jeudi 27 février 2014

Deux faux espoirs, baisse de l'euro et Pacte de Responsabilité !

Ça y est le Président Hollande est le dos au mur. Le pari raté de l’inversion de la courbe du chômage est reporté à fin 2014 et le nouveau joker c’est le Pacte de Responsabilité, donnant-donnant avec le Medef, des sous contre de l’emploi. Le pari est non seulement osé mais il est contraire au bon sens car si le plateau contenant les sous mérite d’être dévoilé, l’autre plateau ne contient que des emplois possibles à défaut d’être certains. Comme je l’ai déjà dit les entreprises françaises qui seront les moins avantagées et qui créent l’essentiel de l’emploi ont les plus basses marges de l’UE. Elles commenceront par les relever pour investir plus que pour créer des emplois vues les contraintes qui pèsent sur les embauches en CDI. Mais Arnaud Montebourg a ouvert un autre chantier, l’euro trop cher pour doper la compétitivité. 

Le constat sur le chômage est en effet inquiétant comme le montre le graphique ci-joint où la stagnation du nombre de jeunes chômeurs n’a été possible que par des emplois aidés donc précaires. La catégorie des plus de 55 ans paie le prix fort. Leur mise à pied donne peu de chance de réembauche vu la conjoncture. Ceci veut dire de plus que de nombreuses retraites anticipées ont été négociées par les entreprises. Plus inquiétant encore c’est l’augmentation du temps moyen d’inscription à Pôle Emploi. La difficulté pour trouver un emploi s’aggrave. 

Ceci ne fait qu’inciter les travailleurs à la fraude. Deux millions d'euros détournés en deux ans, des dizaines de faux documents, une cinquantaine de comptes en banques, plus d'une centaine de fausses identités... et derrière cette fraude historique à Pôle emploi, un seul homme. L'histoire de Philippe Lemoual, racontée par Le Parisien, lundi 24 février, met en lumière l'une des plus grosses arnaques à cet organisme parmi les milliers recensées. Ceci corrobore l’avis de la Cour des Comptes qui demande une lutte plus efficace contre la fraude. 

Il est d’usage de parler des chômeurs de la catégorie A, sans travail, de l’ensemble des catégories qui représente, en janvier 2014, 5,5977 millions de chômeurs en France métropolitaine. On y ajoute l’ensemble des catégories A, B et C. J’ai montré qu’il est plus intéressant de comptabiliser toutes les catégories représentant les chômeurs sans emploi ou ne travaillant qu’à temps partiel. Pour ce faire il faut prendre la somme des catégories A, B et D. Le graphique ci-contre représente l’évolution sur le quinquennat actuel et le précédent. On constate que la courbe du chômage n’est même pas stabilisée, quoiqu’en dise Michel Sapin. 

Le graphique qui représente le pourcentage d’évolution cumulée du chômage depuis décembre 2006 à janvier 2014 montre nettement six périodes distinctes. Jusqu’en mars 2008, le chômage diminue jusqu’à 10% depuis décembre 2006. De mars 2008 jusqu’en septembre 2010 le chômage augmente mais surtout jusqu’en septembre 2009. De septembre 2010 à avril 2011, le chômage n’évolue plus. De mai 2011 à mai 2012, le chômage recommence à augmenter avec une pente plus faible que dans la période mars 2008-septembre 2010. De juin 2012 à juin 2013, le chômage augmente plus vite que dans la période précédente. Enfin de juillet 2013 à janvier 2014 le chômage augmente mais nettement moins vite. On note 55% d'augmentation du chômage depuis mars 2008 !

Le président veut de la croissance pour diminuer le chômage, il est donc intéressant de regarder la relation entre la croissance trimestrielle et la moyenne de la variation du taux de chômage correspondante. On constate sur le graphique ci-joint que 1% de croissance donne de l’ordre de 1,1% de baisse de chômage sur la période 2007-2013 avec une grande dispersion des valeurs trimestrielles. Ceci corrobore le fait que la croissance est bénéfique à moyen terme mais que son effet est sujet à de nombreux évènements perturbateurs à court terme. Mais on peut faire un autre constat si l’on sépare la période du précédent quinquennat de celui actuel. Si le constat du, un peu plus de 1% de baisse de chômage pour 1% de croissance est bien retrouvé, il n’en est pas de même sous la Présidence actuelle. Le 1% de croissance ne semble plus donner qu’un peu plus que 0,4% de baisse de chômage. 

Ce dernier constat montre que soit la situation économique du pays s’est fortement dégradée ou que la politique de ce Président est moins efficace ou bien encore les deux. Ce n’est donc plus 0,5% de croissance qui stabilisera le chômage en 2014 comme dans le quinquennat précédent mais vraisemblablement plus de 1,5% de croissance si rien ne change. Le Président parie pour cela sur le Pacte de Responsabilité et laisse Arnaud Montebourg tenter sa chance avec une baisse de l’euro qui aurait un impact immédiat et beaucoup plus fort sur la compétitivité.

Malheureusement rien n‘est gagné pour le Pacte de Responsabilité car atteindre 1,5% de croissance est inenvisageable et le pays se trouve dans une dynamique très différente de celle du précédent quinquennat. Pour l’euro ceci ne résoudra pas la compétitivité avec les pays de la zone euro et de plus l’Allemagne a un tel bilan de son commerce extérieur qu’elle n’est pas prête de lâcher l’euro… sauf si elle doit trop mettre la main à la poche pour aider les pays en difficulté. C’est sans doute le moyen ultime pour la faire plier… continuer à s’appauvrir ! 

Il semble que nous soyons arrivés à un point de non-retour 

D’autant plus qu’en se retournant on ne voit personne 

Comme Napoléon à Waterloo !

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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