vendredi 8 novembre 2013

On se fout de nous !

Standard & Poor’s vient de dégrader la France à la note AA. Cette nouvelle n’étonne que le gouvernement mais sûrement pas les dizaines de milliers de salariés mis à pied par les plus de 13.100 sociétés placées en redressement ou en liquidation judiciaire, ou encore en procédure de sauvegarde, au troisième trimestre 2013, ni sûrement l’ensemble des bonnets rouges bretons. Cette dégradation a été déjà anticipée par le milieu des investisseurs et le système de collusion entre le monde bancaire. L’important c’est que cela n’affecte pas l’État qui va continuer à revendre aux banques nos obligations sans que le taux d’emprunt soit réellement affecté. La BCE vient d’ailleurs de baisser à 0,25% le taux directeur et va continuer à racheter les obligations pourries qui plombent la santé des banques. Cette manœuvre n’est ni plus ni moins qu’une manière déguisée de faire marcher la planche à billets. La BCE donne de l’argent aux banques contre des obligations qui ne valent pratiquement plus rien. 

L’Etat emprunte à un taux qui est encore bas sur une assurance de solvabilité, c’est-à-dire de capacité à rembourser et sur la solidité de l’euro assurée par l’Allemagne. Mais sa capacité à rembourser une dette, qui va dépasser les 1.900 milliards avec 95% du PIB, tient en réalité à l’épargne privée que nous détenons vous et moi avec les sociétés. En effet François Fillon et Jean-Marc Ayrault ont déclaré, l’un et l’autre, que l’État était en faillite. Comment en serait-il autrement quand on a en dette tout ce que l’on peut produire en une année ?

Votre banquier ne va pas au-delà d’un tiers de vos revenus mais dans le cas de l’État il ne s’agit pas de ses revenus mais de l’ensemble des dépenses publiques et privées puisque c’est ainsi qu’en effet est calculé le PIB. Ceci montre d’ailleurs au passage que le PIB augmente quand l’État dépense plus ! Mais si l’on rapporte la dette aux impôts et taxes collectés c’est 6 années et demie de collecte fiscale qu’il faut soustraire pour rembourser la dette. Autrement dit si l’on ne consacre que 1/3 du budget primaire (hors remboursement d’emprunt), comme pour un particulier, il faudra 76 ans de privations budgétaires drastiques pour rembourser la dette à raison de 79 milliards par an ! Ceci n’est d’ailleurs vrai que si les taux d’emprunt n’augmentent pas.

Aujourd’hui le président Hollande rencontre le président de la Banque Mondiale. Visite de courtoisie ? Que nenni, la BM accorde des prêts préférentiels à ses pays membres en difficulté selon des critères très subjectifs, donc à la tête du client, pour généralement des projets de développement à long terme. Mais cela ne se fait pas sans contrepartie sur une stricte discipline budgétaire, une élimination des barrières aux investissements étrangers, une privatisation des entreprises de l’Etat entre autres. Au passage on notera que le président de la BM est nommé de manière consensuelle par le gouvernement des Etats-Unis. Cette visite est donc de circonstance avant de signer le traité de libre-échange transatlantique auquel tiennent les Etats-Unis comme nouveau pas vers la gouvernance mondiale.

La France est dans un état de crise endémique depuis près de 40 ans à cause d'un système politique, économique et bancaire corrompu et sclérosé avec en plus des connivences malsaines entre l’Etat, la BCE et les banques. La BCE prête aux banques à 0,25% et les banques prêtent à l’Etat français à 2,39%. Le système d’asphyxie des Etats est en place au profit… des banquiers qui prennent des risques énormes comme le Crédit Agricole qui a engagé 1301 milliards sur 19,4 milliards de fonds propres. Si dans le vent de panique d’une crise, type 1929, toutes les sociétés et tous les particuliers veulent retirer leur argent, une demande sur 67 pourra être satisfaite. Il faudra que la Banque de France intervienne mais celle-ci ce n’est que vous et moi.
  
La solvabilité des banques et de l’État est en cause et elle n’est assurée que par une préemption de l’épargne privée comme on a commencé à le faire à Chypre. Pendant ce temps notre Premier Ministre annonce 3 milliards pour Marseille, un plan d’avenir d’un milliard pour la Bretagne, suspend la rentrée d’argent de l’écotaxe, et donne à tous ceux qui réclament avec… l’argent qu’il n’a pas sinon dans des emprunts plus lourds ou des économies de plus en plus difficiles à trouver. 

Dans cet enfumage permanent la presse médiatique pour sa plus grande partie, sert de relais au monde politique sans jouer son rôle de quatrième contre-pouvoir en cherchant à faire une analyse critique des propos et des chiffres annoncés par le gouvernement. Avec les énormes subventions qui arrosent celle-ci et les avantages des journalistes sur l’impôt sur le revenu, leur partialité est assurée. C’est le cas par exemple du taux de chômage dont on a compris en septembre qu’il pouvait être facilement manipulé, en tous cas beaucoup plus facilement que le taux d’emploi, dont personne ne parle, et qui révèle que 33% de la population n’a pas le plein emploi… Incompétence ou collusion avec le pouvoir ? 

On se fout de nous et de la démocratie ! 

Ceux qui ont la tête près du bonnet 

Vont ressortir… la guillotine ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon