dimanche 28 juillet 2013

Quelques rêves éveillés sur le monde économique…

Notre gouvernement, aidé par quelques frémissements de l’opinion française et du monde de l’entreprise, fait déjà croire que la croissance est à nos portes. C’est oublier que le chômage est toujours là au plus haut niveau historique, que la baisse relative du chômage des jeunes ne se juge qu’à la rentrée après les jobs d’été. C’est oublier que la croissance chinoise ralentit, que l’économie américaine ne frémit que grâce à un déversement énorme de liquidités à hauteur de 85 milliards chaque mois. C’est aussi oublier que la croissance est globalement absente dans l’Union Européenne. Alors laissons-nous aller à quelques rêves et contemplons ensuite leur réalité au réveil.

D’abord malgré l’arrivée des pays émergents, un seul n’est déjà plus émergent c’est la Chine qui devient la première économie mondiale.  Face à elle, il y a le Japon, le pays le plus endetté du monde et sans matières premières sur son sol, qui lutte pour exister et réussit à trouver des investisseurs pour ses emprunts à l’un des taux les plus bas du monde. Le dollar est toujours roi et la puissance économique et militaire font que les Etats-Unis règnent encore sur le monde avec un allié financièrement fidèle, le Royaume-Uni avec la City. 

Il reste l’Union Européenne, deuxième marché mondial, sans défense, sans cohésion politique, qui se réduit à une Allemagne forte exportatrice, une place financière à la City et une France qui s’accroche à l’euro. Le reste c’est le marais dans l’Europe du Sud, des pays satellites de l’Allemagne et des pays hors euro qui s’en sortent globalement mieux. Le seul pays dont on parle peu mais qui montre la voie possible en dehors de l’euro, c’est la Suède… mais chut ! Le modèle c’est l’Allemagne ! Qu’on se le dise ! 

Alors reprenons le cours de notre rêve sur le monde. La croissance mondiale devait être tirée par la Chine. Visiblement cela ne suffit pas et sa croissance au-dessus des 10% est retombée en-dessous des 7,5%. Oui c’est énorme quand on pense que notre gouvernement envisage 0,1% pour 2013 et pense inverser la courbe du chômage alors que tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut atteindre 1,5% de croissance pour réaliser cette inversion. Le réaliser, en payant des emplois qui ne correspondent pas à une demande normale de l’économie, c’est payer une aide sociale, un point c’est tout. C’est facile, il suffit de prendre dans la caisse et d’augmenter les impôts… et de constater ensuite que les impôts rentrent moins que prévu ! 

Bon, la Chine a des ambitions et s’implante dans tous les pays du monde pour assurer sa consommation en matières minières et énergétiques. Elle rêve de ne plus supporter l’hégémonie du dollar et commence à commercer en yuan dans sa zone asiatique d’influence. Par ailleurs elle fait main basse sur l’or et encourage les chinois à en acheter. Voilà de quoi penser que la guerre des monnaies est en route et que le dollar est visé. 

Le Japon vient de lancer un déversement de liquidités sans limite, ni d’importance, ni de durée, pour relancer son économie. De ce fait il augmente la dette mais l’épargne privée et celle des entreprises, qui servaient de garantie, deviennent inférieures à la dette. C’est un pari de quitte ou double. Les Etats-Unis, forts du dollar, déversent des liquidités, rassurés par l’exploitation du gaz de schiste qui diminue leur dépendance et leur déficit. Leur objectif est le libre-échange vers l’Europe qui selon Obama procurera des millions d’emplois pour son pays et sera le débouché du trop-plein de gaz de schiste dans l’avenir. 

L’Union Européenne n’a pas de stratégie économique et n’assure pas son avenir, comme le Japon, la Chine et les Etats-Unis, en assurant son approvisionnement minier et énergétique, à part l’Allemagne avec le gaz russe. Elle se lance dans le solaire et les voitures hybrides ou électriques, pensant s’appuyer sur la délocalisation et sans assurer son approvisionnement indispensable en terres rares et en argent, nécessaire aussi aux téléviseurs, ordinateurs, écrans tactiles. Elle continue à dépendre de l’étranger pour le cuivre, l’aluminium pour le câblage et les composants des avions et des blocs moteurs. Il en est de même pour le molybdène, le chrome, le manganèse, le zinc, l’acier et le nickel dans le domaine de la construction et du forage. Citons aussi la potasse et les phosphates des agriculteurs. 

A quoi pensent nos élites ? Que demain on viendra leur vendre à bas prix des matières qui se feront de plus rares ? La France se paye le luxe à propos du gaz de schiste de dire : « Cachez moi ce gaz que je ne saurais voir ! » Oui je crois rêver mais non, la France nage en plein bonheur écologique ! La dure réalité au réveil, c’est que l’Union Européenne, et plus particulièrement la zone euro, vit globalement dans une incapacité à se propulser dans l’avenir d’un monde mondialisé auquel elle a adhéré sans s’y être préparée ! 

Je rêvais de croissance mondiale retrouvée, d’une Europe recentrant sur elle l’économie mondiale grâce à cette Union que l’on nous a tant vantée, d’une France où le chômage serait au moins au niveau des trente glorieuses et où la pauvreté reculerait. Je rêvais parce que les promesses des uns et des autres me berçaient d’une douce musique du « Demain tout ira bien ». La nuit est passée et, dans ce lendemain qui doit chanter, je retrouve une France qui gère son déficit au jour le jour, promet toujours le bonheur pour demain alors que la réalité de demain, c’est moins d’emploi, moins d’assistance sociale et plus de taxes et d’impôts.
 
Dormez bien bonnes gens, on s’occupe de vous !

Votre argent est entre de bonnes mains ! 

Dans celui d’une élite dont l’incapacité 

N’a d’égale que l’inhumanité 

Du monde de l’argent ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon