mardi 19 novembre 2013

Quitter l’euro, catastrophe annoncée, y rester catastrophe vérifiée !

Les Echos, journal du mondialisme et de l’ultra-libéralisme, publie régulièrement des articles sur la catastrophe que signifierait la sortie de l’euro. L’argumentation, beaucoup basée sur la peur de l’épargnant, est toujours redoutable car le journal est considéré comme sérieux sur l’économie, surtout par les investisseurs. Un extrait d’une parution du 21 octobre retient particulièrement l’attention : 

« La seule charge de la dette (les intérêts hors remboursement du principal) représente déjà le premier poste budgétaire avec près de 48 milliards d’euros si les taux se mettent – comme c’est hautement probable – à remonter. Face à de tels fondamentaux, le nouveau franc subirait une dépréciation très certainement supérieure à 10 % et possiblement proche de 20 %. Quitter l’euro, c’est regarder votre livret A ou votre compte d’assurance-vie et l’amputer de près de 20 % de sa valeur. C’est donc créer un incinérateur de patrimoine digne du billet de banque publiquement consumé par Serge Gainsbourg qui faisait déjà à l’époque référence à la pression fiscale »

Les politiques partisans de la sortie de l’euro ont en effet tous, y compris Jean-Pierre Chevènement(MRG) et Jacques Myard(UMP), préconisé une dévaluation de la monnaie de l’ordre de 20% pour ce qui concerne la France. Ce n’est pas une position initiale du FN mais une position reprise aux opposants à Maastricht. Avec un euro actuel à 1,35 fois le dollar, une dévaluation de 20% le ramènerait à 1,08, soit un peu au-dessous de la parité de départ en 2000. Ceci est cohérent avec la perte relative de la compétitivité de notre pays depuis cette date. Le fait de dire que les sommes mises sur un livret de Caisse d’Epargne ont perdus 20% de leur valeur n’est strictement vrai que si l’on les retire et que l’on part vivre aux Etats-Unis. En réalité même si cette dévaluation engendrait une inflation temporaire de 10%, le réajustement des taux d’intérêt réduirait à 5 ou 6% la perte effective.

En réalité dans notre vie quotidienne, nous paierons plus cher les produits importés des pays où leur monnaie sera réévaluée par rapport à la nôtre et moins cher pour ceux importés des pays à monnaie plus dévaluée que la nôtre. Mais on constate que la consommation des produits et biens importés ne représente pas l’essentiel de nos achats, ce qui est encore plus vrai pour les personnes âgées. Pour certains ménages la facture de carburant est importante. Mais il faut savoir que l’augmentation du prix ne porterait que sur les 25% du coût hors taxe du carburant soit finalement une hausse de 5% soit quelques centimes par litre.
N’oublions pas que la sortie de l’euro est axée sur une hausse de notre compétitivité. Un article de Charles Gave, économiste pragmatique, montre, d’une façon explicite et imagée, la corrélation des fluctuations de la lire italienne par rapport au mark et la variation respective des productions italiennes et allemandes. Il utilise la «  parité des pouvoirs d’achat », qui n’est autre que le taux de change diminué de l’inflation, entre les deux pays en regard du rapport des productions des deux pays de 1967 à nos jours. La ligne verte, c’est notre taux de change théorique calculé à partir de la différence des prix de détail entre les deux pays. La ligne jaune, c’est le taux de change de « marché » entre la Lire et le DM s’ils existaient toujours (donc une horizontale depuis l’euro). La ligne rouge (graphique du bas) est simplement le rapport entre la production industrielle Italienne et la production industrielle Allemande base 100 en 2000. Si la ligne rouge monte cela veut dire que la croissance Italienne en volume est supérieure à la croissance Allemande, le contraire étant également vrai.

On peut constater que, sur les segments de droite en bleu du graphique du bas, les fluctuations du rapport des productions suivent très bien les surévaluations et sous-évaluations de la Lire donc les ajustements de la monnaie au marché (A une sous-évaluation de la Lire correspond une augmentation des productions relatives italiennes et inversement). Dès l’euro, la lire se trouve surévaluée et le rapport des productions baisse. L’Italie ne devient plus compétitive par rapport à l’Allemagne.

On lit beaucoup de littérature sans réel regard sur ce que peut nous apprendre par un simple constat sur le passé. Cette démonstration sur la Lire coupe court à l’argument que la compétitivité n’est pas liée au taux de change sous le prétexte que cette sortie serait rapidement « entourée d’épines au regard des réalités concurrentielles. Il faut rappeler que bien des éléments de notre compétitivité actuellement altérée viennent de facteurs hors prix : qualité des produits, design, respect des délais de livraison, ».

De même la dette publique ne serait pas affectée du pourcentage de la dévaluation. Seule la part négociée en monnaies étrangères le serait soit 15% de la dette, soit finalement une augmentation de la dette de 3%, autrement dit de 60 milliards. Ceci ne représente que 6/7 du déficit public de 2013 mais aussi le déficit de notre balance commerciale. On peut espérer que la sortie de l’euro nous donnerait des excédents de celle-ci comme en Allemagne.

Les divergences de plus en plus croissantes entre les pays du sud et l’Allemagne ne peuvent que diriger ces pays vers un défaut de paiement. Le blocage des ajustements monétaires ne peut aboutir à des réformes dans un temps court et on ne peut réformer dans un pays en dépression. La sortie de l’euro pour au moins une monnaie commune qui reprendrait les principes du serpent monétaire ou du SME, expérimenté et viable avant l’euro, est inéluctable. Doit-on attendre que l’Allemagne, dont le commerce extérieur est orienté au trois-quarts hors zone euro, se lasse de payer les pots cassés ? Plus on attend, plus la transition sera coûteuse car notre pays sera plus en difficulté qu’aujourd’hui. 

L’euro et même l’appartenance à l’UE est désastreuse

Sur une Europe aux fondations irréalistes.

La charrue avant les bœufs n’a jamais

Creusé un sillon ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon