jeudi 2 janvier 2014

2014 ou les deux pieds dans le brouillard !

A peine le discours présidentiel passé sur les ondes, la réalité d’une France qui perd nous saute à la figure. L'indice PMI d'activité dans le secteur manufacturier est à son plus bas niveau en décembre depuis sept mois, à contre-courant de nos voisins. Les replis de la production et des nouvelles commandes se renforcent en novembre et le recul de l’emploi s’accélère. Alors qu’aucun retournement de notre situation ne se profile encore à l'horizon, « l'indice PMI d'activité dans l'industrie de l'ensemble de la zone euro a ainsi grimpé en décembre à son plus haut niveau depuis 31 mois, porté par une performance toujours solide de l'Allemagne, ainsi que par des rebonds en Grèce et en Espagne. » (Le Point). D’ailleurs le marché automobile est au plus bas depuis quinze ans. 

David Cameron plastronne et vante sa politique en la comparant à la nôtre (bien que le mot France soit sous-entendu) mais avec 1,4% de croissance en 2013 pour notre pauvre 0,2% et 2,4% espéré en 2014 à comparer à nos 0,9% (déjà jugés optimistes), nous faisons pâle figure. C’est un lourd pavé dans notre mare car effectivement la politique britannique est à l’opposé de la nôtre, nous évoluons en sens contraire. On peut seulement ajouter que la grande différence entre eux et nous, c’est qu’ils sont maîtres de leur monnaie et qu’ils ne se privent pas d’en user. 

Notre compétitivité ne nous permet pas de jouer dans la cour de l’Allemagne avec le carcan de l’euro. Il faudra bien un jour que nous en convenions. Malheureusement les vœux du Président ne se résument qu’à un discours politique bien loin de projections économiques réalistes. Le Pacte de responsabilité est tourné vers un donnant-donnant, argent-emploi. Le mot emploi est toujours présent parce que c’est l’engagement du Président encore non tenu. Il résonne bien dans les oreilles de la gauche de la gauche, mais il n’est malheureusement pas un raisonnement économique. L’entreprise crée de la richesse, si elle s’enrichit elle va croître et éventuellement elle embauchera. Elle n’est pas responsable de l’emploi. 

Avec des entreprises en retard de deux ans et demi sur leurs investissements, avec leurs marges à un plus bas historique, il y a peu de chances que la priorité pour elles soit l’emploi. En dehors d’un effet d’aubaine, toujours sans lendemain, on ne peut, sous-prétexte de diminuer les charges des entreprises, leur imposer des créations d’emploi sans perturber le fonctionnement normal de l’économie. Une entreprise qui réussit, remet ses marges à un niveau raisonnable et investit. Elle choisit selon ses besoins entre le matériel et les hommes. Forcer la main, n’est qu’une ingérence de plus dans le fonctionnement des entreprises. Rien n’est pérenne et la concurrence est distordue. 

De plus la diminution des charges va porter sur les charges sociales et rien n’a été dit sur ce point du qui paiera (TVA sociale vilipendée par la gauche sous Sarkozy ?), à moins que les dépenses de l’Etat diminuent dans son fonctionnement et non dans ses investissements, comme les infrastructures ou une mise à niveau de l’armement de la Défense Nationale. On peut encore rêver. La position du Medef, toujours à l’affût d’argent supplémentaire qui profite bien aux multinationales, contraste d’ailleurs avec le syndicat des PME-PMI qui ne peuvent assumer un tel pacte. 

Après le pacte compétitivité, issu du choc du même nom, nous nous nourrissons d’un nouveau pacte, pour l’instant nébuleux et à contre-courant. Ce sera encore de longs palabres, mais le temps presse. L’année 2013 a le record du nombre d’entreprises qui ferment. A ne pas vouloir trancher entre rigueur et austérité, à ne pas mettre l’argent dans la recherche, l’innovation et les infrastructures au lieu de multiplier les emplois aidés, à force de ne pas vouloir remettre en question les régimes spéciaux, à force de ne pas remettre à plat la formation (toujours 500.000 emplois non pourvus) qui est un tonneau des danaïdes, à force de continuer à nier que l’euro plombe notre économie, etc. la France s’enlise pendant que d’autres renaissent ou continuent à s’engraisser. 

Que dire sur la transition énergétique, citée dans les objectifs 2014, sinon que c’est une phrase éminemment politique pour les Verts. Pourtant nous parcourons le monde pour vendre notre technologie nucléaire et nos réacteurs pendant que la durée de vie de nos centrales a été repoussée de 10 ans amortissant un peu plus les coûts de construction et que nous supportons sur nos factures d’électricité les travaux d’amélioration de la sûreté nucléaire et de construction des énergies renouvelables. L’incohérence de la politique énergétique ne le cède en rien à la politique étrangère où nous nous lançons seuls dans des actions humanitaires qui sont du domaine de l’ONU et pour lesquels nous allons payer longtemps en même temps que nous réduisons notre budget de la Défense. 

Le gouvernement ne sait plus où il va, sauf qu’il voit 

Pointer une éclaircie pour le deuxième semestre ! 

Mais son autisme et sa satisfaction de soi 

Sont si grands que rien ne viendra ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon