samedi 2 novembre 2013

20 ans d’espoirs trompés !

Le 20 septembre 1992 certains avaient 20 ans, ils ont, pour une grande part, voté oui à Maastricht. Ils ont 41 ans aujourd’hui. Pour d’autres, c'est un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. L’idée était belle pour les premiers, aujourd’hui la désillusion est amère. Pour les seconds la majorité d’entre eux n’y voit plus qu’une monnaie et des suppressions de frontières qui leur permettent d’aller plus facilement trouver du travail hors de France. Pour les deux ils ne voient plus un avenir souriant en France grâce à l’Europe. Si le scrutin avait eu lieu en 2012, une majorité de Français le rejetterait, selon un sondage Ifop réalisé à l'époque. Ceci contraste étrangement avec l’engouement pour celle-ci de la part des deux partis qui gouvernent la France depuis quarante ans. Cet éloignement des élites par rapport aux peuples est significatif de la perte de démocratie de la machine européenne. L’intérêt des uns n’est plus celui de ceux qu’ils représentent.

Depuis le 1er novembre 1993, date de la mise en œuvre du traité de Maastricht, la citoyenneté européenne s’affiche à Strasbourg et à Bruxelles mais elle n’a toujours pas envahi le cœur de ses citoyens. Bien au contraire, on note un repli des pays européens sur leurs intérêts nationaux, tandis que l’Europe tente de les faire disparaître dans un fédéralisme qui privilégie le pouvoir des régions. Il est clair que l’Allemagne y voit une hégémonie en rôle central, protégée par sa constitution qui lui permet de rejeter toute perte de son pouvoir ou d’en réguler celle-ci au gré de ses intérêts. C’est d’ailleurs ce pays qui a fait introduire la clause d’interdiction de toute solidarité financière au sein de la zone euro pour éviter de payer l’indiscipline des pays du sud de l’union monétaire. On voit que cette clause peut ne pas être respectée que si l’Allemagne y consent. 

François Mitterrand nous a vendu du rêve sous couvert de paix assurée, de fraternité des peuples et de progrès social dans une union qui se révèle axée sur l’économie. Pourtant les voix qui y voyaient un grand danger pour la France venaient de toutes parts, dont le PC, Fabius, des écolos, Seguin, Pasqua, De Villiers, le FN. Les plus de trente ans se souviennent certainement du discours mémorable de Philippe Seguin à l’Assemblée Nationale en mai 1992. Ce traité « enterre la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution » proclamait-il, comme certains qui n’y voyaient que « une Europe des marchands et des technocrates ». On mesure mieux aujourd’hui la justesse de leurs propos. 

Il devient de plus en plus évident que l’Europe nous entraîne d’une part dans un grand marché transatlantique dont les profits n’iront que vers la grande finance bancaire, les multinationales, et d’autre part dans une vassalisation accrue aux Etats-Unis. Seules l’Allemagne et la City de Londres tireront leur épingle du jeu. Les pays du sud ne sortiront la tête de l’eau que sous la tutelle de la troïka (FMI, UE, BCE), autrement dit des banquiers et des technocrates. L’Europe perd régulièrement de la croissance par rapport aux autres grands pôles économiques, la fiscalité n’a cessé d’augmenter dans notre pays, la crise n’a pas encore été digérée, le chômage augmente, l’euro pénalise les exportations, les délocalisations augmentent, les industries disparaissent plus qu’elles ne se créent, la dette publique devient non remboursable par la croissance et lorgne sur l’épargne (PEA, PEL, assurance-vie et même dépôts comme à Chypre). 

La zone euro se distingue par des performances plus mauvaises que la moyenne des pays hors euro comme je l’ai précédemment exposé. Sa solidité est périodiquement remise en cause et les plans d’austérité sont assénés avec de plus en plus de violence comme récemment au Portugal. L’Allemagne suit de moins en moins la France, toujours à l’affût d’un impôt nouveau, qui essaie d’introduire la fiscalisation des opérations financières. Elle sait que la France est cigale et agit au mépris des ressorts de l’économie. L’Europe a raté une Europe de la défense, une Europe unie par la monnaie, une Europe sociale (on paye les turcs à 3 euros de l’heure en Allemagne), une Europe de la politique étrangère commune, une Europe de la citoyenneté, une Europe de la démocratie. 

Que reste-t-il de ses principes fondateurs ? Je dirai le symbole d'« Airbus », symbole économique mais qui aurait d'ailleurs existé sans elle. Alors fallait-il mettre dans la rue autant de chômeurs en Grèce, en Espagne, en Italie, et désormais en France ? Les bretons ont la tête près du bonnet, rouge pour l’occasion, mais la France des ouvriers, des artisans, des commerçants, des classes moyennes, ne veut plus porter le bonnet d’âne pour une élite qui profite du pouvoir dans les ors de la république et fait le lit d’une Europe technocratique au service des grandes puissances de l’argent ! Dominique Strauss-Kahn vient de dire à Séoul que l’Europe courrait à sa perte si elle continue ainsi. Il sait sans doute de quoi il parle, même s’il a largement participé à la mainmise des puissances de l’argent sur l’Europe technocratique. 

De Maastricht à Lisbonne, pas à pas, 

L’Europe veut tuer la souveraineté des peuples 

Pour mieux les asservir aux puissances de l’argent ! 

Il est temps que, comme autrefois, la Résistance 

Brise les maillons de ses chaînes ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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