mardi 8 octobre 2013

La Serbie dans le marécage des Balkans (1ère partie)

Pour comprendre les difficultés de la construction européenne on ne peut éviter de dérouler le film de l’histoire des pays des Balkans, histoire qui marque profondément l’histoire de l’Europe. Je vous invite à ce retour en arrière sur la Serbie avant d’en tirer les conséquences sur ce qui attend l'UE avant l'adhésion de ce pays.

La République de Serbie est ce qui reste de l’Empire serbe constitué à la fin du XIIème siècle et dont l’apogée fut atteinte au XIVème siècle. Elle s’étendait de Dubrovnik, alors aux frontières de la Bosnie, jusqu’aux portes de Belgrade, qui faisait partie du Royaume de Hongrie, et de Sofia, qui était roumaine, jusqu’à la péninsule grecque. Il est important de noter que cet empire disparut après la conquête ottomane et qu’il fut définitivement incorporé à l’Empire ottoman en 1459. Jusqu’en 1804, la Serbie ottomane subit trois invasions autrichiennes destinées à annexer ces terres à l’Empire d'Autriche. Après deux révoltes les Serbes gagnèrent l’autonomie de la Principauté de Serbie tout en subissant des persécutions sur les territoires encore sous le contrôle des Turcs. 

Ceci a inspiré le discours de Victor Hugo, défenseur de la culture serbe déjà saluée par Alphonse De Lamartine, discours qui est considéré comme l’un des actes fondateurs de l’idée européenne. Ce n’est qu’en 1878 que la Serbie a acquis son indépendance. Elle se dota d’un roi et d’une Constitution, sans doute l’une des plus démocratiques et libérales d’Europe. A ce titre la Serbie reçut le surnom de berceau de la Démocratie dans les Balkans modernes.


L’occupation puis l’annexion de la Bosnie-Herzégovine en 1908 par l’Empire d’Autriche-Hongrie, annexion très mal vécue par les Serbes a été le prélude à l’assassinat en 1914 de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, à Sarajevo et le prétexte de la première guerre mondiale. Le pays fut libéré en 1918 par l’armée serbe aidée par les forces alliées dont la France. Le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes est alors proclamé et prendra le nom de Royaume de Yougoslavie en 1929. 

Le Royaume de Yougoslavie est envahi par l’Allemagne nazie en 1941, mis sous contrôle de celle-ci et amputé de la Bosnie-Herzégovine incluse dans un Etat indépendant de Croatie, satellite de l’Allemagne. Après la libération de son pays par ses propres forces, Tito prend le pouvoir en 1945. Une nouvelle Yougoslavie, fédérale et communiste, est formée jusqu’à la mort de Tito en 1980. La République socialiste de Serbie en était l’une des six Républiques fédérées. Le Kosovo était une province autonome. 

Successivement la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine demandent alors leur indépendance en 1991-1992. De 1992 à 1995 les guerres de Yougoslavie, affrontements entre les républiques font rage. Tout s’envenime autour de l’enclave du Kosovo à majorité musulmane qui revendique son indépendance. Les armées s’en prennent surtout aux civils et des massacres ont lieu. 

En 2003 ce qui reste de la Yougoslavie cesse d’exister. Le Monténégro obtient son indépendance en 2006. En février 2008 les kosovars albanophones et musulmans engagent une bataille auprès de l’ONU pour faire reconnaître leur droit à l’indépendance qui leur est refusée par la Serbie. La communauté internationale est divisée et certains pays reconnaissent le Kosovo comme les États-Unis et le France, alors que d'autres, comme la Russie, la Chine et l’Espagne, ne le reconnaissent pas. 

Depuis le 1er mars 2012, les 27 pays de l'Union européenne ont décidé d'octroyer à la Serbie le statut de candidat. La Croatie voisine a adhéré officiellement à l’Union Européenne le 1er juillet 2013. Il importe désormais de parler géographie, démographie et économie pour cerner ce futur membre de l’UE et mieux percevoir les difficultés qui sont devant nous avec la plupart des États de l’Europe Centrale. 

Il n’est pas d’Europe possible sans inclure les Balkans 

Mais c’est le berceau des pires difficultés cultuelles.

L’UE veut y résoudre les difficultés économiques. 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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