vendredi 12 juillet 2013

De la dette, encore de la dette, toujours de la dette ! (2ème partie)

Nous avons parlé de la dette publique qui oblige les Etats à emprunter mais il y a tous les emprunteurs privés, les ménages, les spéculateurs et les entreprises. A titre d’exemple la dette publique de 2011 était de 86% du PIB, celle des ménages de 48%, celle des spéculateurs de 95% et celle des entreprises de 150%. Le total de toutes ces pourcentages c’est environ 380% du PIB, soit en 2011 une dette globale de 7.600 milliards d’euros 

Les chiffres donnent le tournis car cela représente 38 fois les recettes de 2011. Evidemment la situation s’est encore aggravée puisque la dette publique va augmenter de 5% du PIB en 2013 par rapport à 2011 et les autres dettes au moins à l’avenant. Nous sommes engagés avec de nombreux pays dans une course en avant que rien ne semble devoir arrêter avec une augmentation continuelle des dettes que très vraisemblablement aucun pays ne pourra rembourser. 

Les dettes sont comme les arbres, elles ne peuvent croître indéfiniment. Mais elles sont devenues une drogue dont les Etats et le système économique ne savent plus se passer. 

Pour enrayer la récession économique et soutenir leur économie, les Etats ont mis en place des plans de relance massifs, creusant le trou de leurs portefeuilles déjà fortement délestés par la baisse des rentrées fiscales. De nouveaux chiffres des économistes du FMI suggèrent que la dette publique des dix pays les plus riches va passer de 78% du PIB en 2007 à 114% d'ici 2014, rappelle The Economist. 

"Et les ondes de la dette d'aujourd'hui, contrairement à l'après seconde guerre mondiale, ne sera pas temporaire. Même après la fin de la récession, peu de pays riches pourront faire des coupes drastiques dans leurs budgets afin d'éviter que ne s'envolent encore plus leurs déficits", se désole le magazine. 

C’est bien le cas de la France qui va réduire d’une quantité négligeable son budget en 2014 par rapport aux incertitudes qui pèsent sur la prévision dans une période où les chiffres de croissance sont constamment revus à la baisse. C’est encore aujourd’hui le cas du FMI qui abaisse la valeur moyenne de la croissance mondiale. Par ailleurs toute l’économie de marché est liée aux Etats-Unis et plus particulièrement à la Banque fédérale. La planche à billets y tourne à plein régime et les taux d’emprunt  sont maintenus près de zéro. 

Nous vivons à crédit et tant que la croissance n’est pas du même niveau que le pourcentage d’augmentation de la dette, nous ne pouvons sortir de ce cercle vicieux qu’en diminuant toutes les dépenses inutiles voire de la gabegie. Nous n’en prenons pas le chemin. L’ajout d’une strate supplémentaire dans le « mille-feuille » structurel de l’organisation territoriale ne peut engendrer des économies de dépenses et on peut rester sceptique sur le fait que cela génère des recettes compensatrices. 

La menace que fait peser la dette est double. La première c’est de reporter celle-ci sur les générations futures ou supposer que le remboursement ne se fera jamais. Ce dernier raisonnement poussé au niveau des grandes économies occidentales conduit à une nouvelle catastrophe mêlant Etats et banques lorsque les intérêts des crédits ne peuvent être remboursés et où la confiance des investisseurs disparaît. La deuxième c’est que des Etats les uns après les autres ne digèrent pas une politique d’austérité essentiellement basée sur les impôts et taxes sans possibilité efficace de relancer la compétitivité donc la croissance. 

C’est le cas de la France qui s’est désindustrialisée et qui ne dégage pas dans la diminution de ses dépenses actuelles les moyens financiers pour de vastes investissements productifs dans les infrastructures et la recherche par exemple. Faire payer plus les médicaments ou moins les rembourser, diminuer les retraites, ce n’est que de l’impôt, or l’impôt finit par tuer l’impôt. La perte du levier monétaire, utilisé avec succès avec le Serpent Monétaire entre autres, enlève toute possibilité de relancer vigoureusement la croissance. La dette devient suicidaire en période de stagnation, car elle s’autoalimente de remboursements d’emprunts par de nouveaux emprunts. 

Il est temps de changer notre politique avant de sombrer dans un cataclysme généralisé qui jettera dans la rue les plus pauvres et ruinera les plus riches. Les élections européennes doivent être l’occasion de pousser les idées d’une autre façon de faire fonctionner l’Europe, dans la souveraineté des peuples et dans la démocratie. Il est temps de tenir la dragée haute au trio Etats-Unis-Royaume-Uni-Allemagne et de construire une Europe pour le bonheur de ses citoyens et non une pompe d’argent des masses laborieuses vers les grandes institutions et cartels économiques et financiers. 

La spirale de l’endettement anesthésie les volontés d’en sortir 

La pauvreté qui s’abat sur l’Europe fait croire au miracle 

Miracle toujours annoncé et toujours évanoui ! 

Les bonimenteurs méritent les escopettes ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon