samedi 30 novembre 2013

Baisse du chômage, victoire à la Pyrrhus ?



Le Président s’est envolé pour Vilnius le sourire aux lèvres après le tour joué, la veille au matin, aux journalistes qui avaient déjà titré sur l’abandon de la promesse de baisse du chômage en fin d’année. Ces derniers lui ont décerné par vengeance un zéro de communication. Ils ont tort le coup médiatique était bien monté. La baisse est bien réelle et la rupture de l’augmentation du chômage est confirmée depuis juin, comme le montre la courbe ci-contre. Le chômage n’évolue plus… enfin pour les demandeurs d'emploi de la catégorie A.
  
Sans l’avoir spécifié, le Président s’en tient à cette catégorie A des personnes qui sont recensées sans travail par Pôle Emploi. Il faut en effet s’être présenté à Pôle emploi pour être comptabilisé chômeur. Il est donc évident que le chiffre de chômeurs de catégorie A, sans aucun travail, n’est qu’un minorant du nombre réel de personnes sans emploi. Par ailleurs le choix de la catégorie A pour affirmer une stagnation du chômage, stagnation dont on ne peut que se réjouir par ailleurs, n’est pas représentatif du manque d’emploi global. 

Hélas le nombre de demandeurs d’emploi a chuté de 0,6% en octobre, soit 20.500, mais le nombre total de chômeurs de catégories A, B (78h par mois ou moins), C (moins de 78h) et même D (formation et arrêt maladie) est en augmentation de 0,8%, soit 39.600, et bat un record historique avec 4.883.000 demandeurs d’emploi à temps plein. On peut trouver cavalier le commentaire de Michel Sapin qui voit dans l’augmentation des catégories B et C un signe encourageant. Selon lui ce sont des occasions pour ceux-ci de trouver du temps plein. La vérité est que les emplois productifs à temps plein n’augmentent pas et que les demandeurs de la catégorie A baissent grâce aux emplois aidés (contrats d’avenir et de génération) d’une part et au passage de certains de la catégorie A vers les autres catégories (comme par hasard au nombre de 20.000). Il faut ajouter que 11.000 radiations des fichiers de plus qu’en septembre ont été opérées ce qui diminue singulièrement le gain de 20.500 qui donne la baisse de 0,6%. 

La croissance atone ne permet pas d’envisager un nouveau départ des investissements des entreprises ni de nouvelles embauches. Le chômage ne diminue d’ailleurs pas en zone euro et la croissance se fait attendre sauf pour l’Allemagne mais loin d’une période euphorique. Le marché intérieur de l’UE n’offre pas de perspectives d’évolution rapide. Standard & Poor’s vient de dégrader les Pays-Bas de la note AAA. La baisse durable du chômage ne peut être pour demain alors que la France marque le pas par rapport à ses voisins. 

Par ailleurs nous avons déjà connu une euphorie passagère avec une stagnation du chômage de quelques mois de fin 2010 à avril 2011 et celui-ci est reparti de plus belle. Avec une augmentation de la TVA qui va handicaper certaines professions et ralentir un peu la consommation, avec une fiscalité des sociétés la plus lourde des pays d’Europe, avec une monnaie forte que ne peut soutenir notre compétitivité, l’annonce d’une inversion de la courbe du chômage est un enfumage politique qui permet de gagner du temps selon le principe connu de tous nos gouvernements : « demain on rase gratis ». 

Comme le montre le graphique ci-contre la France fait moins bien que la plupart des pays d’Europe. Avec une croissance nulle, elle ne devrait avoir que 8,5% de chômeurs. La prévision de croissance de 0,9% pour 2014 devrait lui apporter 2% de baisse du chômage… si elle faisait aussi bien que les autres pays européens. Pourtant on nous parle d’une croissance de 1,5% pour espérer valablement inverser la courbe du chômage. On va voir si le gouvernement prend les mesures nécessaires pour faire aussi bien que les autres… ce n’est pas gagné ! 

La victoire annoncée a donc un goût amer. Non seulement le nombre total de demandeurs d’emplois bat un record historique qui nous propulse vers les 5.000.000 mais la France ne brille pas par sa politique économique. Les entreprises continuent à mettre la clé sous la porte, le commerce extérieur est toujours dans le rouge et le chômage plus important que la moyenne des autres pays à croissance égale. Une chose va bien cependant, c’est le verbiage des politiques et l’enfumage permanent. Le taux d’emploi issu des sondages trimestriels de l’INSEE sera un indicateur beaucoup plus convainquant… donc attendons ! 

Une hirondelle ne fait pas le printemps 

Surtout en automne ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon  


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