mardi 9 juillet 2013

Nicolas Bernard-Busse, premier prisonnier politique ?



Arrêté le 16 juin en marge d’une « manif pour tous », cet étudiant de 23 ans a été présenté trois jours plus tard en comparution immédiate devant un juge, condamné à quatre mois de prison dont deux mois fermes et incarcéré à Fleury-Mérogis. Ce jeune militant très actif avait pensé être utile de participer à un rassemblement devant le siège de M6, pour y « accueillir » François Hollande. Cette pacifique provocation a incité, après dispersion, à poursuivre quelques centaines de manifestants jusque sur les Champs-Elysées où ils avaient prolongé leur chahut sans aucune atteinte sur des personnes physiques ou des biens publics. Poursuivi et arrêté dans une pizzeria, Nicolas est embarqué au poste de police, fournit une fausse identité, sorte de pseudonyme, et refuse de se faire prendre ses empreintes et de se soumettre au test ADN. Comme l’était la manifestation, on peut penser que l’attitude de ce jeune était un peu verbalement provocatrice envers les représentants de l’ordre. La vidéo ne montre cependant aucune attitude physiquement agressive.
 
Notre nouvelle Garde des Sceaux a dit par ailleurs que « pour les délits mineurs la prison n’est pas la solution ». En conclusion les faits reprochés à Nicolas sont donc très graves. Alors il faut comparer la gravité de ces faits avec d’autres commis et aux peines encourues. Quelques jours plus tard, le 23 juin, 6.000 « anti-fas » défilaient à Paris. Abribus vandalisés, drapeaux de l’Armée syrienne libre dans le cortège, vitrines bancaires brisées à la clé à molette, devantures de commerce taguées de symboles anarchistes, « Nik la France » sur la porte d’un immeuble ont montré le vrai visage de ce mouvement. La police précise « Ce sont des groupes ultra-radicaux de casseurs violents et très mobiles qui étaient venus en découdre ». Elle a procédé à 14 arrestations et une seule garde à vue. Aucune peine de prison ferme n’a été prononcée pour ces actes considérés donc comme « mineurs » !

A Tours en 2011, une militante antifasciste a été condamnée à trois de prison avec sursis et à 1.300 euros d’amende pour avoir donné un coup de tête à un policier lors d’une Gay Pride. Six mois plus tard elle a de nouveau été condamnée à cent jours-amende de 10 euros pour avoir refusé un test ADN. L’Institut pour la Justice relève le cas d’un homme condamné le 14 juin à dix-huit mois ferme pour avoir violé sa voisine pendant deux mois, qui est sorti de l’audience libre. Car c’est cet emprisonnement de ce jeune avec des violeurs, des tueurs, des braqueurs qui choque dans une France où depuis 2009, la remise en liberté prévaut pour les peines de prison ferme inférieures à deux ans.

Les propos de la Ministre de la Justice ne s’appliqueraient-ils pas au cas de Nicolas ? La connotation politique de droite justifie-t-elle que la règle ne soit plus appliquée ? L’homme libre ne peut qu’y voir cette dernière hypothèse, Nicolas est la première victime d’une justice politique, jugée non pas en droit mais en circonstances. Puni pour l’exemple… mais pour quel exemple ? Celui d’un pouvoir faible qui ne supporte plus la légitime résistance ? Aucun casseur du Trocadéro n’a été emprisonné lors de la fête du Paris Saint-Germain… parce que casser vitrines, voitures et édifice publics, dévaliser un bus d’étrangers, jeter des canettes sur la police n’a aucune importance si cela n’a pas un relent de rébellion politique droitière ?

Cette affaire est très grave sur le plan juridique, politique et même philosophique. Elle fait suite à la regrettable affaire du décès du jeune Clément Méric où on a trouvé, avant toute enquête, une occasion de fustiger l’extrême droite et la droite complice pour un crime odieux. L’occasion d’un « meurtre » permettait de mobiliser dans l’horreur et dans une condamnation sans aucune circonstance atténuante pour un lynchage par des skinheads provocateurs. On sait maintenant que la provocation était dans l’autre camp. De plus RTL a révélé une vidéo tournée par une caméra de surveillance de la RATP où l’on voit l’agresseur présumé, Esteban Morillo, se battre avec deux « antifas » pendant que Méric tente, dans son dos, de lui asséner un coup sur la nuque ! Si dissolution de partis extrêmes il devait y avoir, ce devait être à gauche et à droite !
Pour Nicolas, il s’agit bien d’un emprisonnement politique… le premier depuis cinquante ans ! Mais attention !

« La violence n’est rien d’autre qu’une force faible »
Vladimir Jankélévitch

« L’injustice appelle l’injustice et la violence engendre la violence »
Lacordaire

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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