jeudi 26 septembre 2013

Un budget 2014 en trompe-l’œil

Tout commençait bien avec un gel de la hausse d’impôts et patatras le Premier Ministre, tout compte fait, doit assumer une hausse d’impôts. On ne peut exclure que ce duo de communication ait été prévu d’avance. Le Président a entendu la rumeur du « ras-le-bol fiscal » des français mais le Premier Ministre est incapable d’arrêter la machine à prélever des recettes sur le dos des citoyens.

Car le Président s’est engagé à l’inversion de la courbe du chômage à la fin de l’année et c’était déjà prévu pour septembre. Le chiffre d’août est si peu fiable qu’il pourrait bien se terminer par 25.000 chômeurs de plus que nous retrouverons en septembre. Le « On est tout près du but » du Président laisse toujours rêveur car l’inversion, si elle est réalisée, ne le devra pas à des emplois pérennes mais à des mesures sociales qui coûtent à notre porte-monnaie.

La question est de savoir si cet argent est bien employé et s’il n’aurait pas été mieux utilisé dans des infrastructures aidant à la dynamique des entreprises ou autres investissements. Les jeunes sans travail, dont on craint l’oisiveté génératrice de délinquance, arrivent principalement par l’immigration et les familles non assimilées. Une politique d’immigration limitée aux besoins du pays et d’assimilation efficace ne serait-elle pas la première mesure à prendre ? Quand la baignoire déborde parce que la bonde est fermée et le robinet ouvert, la première chose à faire n’est pas d’utiliser la serpillière pour éponger l’eau répandue !

Alors le budget 2014 émettra 147 Mds€ de dette en 2014. Le premier poste du budget est toujours les remboursements d’emprunt avec 46 Mds€ devant celui de l’Éducation Nationale. La dette publique augmente pour atteindre 95% du PIB et, plus grave, les taux d’emprunts sont en hausse partout dans le monde. Le taux actuel à 10 ans est de 2,6%, ce qui est supportable avec une inflation à 1,5% et une croissance à 0,9% qui s’y ajoute. Mais si cette croissance, que nombre d’économistes évaluent plutôt à 0,5%, est plus faible et que les taux atteignent 3% comme c’est probable, le déficit se trouvera sérieusement aggravé de plusieurs milliards.

Quand on équilibre un budget par une hausse d’impôts, on est loin de la sortie du tunnel. L’État reste très dépendant des marchés et l’augmentation sensible de sa dette le rend de plus en plus vulnérable. L’État doit remplir ses engagements sur le crédit d’impôt et il lui faut trouver une dizaine de milliards pour la baisse des rentrées fiscales qui en découlent de la part des entreprises. Le nouvel impôt sur les bénéfices d’un montant prévu de 2,5 milliards ne suffira pas et c’est vers les familles et les retraités que l’état va puiser ces 10 milliards qui lui manquent.

D’une pause fiscale on est passé à une hausse fiscale du contribuable. Ce dernier prend pour argent comptant ce que l’Etat fait croire en basculant un manque de recettes de la part des entreprises sur une compensation par les impôts sur les particuliers. L’augmentation de la pression fiscale est faible… pour l’État ! Ce pauvre contribuable ne fait que de découvrir progressivement l’augmentation de l’impôt sur le revenu mais l’augmentation de la TVA n’est pas encore mise en œuvre. L’élargissement de l’assiette des impôts va toucher des ménages modestes qui vont de ce fait perdre aussi beaucoup d’avantages sociaux.

La pilule va rapidement être amère et l’après Jour de l’An va voir un pouvoir d’achat sensiblement écorné. Le pari de l’État de favoriser les entreprises ne peut donner un bon résultat si en même temps la consommation des ménages est érodée par la pression fiscale. Seules les entreprises orientées principalement vers l’exportation peuvent encore y trouver un avantage, mais ce ne sont pas elles qui créent de l’emploi. Par ailleurs la taxation sur les bénéfices réduit les possibilités d’investissement des entreprises, ce qui est un frein à leur croissance.

Ce budget 2014 s’ingénie à rentrer dans les clous de Bruxelles avec un déficit de 3,6% du PIB et à afficher un chômage stabilisé au prix d’une hausse des impôts et de mesures sociales pour créer des emplois aidés mais non indispensables économiquement. Par ailleurs il renvoie sur les collectivités territoriales et les prestations sociales l’essentiel des économies. On peut en déduire que les collectivités augmenteront leurs impôts plus qu’elles ne diminueront leurs dépenses. La diminution des prestations sociales entachera d’une façon ou d’une autre le pouvoir d’achat des ménages.

La recherche de véritables économies structurelles est toujours un vœu pieux à réaliser à Pâques ou à la Trinité car aucun politique n’a envie de s’y attaquer ni même à diminuer le train de vie de l’Etat qui dépasse de loin celui de l’Allemagne. Il n’y a qu’à regarder les différences entre les rétributions et avantages des membres du gouvernement et leur nombre pour comprendre que cela ne s’arrête pas là et que la France cigale a toujours envie de chanter avant de déchanter ! 

Si charité bien ordonnée commence toujours par elle-même

Un Etat responsable rogne d’abord ses dépenses jusqu’à l’os

Avant de demander qu’on lui redonne de quoi manger ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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