samedi 15 juin 2013

Retraites : nouvel enfumage en préparation !



La réforme des retraites est le dossier le plus important de l’année… je croyais que c’était le chômage ! Oui politiquement, ce dossier sent le soufre pour la rentrée en attendant l’inversion de la courbe du chômage. Inversion ou inflexion de l’augmentation ? Le Président s’est laissé une petite marge de manœuvre…
 
Pourquoi ce dossier « retraites » est-il si important ? Parce que ce budget est en déficit, déficit qui s’aggrave pour les années à venir si tout reste en l’état. Oui et non car le déficit existe depuis longtemps et que finalement c’est l’Etat qui paye ou qui paiera. N’oublions pas que l’Etat c’est nous et que l’Etat intervient par un organisme sous son contrôle, la CADES (Caisse d’amortissement de la dette sociale). Celle-ci gère la dette, qui s’accumule, en empruntant, dette qui ne figure pas au budget public de l’Etat. Pour 2012 la CADES a emprunté 30 milliards d’euros en contrepartie d’obligations d’Etat.


Ce sont les syndicats patronaux et de salariés qui gèrent ce budget retraites en déficit, déficit épongé annuellement par le CADES. En somme l’Etat refile aux générations futures une dette qui enfle. Combler le déficit est une chose, rembourser la dette en est une autre. C’est le premier enfumage de l’Etat qui ne parle que de réduire le déficit, et pour cause, car la fébrilité du gouvernement sur ce sujet n’est pas feinte, Bruxelles a mis la France au pied du mur. C’est la vraie raison de l’ouverture en urgence d’un dossier complexe et sans cesse remis en cause.


Le deuxième enfumage c’est le refrain du règlement de ce problème sur le long terme. Le long terme ne dépassera pas la fin de cette législature pour la simple et bonne raison que les solutions sont basées sur des données hypothétiques qui ne dépendent que peu de la volonté gouvernementale. Les hypothèses sont au nombre de quatre, trois hypothèses démographiques (Fécondité, espérance de vie, solde migratoire) et une hypothèse économique, la croissance.


Toutes les prévisions budgétaires à plus d’un an sont toujours « réajustées » et même en cours d’année comme en 2012. Or les valeurs retenues, comme celles sur la croissance entre 1% et 2,5% sont considérées aujourd’hui par la plupart comme trop optimistes. Croissance et chômage sont très liés et influent sur les cotisations retraite. Les mesures prochaines sur la politique de natalité doivent influer celle-ci, si ce n’était pas le cas on se demanderait pourquoi y investir de l’argent public. Tout ceci rend les prévisions très aléatoires.


Le troisième enfumage est l’utilisation des données de calcul prises dans le sens favorable à une maximisation des effets des actions prévues ou possibles. Les mesures n’auront probablement pas les effets escomptés mais on pourra alors dire que la fertilité a décru ou que la croissance ne se décrète pas ou qu’elle subit la  décroissance de l’économie mondiale, etc. Ce qui est dramatique pour notre pays, ce n’est pas tant que le futur ne soit pas à l’image de la prévision que l’on en fait mais qu’on la manipule au gré de la politique et que l’on fasse croire au peuple que l’on maîtrise une situation dont les données futures n’ont rien de sûr.


Mensonge sur les raisons de l’urgence de la réforme, absence d’ information sur la valeur de la dette, prises en compte optimiste des données de base pour minimiser l’effort à fournir, affirmation gratuite de la maîtrise des retraites sur le long terme, sont des recettes gouvernementales qui traversent les équipes dirigeantes et minent la confiance des français dans leurs élus.


La retraite par répartition est, économiquement, une chaîne de Ponzi qui se définit comme un système dans lequel d’anciens investisseurs ne sont pas rémunérés avec le rendement de leur placement, mais avec les dépôts de nouveaux investisseurs (communément la cavalerie). C’est la mécanique du système des retraites, dans lequel les pensionnés ne touchent pas le fruit de leurs cotisations passées, mais récoltent les cotisations actuelles des actifs. Une chaîne de Ponzi est une fraude dont la comptabilité est truquée, sauf que dans le cas de la retraite, on est dans le domaine du droit et non de l’économie, ce n’est donc pas punissable. Le jeune qui cotise le fait donc à l’aveugle puisque les fonds versés seront immédiatement transférés sur les retraités et ne garantissent en aucune façon son avenir si ce n’est la garantie de l’Etat. Celle-ci devient illusoire si l’Etat décide de lui reprendre une partie de ce qu’il lui a garanti, en baissant les retraites, il s’agit alors d’une escroquerie pure et simple.


La réforme de la retraite est un sujet difficile et l’étude d’une retraite par points devrait être à l’ordre du jour et cela sans précipitation, car elle doit être équitable et sa mise en place demande une transition bien pensée et une information préparatoire. Comme tout déficit finit par rentrer tôt ou tard dans le budget public de l’Etat, mais l’équilibre est global et ne nécessite pas que tous les budgets sociaux soient équilibrés. La solidarité nationale doit jouer sur la TVA et (ou) sur l’impôt sur le revenu dans le cas le plus défavorable, c’est-à-dire lorsqu’il devient impossible de faire des économies sur le gaspillage, les circonvolutions administratives inutiles et la complexité de ses strates, les dépenses de fonctionnement sans rapport avec leur intérêt ou leur efficacité, etc.


L’administration a agi sur l’humain et sa capacité à produire plus dans un temps donné, avant d’avoir fait le peignage des autres dépenses directes ou engendrées par la gabegie et la complexité de ses rouages. Il en résulte une augmentation du stress et de l’absentéisme qui finalement nuit au rendement et à la qualité du service rendu. C’est là, dans le jardin de La Fontaine, que l’on trouverait les milliards nécessaires mais la terre est dure à soulever et les pelles font trop de bruit, il est plus commode de rançonner la vieille qui ne veut pas encore mourir ou de lester un peu plus de plomb le petit jeune qui ploie sur la charge du vieux qu’il a pris sur ses épaules.


L’oligarchie pensante est partisante du moindre effort


La sueur est une nuisance très nauséabonde


La protection peureuse de son électorat


Reste le but… du bien commun !


Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire