samedi 9 novembre 2013

Intelligence et incapacité d’agir, portrait de Hollande !


Le 11 novembre 2013 les slogans « Hollande-démission » vont de nouveau refleurir sur les Champs-Élysées et exprimer la pensée de nombreux français qui n’auront pas cette hardiesse. Avec une impopularité qui bat des records, Hollande pourrait se poser la question de sa démission, seule issue possible pour déloger le locataire de l’Elysée. Mais l’homme a une telle confiance en son intelligence d’analyse politique que cette pensée, si elle peut l’effleurer, est vite chassée de sa pensée. Il est pourtant devant un problème dit de quadrature du cercle. Malheureusement son comportement, qu’il a calqué sur un célèbre prédécesseur le matois Mitterrand, n’est pas allié à une volonté d’agir selon la pensée qu’il ne sert à rien d’agir quand le moment n’est pas favorable et que le temps est un allié. « Laissons du temps au temps ». Cette formule, qui peut corriger les erreurs de l’impulsivité et dite technique du gros dos, peut finir par une politique de l’autruche et de l’immobilisme.

Pourtant depuis novembre 2012, l’homme a compris qu’il allait falloir tailler dans les dépenses, mais il a continué à augmenter la pression fiscale, action à priori beaucoup plus facile à mettre en œuvre. Il a gagné du temps et a lancé des mesures pour améliorer la compétitivité des entreprises, par exemple en desserrant les contraintes du droit du travail pour plus de flexibilité de l’emploi mais aussi par le crédit compétitivité, artifice bien compliqué donc peu incitatif par rapport un allègement des charges des sociétés, ou encore la banque publique d’investissement qui ne fait que rassembler des moyens déjà existants en grande partie.

Même si ces actions n’ont pas encore leur plein effet, on ne note pas d’amélioration ni dans la croissance, ni dans l’investissement des entreprises qui ne s’oriente toujours pas vers l’innovation ou l’augmentation des capacités de production. Selon l'enquête de conjoncture dans l'industrie réalisée après des chefs d'entreprises, l'investissement devrait chuter de 7% cette année. "En 2013, la baisse des dépenses d'équipement reste soutenue dans le secteur du matériel de transport (-20 %) avec une forte diminution dans le secteur automobile (-27 %)", précise l'Insee et l'investissement est anticipé en baisse de 2% l'année prochaine. 

Juge de paix, la balance commerciale ne s’améliore pas. Les Douanes ont indiqué ce vendredi que le déficit commercial avait atteint 5,8 milliards en septembre. Il dépasse les 16 milliards au troisième trimestre. On va dépasser les 60 milliards de déficit à la fin de l’année alors que l’Allemagne dépasse les 200 milliards d’excédent. La morosité de la demande intérieure et extérieure ne suffit pas à expliquer ce déficit chronique, la compétitivité des entreprises est nettement mise en cause. Il ne suffit pas de marteler que nous sommes sortis de la crise pour voir celle-ci s’éloigner. La croissance reste atone et elle ne créera pas d’emplois productifs pour faire baisser le chômage. 

L’analyse de la situation du Président est bonne lorsqu’il écrit « La dépense publique a atteint en 2012 un niveau sans précédent, 56% de la richesse nationale » et qu’il ajoute « cette situation dégrade nos comptes publics et freine notre compétitivité sans garantir pour autant la préservation durable du modèle français de services publics ». Comment ne pas s’inquiéter d’un poids de la dépense publique qui est largement supérieur en France (56,6% du PIB en 2012 et 57,1% en 2013 selon Bercy) à la moyenne de la zone euro (49,9% du PIB, selon Eurostat) ? En France, sur la période de 2007-2012, la dépense publique a augmenté de 16%. La moyenne de la zone euro est de +14%. Il y a à gagner sur les gaspillages et les redondances du millefeuille territorial mais c’est un travail de longue haleine dont on ne peut espérer que quelques milliards. On peut aussi diminuer le train de vie du gouvernement et de la représentation nationale, cela peut créer des centaines de millions d’euros mais cela aurait surtout un effet psychologique indispensable à la crédibilité du gouvernement dans la politique d’austérité pour tous. 

Toutefois il reste le poids de la fonction publique, qui représente 13,6% du PIB dont 80 milliards pour les salaires des fonctionnaires d’Etat, et le poids des prestations sociales. Notre différence avec l’Allemagne qui ne consacre que 46,6% du PIB vient surtout des retraites, orientées vers les retraites complémentaires privées, du système de santé et du poids moins important du chômage. Mais on trouve aussi des gains dans l’éducation où se sont développés le système d’apprentissage et la non-prise en compte de l’école maternelle. Malheureusement nos gains principaux à faire par ordre d’importance du coût sont sur les prestations sociales. 

Trancher dans les dépenses sociales est de nature politiquement suicidaire dans l’électorat qui lui reste fidèle, réduire dans les autres dépenses demandent des réformes structurelles de longue haleine et induit un impact sur l’électorat des fonctionnaires, augmenter la pression fiscale n’est plus possible qu’à la marge, diminuer le chômage ne fait qu’augmenter la charge des aides publiques quand la croissance n’est pas là. Trouver une solution n’est pas plus facile que de résoudre la quadrature du cercle. Les portes se sont fermées et le Président doit changer de cap et de politique économique. Franchir le Rubicon de l’euro et remettre en cause les traités européens demandent du courage, car c’est renier la politique d’adhésion au projet de fédéralisme européen, étape vers la gouvernance mondiale. C’est affronter toutes les puissances économiques, financières et bancaires occultes avec leurs représentants de la Commission Européenne. Il n’en a ni le courage ni la volonté… et PS et UMP ne peuvent avouer s’être trompés. 

C’est un Président qui vit la fin d’un règne,

Paralysé comme le fut Louis XVI. 

Alors démission vaut mieux 

Que… révolution ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon