jeudi 8 mai 2014

Sans l'URSS nous serions tous allemands !

L’année 2014 est riche en commémorations d’évènements militaires tragiques ou heureux qui ont marqué l’histoire de la France quand ce n’est pas de l’Europe et du monde. C’est d’abord le centième anniversaire du 1er août 1914, jour de la mobilisation de la première guerre mondiale qui a fait au total 18 millions de morts ou disparus et  21 millions de blessés. Ensuite c’est aussi le 60ème anniversaire de la chute de Dien Bien Phu le 7 mai 1954. Après 57 jours et 57 nuits de combats d’une rare férocité entre les soldats du corps expéditionnaire français et les troupes vietminh, le camp retranché tombe aux mains des forces du général Vo Nguyen Giap. Elle durait depuis huit ans. La bataille de Dien Bien Phu aura fait, côté français, 3 420 tués ou disparus et 5 300 blessés. 

Plus proche de nous, c’est le 70ème anniversaire du débarquement des troupes alliées en Normandie le 6 juin 1944. La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l’humanité ait connu, mobilisant plus de 100 millions de combattants de 61 nations, déployant les hostilités sur quelque 22 millions de km, et tuant environ 62 millions de personnes, dont une majorité de civils. Nous commémorons aujourd’hui le 69ème anniversaire de la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945. Notre sentiment d’horreur de la guerre nous fait penser au 10 juin 1944, jour du massacre d’Oradour-sur-Glane. Notre sentiment patriotique nous rappelle que la France de l’ombre, celle de la Résistance, a vu le maquis du Vercors disloqué par les forces allemandes fin juillet 1944, prenant la vie à 840 combattants et civils français. Cela nous fait oublier la collaboration et la milice qui a torturé ou tué nombre de patriotes.

L’histoire met souvent en exergue ce qui nous glorifie, nous ou nos alliés, mais à l’heure où certains voient un nouveau début de guerre froide avec la Russie, il est bon de se souvenir que, sans l’engagement de l’URSS dans le conflit contre l’Allemagne en 1941, nous serions très probablement allemands… l’Europe aurait été plus facile à construire ! En effet de juillet 1941 jusqu’à la fin de la guerre, c’est l’URSS qui a supporté le plus grand poids militaire des forces allemandes, jusqu’à 70% et le plus lourd tribut en pertes humaines.

Le 22 juin 1941, la Wehrmacht envahit l'URSS dans le cadre de l'Opération Barbarossa. Elle mobilise 3,2 millions de soldats allemands, et 600 000 soldats des états alliés de Hongrie, de Roumanie, de Finlande, de Slovaquie et d'Italie. C'est à ce jour la plus grande offensive militaire de l'histoire. En décembre 1941, elle est stoppée à une trentaine de kilomètres de Moscou, grâce aux rigueurs de l’hiver et au patriotisme russe. Elle doit aussi faire le siège de Leningrad pendant 900 jours entraînant la famine et la mort de 700.000 habitants.

Soutenue par une forte aide américano-britannique en matériel de qualité et en ravitaillement, l’Union soviétique supporte presque seule l’effort de guerre contre l’Allemagne nazie. À partir de juin 1942, les Allemands ont relancé leur offensive vers l’est, en direction de la Volga et des pétroles du Caucase. Mais les troupes allemandes restent bloquées devant Stalingrad et finalement capitulent en janvier-février 1943. C’est le tournant de la guerre avec l’attaque de Pearl Harbor qui provoque l’entrée en guerre des États-Unis.

Désormais l’armée soviétique reprend l’initiative avec un ascendant en hommes, en matériel et en tactique militaire malgré des contre-offensives allemandes dangereuses comme celle de Kharkov (Ukraine orientale) pour empêcher la libération de ce pays ou de Koursk (Russie). Mais les victoires russes vont s’enchaîner. Les soviétiques entrent à Kiev, en Ukraine, en novembre 1943, dégagent Leningrad en janvier 1944. Ils lancent, le 22 juin 1944, la plus grande offensive de leur histoire, l’opération Bagration, qui permet de libérer la Biélorussie en quelques semaines, d'entrer en Prusse-Orientale et en Pologne jusqu'aux faubourgs de Varsovie.

Rien n’empêchera plus l’armée soviétique d’atteindre Berlin. Désormais il faut se souvenir que ce fut la première armée à découvrir la mort industrielle et planifiée dans le camp de concentration de Maïdanek (dans les faubourgs de la ville polonaise de Lublin), qu’en 1943 et 1944 lors de la bataille de l’Ukraine, ce sont 1,2 à 1,5 millions de juifs qui ont été exterminés sur place par l’armée allemande, et enfin que des centaines de villages et de bourgs ont connu le sort d’Oradour-sur-Glane. Il faut aussi prendre conscience que le débarquement en Normandie n’aurait pas été possible si l’URSS n’avait pas contenu l’essentiel des forces militaires allemandes. Sans ce pays nous apprendrions l’allemand dans nos écoles… et l’Europe germanique serait sans doute depuis une réalité.

A l’heure de la constitution d’une nouvelle hégémonie allemande sur l’Europe, il faut saluer la visite de Poutine aux cérémonies du débarquement en Normandie (d’ailleurs l’escadrille Normandie-Niemen est un symbole dans cette guerre horrible). Il faut comprendre que la Russie a vocation à entrer dans l’Europe plutôt qu’à se rapprocher de la Chine et que l’OTAN ne doit pas œuvrer à nous en séparer. C’est pourtant ce qui se joue en Ukraine dans une partie géopolitique où l’UE prend conscience qu’elle est un nain politique sans armée, donc un continent de consommateurs, proie future d’un marché transatlantique et d’une occupation militaire (non d’une couverture de défense ! Excusez-moi) américaine comme en Pologne.
L’UE a vu le jour sous la tutelle américaine avec Jean Monnet.
Elle a fait vœu de non puissance dans ses textes fondateurs.
Nain politique et militaire quel avenir a-t-elle
Sinon la vassalité et l’exploitation
Par le dollar-roi et l‘OTAN ?
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon