l’est sans chercher l’affrontement direct pour l’instant. Mais il a compris que l’UE, sous l’impulsion de la géostratégie américaine, chercherait à faire de la Russie plus un adversaire économique qu’un partenaire et que l’hégémonie américaine était en train de faire un nouveau pas agressif dans sa direction. Il a visiblement compris que la menace était suffisamment forte et imminente pour réorienter la stratégie russe. 

Les  20 et 21 mai à Shanghai, il a signé avec son homologue chinois XI Jinging une déclaration commune établissant un partenariat à part entière et une collaboration stratégique entre les deux pays. Cette collaboration touche déjà un domaine particulièrement important, celui de l’énergie où la Russie va développer ses sites énergétiques en partenariat avec la Chine et réorienter ses exportations de gaz vers la Chine sans abandonner l’Europe… pour l’instant. 

Mais c’est aussi une contre-attaque en règle contre le dollar, l’un des deux piliers de la puissance américaine avec la force militaire. Les échanges entre les deux pays vont pouvoir se faire dans leur monnaie nationale, le rouble et le yuan, affaiblissant la prééminence du dollar sur les marchés bancaires. Cet accord interbancaire prévoit aussi le partenariat dans les domaines des investissements bancaires, des prêts interbancaires, de la finance et des transactions sur les marchés. 

Si l’UE avait décidé de ne pas suivre les USA, cette réaction russe n’aurait pas eu lieu car Poutine avait souhaité se rapprocher et participait déjà sans droit de vote à des discussions entre les pays de l’UE. Il s’agit d’un renversement historique de stratégie car le communisme n’est plus le lien, et les relations restaient toujours difficiles entre les deux pays. C’est ainsi que les Chinois vont réinvestir en Russie les profits réalisés sur le marché européen. Pendant ce temps l’UE est redevable des 5 milliards promis à l’Ukraine, pays déstabilisé déjà engagé dans une guerre civile, alors que nous comptons l’aide aux pays européens en difficulté et leur imposant une austérité drastique. 

Peu de politiques semblent comprendre que nous entrons dans une nouvelle phase de l’histoire. Nous sommes à un point de rupture comparable à la chute du mur de Berlin. Le rêve de la paix, de la bonne gouvernance mondiale sous l’œil bienveillant des USA, de la lutte pour les Droits de l’Homme, de la lutte contre la prolifération nucléaire, du règne de la loi et de la fiscalité, et de libéralisation des échanges commerciaux et de capitaux, ce rêve du gagnant-gagnant se prépare à devenir cauchemar. 

La puissance du dollar entraîne les USA et ses alliés vers des guerres iniques, des interventionnismes voulant remodeler le monde à leur profit en ignorant que cette politique égoïste fait fi de la renaissance des nationalismes une fois les idéologies disparues. Les USA ont perdu du terrain avec l’opération manquée de dépouillement de la Russie avec Gorbatchev et Eltsine, celle de la Géorgie, le camouflet de l’Iran, de la Syrie et de la Crimée. par contre Poutine a sorti la Russie du marasme économique de 1998. Le monde redéfinit des zones d’influence à nationalisme fort et l’hégémonie américaine butte sur la Russie, la Chine, l’Iran, la Syrie. 

Les USA étant en train d’échouer pour la domination du monde sur tous les plans, financier, économique, monétaire, culturel, légal, etc…, la tentation est forte de se servir de sa force militaire qui reste encore la plus puissante du monde. Notre présence en Ukraine à leurs côtés est un brulot qui met la paix du monde en danger alors que des alliances hasardeuses sont nouées avec les sunnites pendant qu’Israël mène le jeu au Moyen-Orient et aux frontières de l’Europe et de l’Asie. 

Malheureusement la paix ne peut perdurer dans un antagonisme entre deux blocs, un troisième bloc européen doit y prendre sa place. Mais cette Europe-là ne peut exister que si elle prend conscience du fait que la construction actuelle est la négation de son autonomie et de son indépendance, la négation de son rôle dans l’histoire. Il faut une Europe qui soit un ensemble de nations unies par des intérêts communs, par un projet commun, qui leur appartiennent, à elles, et non pas à celui qui prétend les dominer. Cette Europe-là ne peut exister avec des dirigeants à courte-vue, comme Hollande, ou des obsédés de la finance, comme les Anglais, ou des marchands, sous une domination hégémonique étrangère. 

Reconstruisons une autre Europe, 

Celle des Nations libres et unies 

Pour préserver la paix ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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