mercredi 4 décembre 2013

Gabegie et promesses non tenues !

Fin septembre 2012, en pleine connaissance de cause de la faiblesse de la croissance et d’un chômage élevé, le Premier Ministre déclarait vouloir faire un effort historique dans le budget 2013. Le gouvernement s'engageait à respecter les 3 % de déficit. Au prix d'une cure qui, en l'absence de croissance, était inédite. Le ministre des Finances Pierre Moscovici réaffirmait l'engagement de la France à réduire le déficit, de 4,5 % cette année à 3 % l'an prochain, en invoquant la crédibilité du pays auprès de ses créanciers. Il déclarait : "Les 3 % sont nécessaires pour la crédibilité du pays, pour la qualité de la signature : nous les tenons et nous les tiendrons. Les 3 %, c'est ce qui permet d'inverser la courbe de la dette en 2014 et je veux être le ministre du désendettement". 

Le Premier Ministre claironnait : "Si nous renonçons à cet objectif, alors, tout de suite les taux vont remonter, et là, on sera dans la situation de l'Italie, là, on sera dans la situation de l'Espagne et, moi, je ne veux pas ça", et affirmait vouloir "dire stop à la dérive des déficits et de la dette". Le budget 2013 a été bâti sur une hypothèse de croissance de 0,8 %, que M. Ayrault jugeait "réaliste" et "atteignable", malgré les doutes des économistes. Le gouvernement avait prévu un effort supplémentaire de 30 milliards à ajouter aux quelques six milliards de hausses d'impôts déjà votées en juillet et aux 2,5 milliards d'économies annoncées pour l'assurance-maladie, soit en tout presque 40 milliards. 

Le gouvernement avait revendiqué d'avoir réparti l'effort en trois parts égales : 10 milliards de prélèvements supplémentaires sur les entreprises, 10 milliards sur les ménages et 10 milliards d'efforts sur les dépenses de l'État. En tout, entre 2011 et 2013, cela portait à une soixantaine de milliards les augmentations de prélèvements en France, en deçà des cures d'austérité en cours en Espagne ou en Italie. Mais selon le Premier Ministre, les nouvelles hausses d'impôts épargneraient "neuf Français sur dix" ! 

On se demande vraiment pourquoi neuf Français sur dix déclarent en avoir ras-le-pot de l’impôt ! La promesse du déficit ramené à 3% en 2013 a conduit le gouvernement à Bruxelles pour demander un report à 2015. Le déficit budgétaire annoncé dans le rectificatif budgétaire 2013 sera de 4,1% du PIB (et non 3%) soit 71,9Mds€. Voilà donc une rodomontade qui a rapidement tourné court, la réalité a vite rattrapé le gouvernement et le déficit est augmenté de 10,4 milliards par rapport aux prévisions initiales. La baisse du déficit de 15Mds€ par rapport à 2012 n’a rien de très positif quand on augmente les impôts de 40Mds€. La croissance prévue à 0,8% va être de 0,1%-0,2%, de plus le lien entre le taux de croissance et l’augmentation des recettes a été surévalué du double. Du coup les recettes ne sont pas au rendez-vous, il s’en faut de 11,2Mds€. 

Par contre les dépenses ne sont pas réduites comme prévu malgré la baisse des taux d’emprunt qui permet d’économiser 1,9Mds€. Il a fallu assurer des dépenses nouvelles comme le plan anti-pauvreté (une hausse de 10% du revenu de solidarité active RSA, le renforcement de l’hébergement d’urgence ou la lutte contre le surendettement) mais aussi des événements imprévisibles comme l'intervention de la France au Mali, intervenue en cours d'exercice, pour 578 millions d'euros (dont 15 millions de masse salariale).

Compte-tenu de dépenses sociales lourdes comme l’aide au logement pour 265Millions et l’Aide Médicale d’Etat (AME) pour 156 millions, de 1,1 milliard de plus pour le budget de l’UE, de l’augmentation de la masse salariale pour 417 millions, du redéploiement du programme d’investissement d’avenir, de la politique de l’emploi, c’est plus de 3,2 milliards de dépenses supplémentaires.  Ces dépenses sont compensées par l'abandon de lignes de crédit dont certaines étaient jugées comme urgentes ou indispensables, sinon pourquoi les aurait-on mis au budget ?

Au total le déficit budgétaire par rapport au budget initial montre un accroissement de plus de 15% dû principalement à des prévisions volontairement trop optimistes permettant d’éviter une vraie politique d’austérité de la dépense publique basée sur des réformes structurelles profondes et une chasse au gaspillage. Certaines dépenses comme l’AME sont un véritable tonneau des danaïdes qui fait payer aux français des soins médicaux et chirurgicaux de vagues de personnes venant du monde entier et quelquefois pour de simples interventions de confort ou d’esthétique comme le crient haut et fort certains chirurgiens. 

La France va donc augmenter sa dette plus que prévu et emprunter 185 milliards en 2014 pour faire face aux prêts venus à terme et aux intérêts d’emprunt. Les taux bas ne tiennent qu’à la confiance des investisseurs dans la capacité d’épargne des français mais cela peut cesser si la France prend du retard dans la refondation de son économie et de sa fiscalité entre autres. Le remboursement des intérêts de la dette représente déjà plus de 15% des recettes, le déficit 26% des recettes et nous emprunterons en 2014 la valeur de plus de 60% des recettes. 

Il est évident qu’une entreprise ne pourrait y survivre mais l’État a la grande chance (!) d’être considéré comme immortel et de pouvoir repousser sur les générations futures le trou qu’il creuse depuis bientôt quarante ans. Dans le déficit annoncé il n’est même pas compté les 6,5 milliards que nous avons dû donner à l’UE pour le MES, laquelle UE nous coûte par ailleurs plus de 20 milliards cette année. Il serait temps de changer de politique vis-à-vis de l’Europe, de cesser de faire partie des pays du sud qui profitent à l’Allemagne et d’aider les entreprises à redevenir compétitives en allégeant réellement la pression fiscale, la lourdeur administrative et en cessant d’exclure l’option d’une sortie de l’euro alors que de plus en plus d’économistes y voient un passage obligé pour retrouver la compétitivité. 

N’oublions pas néanmoins que, comme je l’ai montré récemment, si nous étions aussi bien gérés que la moyenne des pays européens nous devrions avoir 2% de chômage de moins, que 1% de croissance devrait nous abaisser le chômage de 2% et qu’il ne génère que 0,4-0,5% de recettes en plus. Si la croissance agit directement sur le chômage, la réduction du déficit passe par la rigueur budgétaire et non par des augmentations de recettes substantielles dues à la croissance, et encore moins par l’augmentation de la pression fiscale. 

Le constat est sans appel, la France est mal gérée ! 

Elle est enfumée par des dogmes suicidaires, 

Par l’attentisme, le multiculturalisme  béat, 

Le déni d’identité, la peur d’entreprendre, 

Le confort de l’État providence. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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