mardi 23 juillet 2013

La dette dont on se fout souverainement !

En voyage à Dunkerque le 23 juillet accompagné du ministre du Travail Michel Sapin, François Hollande a entamé son déplacement, concentré sur une matinée, par la visite de deux entreprises, AstraZeneca (Pharmacie) et CMP Dunkerque, deuxième entreprise de chaudronnerie française. Avant de repartir, il a parrainé la signature de trois emplois d'avenir et d'un contrat de génération selon l’AFP. Bigre comme il y va ce président, quatre d’un coup ! On comprend que Michel Sapin pouvait lancer sûr de lui : « La bataille de l'immédiat, l'inversion de la courbe du chômage, ce n'est pas pour dans trois ans c'est pour dans quelques mois ». 

Le Président n’attend pas les chiffres du chômage de juin pour confirmer que les emplois d'avenir, destinés aux jeunes peu ou pas qualifiés, s'élevaient déjà à 40.000, ce qui permettra, selon lui, « d'atteindre l'objectif de 100.000 » à la fin de l'année. Il a juste concédé que pour les contrats de génération, « nous avons bon espoir d'atteindre là aussi l'objectif, même si ce sera plus long », soulignant notamment que ces contrats étaient « conditionnés à des accords de branche ». L'exécutif a prévu 75.000 contrats d'ici mars 2014 pour ce dispositif qui consiste à embaucher un jeune tout en conservant un senior. 

Il est clair pour le Chef de l’Etat que l’inversion de la courbe du chômage n’est plus atteignable sans des emplois aidés donc sans les sous du budget donc les nôtres. Non seulement l’objectif se révèle plus que difficile à atteindre selon les prévisionnistes dont il se moque, sûr de lui, mais cela ne correspond à aucune création réelle d’emploi.  L’emploi, comme une baudruche, se dégonfle dès que l’on cesse de souffler dedans. 

Alors les dépenses publiques tiennent lieu de croissance, ou plutôt de pansement non stérile sur une plaie qui ne peut toujours pas cicatriser. Le déficit budgétaire a retrouvé un nouveau souffle grâce à l’inefficacité des politiques d’austérité dans la plupart des pays européens, du sud en particulier. Le G20 en a fait le constat car la situation se détériore de plus en plus vite. Du coup la dette maximum au-delà de laquelle un pays ne peut se sauver seul est passée de 90% (erreur de calcul soi-disant) à 120% du PIB selon le FMI. 

On comprend que c’est le constat puisque la dette du Portugal est passée de 108% en 2011 à 123% en 2012 et que la dette moyenne de l’Europe est passée à 92,2% au premier trimestre 2013 contre 90,6%  au trimestre précédent. Plus de la moitié des pays de l’eurozone dépassent les 90% et le Portugal survit au-delà de 120%. On ne peut que constater le pragmatisme du FMI même si le Portugal est au bord de l’implosion politique malgré une aide de la troïka de 78Mds€ depuis 3 ans.
 
Grâce aux 130,3% de l’Italie au lieu de 127% au trimestre précédent, aux 160,5% de la Grèce au lieu de 156,9%, la dette devient une variable d’ajustement et les injonctions du traité de Maastricht pour la dette ramenée à 60% du PIB et le déficit budgétaire à 3% n’est plus qu’un horizon qui, comme dans les mirages, s’éloigne au fur et à mesure que l’on avance ! La barre vient d’être passée toute à gauche et Bruxelles a desserré le frein pour le déficit budgétaire français sous la menace de voir le deuxième pays fondateur de l’Europe plonger comme la Grèce, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie dans une spirale mortifère. Ce serait alors la mort de l’Europe et la fin du gâteau que l’euro offre à la finance et aux multinationales sur le dos des peuples européens. 

Le Président peut déployer désormais une stratégie toute aussi mauvaise que la précédente et embourber le pays dans une dette croissante sans effet suffisant pour une croissance redonnant un taux d’emploi en progression. L’exemple américain est là pour le montrer. La croissance ne reviendra pas avant longtemps aux 3 à 5% qui permettaient de ne pas sentir l’effet de l’endettement et de juguler le chômage. Il ne faut tabler que sur une croissance molle en Europe d’autant plus que le centre économique du monde s’est déplacé vers l’Orient. 

Ceci me rappelle les changements à 180° opérés dans l’enseignement, comme celui de la nécessité de privilégier l’anglais oral pour pallier aux difficultés des jeunes français à s’exprimer devant leurs amis anglais. Du coup, la grammaire anglaise était oubliée au profit de séances de casques sur l’oreille où chacun s’imbibait d’un délicieux accent anglais distillé ensuite à des parents éblouis. Malheureusement l’utilisation la plus indispensable restait toujours la version et le thème anglais et les français se distinguent toujours quarante ans après par une très mauvaise note dans ce langage par rapport à la moyenne européenne.

Barre à droite puis barre à gauche ne changent pas la course du navire vers les brisants quand le gouvernail ne répond plus. La France est gouvernée par une troïka sous influence germano-anglo-saxonne qui ne veut pas voir qu’elle prend l’eau malgré un peuple qui s’épuise à écoper ! Il va nous rester à « libre-échanger » notre dette et celle de nos banques dans un pacte d’union bancaire et à ouvrir un peu plus les voies d’eau pour les marchandises d’outre-Atlantique. 


Le Président croit en sa bonne étoile et sa prestation d’ « enfumeur bienheureux ». Les européistes s’accrochent désespérément à leurs illusions pour ne pas tomber dans la névrose mais toute dette finit par se payer et la repousser ne fait qu’augmenter la dureté de la chute dont seule la date est encore inconnue. Dans ce cas les plus avertis, donc souvent les plus riches, perdront des plumes mais les autres soient verront disparaître leurs économies soit achèteront des brouettes pour y mettre les billets nécessaires aux commissions… 

Tout a une fin et je vous propose en conclusion cette phrase pleine de bon sens :
 
On ne meurt pas de dettes, on meurt de ne plus pouvoir en faire.


Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline


Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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