dimanche 23 février 2014

Où va l’Europe du chômage ?

L’Ukraine tient l’actualité pour quelques jours. L’espoir de démocratie a tué plus d’une centaine de personnes et estropié sans doute beaucoup plus d’hommes et de femmes qui garderont les stigmates d’un combat qu’ils croient avoir gagné pour leur bonheur futur. Leur égérie et son accolyte, aux postes-clés, aux mains de l’UE et du monde économique et financier, ne garantissent pourtant rien de bon pour le peuple divisé en trois zones géographiques par ailleurs. Dans le combat géopolitique entre les deux géants russes et américains cela ne garantit même pas de conserver les frontières actuelles.

Ce brouhaha médiatique fait les affaires d’un gouvernement français aux abois qui va devoir réaliser au moins un budget crédible prenant en compte un Pacte de Responsabilité, lui-même à lancer dans une urgence de mauvais aloi.  Cela fait l’affaire aussi de l’UE qui s’enfonce globalement et devient le souci du FMI tant sa croissance est famélique. On se garde bien de tenir compte des derniers chiffres que nous livrent les statistiques sur des paramètres révélateurs de la santé de ce continent et des pays qui le composent. Passez, il n’y a rien à voir. 

Sans se lancer dans de grandes études économiques, il y a pourtant deux chiffres qui résument le mieux l’état de santé de l’Union Européenne, le taux de chômage et le taux d’emploi. Disons pour résumer que le premier désigne les personnes qui ne sont pas employées à plein temps et le second représente les personnes qui ont un emploi même partiel. Un taux de chômage élevé et un taux d’emploi faible caractérisent les pays en difficulté économique donc aussi sociale. A l’inverse un taux de chômage faible et un taux d’emploi élevé est l’apanage des pays relativement en meilleure santé. 

Qu’observe-t-on sur l’Europe ? La première observation globale sur les chiffres publiés par Eurostat est que les pays de l’UE hors euro se portent mieux que les pays dans la zone euro comme le montre le premier graphique qui donnent les valeurs absolues. Si l’on représente la variation de ces chiffres par rapport à la moyenne des pays de l’UE on a une loupe qui permet de mieux apprécier les différences. On constate que le chômage dans la zone euro est de 12,2% supérieur à la moyenne de l’UE et que celui des pays hors zone euro est de 23% inférieur. Donc le chômage hors zone euro est supérieur de près de 45% à celui de la zone euro ! Pour le taux d’emploi celui de la zone euro est inférieur de 0,6% à la moyenne UE et celui de la zone hors euro est supérieur de 1,1% soit une différence de 1,7% entre les deux. 

Deux constats s’imposent l’euro ne garantit en rien un chômage plus faible bien au contraire et le taux d’emploi partiel ne comble même pas la supériorité relative du chômage de la zone euro. Mais le constat est encore plus sévère avec certains pays européens hors UE à savoir Norvège, Suisse et Islande. Le taux de chômage y est entre 51% et 67% plus faible et le taux d’emploi entre 17 et 20% plus élevé ! Le troisième constat est donc que l’appartenance à l’UE et à ses contraintes n’est même pas un gage de réussite et que plusieurs pays peuvent s’en sortir seuls et beaucoup mieux. 

Le cas de l’Islande est particulièrement intéressant car il est en passe de ne pas aller plus loin que sa candidature à l’Union Européenne, après avoir été mise à mal par la crise de 2008. L'Islande, modèle de sortie de crise ? L’Islande a fait sa révolution des casseroles, pacifique celle-là, mais a mis tout le monde dehors y compris les banquiers et la dette… On comprend  le titre du Figaro de la même époque "L'Islande, relevée de la crise, tourne le dos à l'euro". Cela ne fait absolument pas réfléchir nos européistes qui veulent absorber l’Ukraine ! 

Sur ces graphiques on voit la détresse des pays sud Grèce, Espagne, Portugal, Italie mais la France ne brille pas si veut bien se dire qu’elle a potentiellement beaucoup plus d’atouts acquis que ceux-ci par son histoire, sa position géographique, sa langue, etc. Elle fait pâle figure par rapport au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, à la Suède. Tiens ces pays n’ont pas l’euro. Elle fait très pâle figure par rapport à la Norvège, à la Suisse et même à l’Islande… Tiens ces pays ne sont pas dans l’UE ! 

Je vous laisse conclure. L’euro nous protège ? L’UE et sa globalisation et ses contraintes nous offre la solution ? La France a su tirer parti de ses atouts ? J’ai peur de votre réponse car cela voudrait dire que je me suis trompé en élisant nos Présidents depuis plus de trente ans… Hélas… Pourtant d’autres ont la solution, alors que fait-on ? Tous dehors nous disent les islandais qui ont vu clair! J’ai peur que nous soyons au royaume des aveugles guidés par des fous. 

« C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles. » 

William Shakespeare 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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