jeudi 19 décembre 2013

Cris du cœur : Centrafrique-Restos du cœur !

1.000.000 d’indigents et des enfants affamés dans les restos du cœur en 2013, 4.750.000 personnes vivant avec 814 euros/mois soit 50% du salaire médian et 8,7 millions avec 60% en 2011 soit 14% de la population considérée comme pauvre selon l’INSEE, tel est le bilan d’une France où la pauvreté continue à augmenter et les inégalités à se creuser. Le Secours populaire, le Secours catholique, Emaus font le même constat sur la progression de la pauvreté.

Le taux de pauvreté des zones urbaines sensibles (ZUS) est trois fois supérieur à la moyenne nationale. À Strasbourg, les disparités de revenus vont du simple au triple. Les quartiers où vivent les ménages les moins aisés, tels Cronenbourg, Elsau, Hautepierre, sont mal desservis par les transports en commun et sont éloignés du centre-ville et des bassins d’emplois ; ils concentrent des taux de chômage élevés (le double des autres quartiers) et un fort échec scolaire. Les disparités entre régions sont moins accentuées mais Paris et l’Ile-de-France sont les plus riches tandis que les plus pauvres sont le Nord-Pas-de-Calais et le Languedoc-Roussillon. 

Il y a donc fort à faire pour éviter la ghettoïsation et le rejet de notre pays par une partie grandissante de la population. L’assimilation de l’immigration, la réduction du chômage, la lutte contre l’isolement, le soutien alimentaire aux plus démunis, le logement, la réussite scolaire sont autant de sujets qui s’interpénètrent. L’Etat y apporte des réponses parcellaires qui vont de l’aide aux organismes humanitaires, au RSA, à l’AME en passant par une multitude d’aides dont l’accessibilité est complexe. Un grand effort de simplification et de coordination entre tous les objectifs s’impose, mais on ne peut faire plus nous dit l’État ! 

Alors que faisons-nous encore au Mali qui aura coûté 650 millions en 2013 et coûtera encore en 2014 au moins. Mais surtout que faisons-nous en Centrafrique ? La guerre ? La police ? L’action humanitaire ? Pourquoi nous si c’est le rôle de l’ONU ou de la solidarité africaine ? Nos soldats y sont piégés dans des  actions auxquelles ils ne sont pas spécifiquement formés et qui relèvent plutôt de la protection aux actions de la Croix-Rouge, du Croissant-Rouge et de toutes les ONG à but humanitaire. Dans ce cas c’est le rôle de l’ONU qui s’est éclipsé depuis des mois dès que l’affrontement religieux a commencé. 

Nous arrivons trop tard et seuls. Personne ne nous a ordonné d’y aller mais nous voulons qu’on nous aide alors que nous avons pris seuls notre décision, blanchie seulement par l’ONU. Nous y avons déjà perdu deux soldats et nous y perdons chaque jour 600.000 euros, soit 100.000 repas dans les restos du cœur. Aucun règlement politique n’étant possible avant longtemps, nous transformons nos soldats en humanitaires de fortune avec le risque que rapidement le sentiment anti-français se répande dans les milices chrétiennes qui sont l’objet de représailles comme les musulmanes sélékas. 

Dans ces escarmouches urbaines du jeu du chat et de la souris, les armes sophistiquées ne servent pas à grand-chose et dans les corps-à-corps le coupecoupe fait merveille. De plus nos équipements sont souvent à bout de souffle il n’y qu’à voir les VAB encore peints du sigle Kfor datant de l’intervention au Kosovo. Selon un para français « on est en plein bordel et on ne sait pas où l’on va ». Des masses humaines s’agglutinent contre les barbelés de l’aéroport dans des conditions sanitaires déplorables et on ne sait même pas où mettre les prisonniers. Les visites du Président et de Le Drian n’y changent rien. 

Le réflexe qui consisterait à reprendre le contrôle de ce pays nous est interdit en tant qu’ancienne puissance colonisatrice malgré notre nouvelle tendance à vouloir être les gendarmes du monde poussés par les Etats-Unis. En Sierra Leone, il y a eu 100.000 victimes et les anglais ont réglé seuls le problème en 2002. Ces interventions font désormais partie d’un droit d’ingérence que l’on s’octroie facilement tant que la Russie et la Chine ferment les yeux. Elles n’ont pourtant jamais abouties à des résultats de pacification sauf dans l’ex-Yougoslavie et encore grâce à l’intervention décisive des États-Unis. Alors que l’Allemagne, la première puissance européenne, réduit fortement ses dépenses militaires, s’en remettant à l’OTAN, nous continuons à guerroyer tout en serrant nos dépenses militaires et nous comptons les repas de la soupe populaire. 

Quand on fait couler le sang pour une mission impossible, 

Quand on veut péter plus haut que l’on a le derrière, 

On récolte un vent à l’odeur d’opprobre ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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