mardi 14 mai 2013

Le projet européen est un échec total

Ce n’est pas moi qui le dit mais un historien britannique, Niall Ferguson. Certains d’entre vous penseront immédiatement que de la part d’un britannique, il faut prendre cette critique avec beaucoup de précautions. Mais il importe néanmoins d’y regarder de plus près. Bâtie sur des critères économiques, politiques et géopolitiques, l’UE doit être jugée selon ces mêmes critères.

D’abord on nous a vendu l’Europe comme une assurance sur la paix après trois guerres contre nos voisins allemands dont deux mondiales. L’argument est repris par les américains qui, par bonté d’âme bien sûr, ont œuvré à sa construction pour la disparition des nations belliqueuses dans un ensemble révoquant toute idée de puissance. Cet ensemble devait être tourné vers l’amélioration des conditions de vie de ses habitants grâce à une croissance économique supérieure à celle de la moyenne de ses composant.

 Il y avait de quoi séduire et il a été facile de trouver des politiques européens pour enfourcher cette idée idéaliste. De Gaulle est vite apparu comme un empêcheur de tourner en rond par les européistes et les américains. Force est aujourd’hui de constater qu’il avait vu juste.

L’Europe garante de la paix ? « L’intégration européenne n’a absolument rien à voir avec la paix que connaît l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, une réussite qu’il faut attribuer à l’OTAN [Organisation de Traité de l’Atlantique Nord]. La création de l’Union européenne n’avait pas pour but la guerre ou la paix, auquel cas une communauté européenne de défense aurait été formée, une initiative à laquelle s’est opposée l’Assemblée nationale française en 1954. » 

Quand vous arrivez en pays étranger, vous vous efforcez d’apprendre quelques mots simples usuels pour faire un pas vers le pays hôte. Au Parlement Européen si vous voulez répéter cette initiative pour tous les pays présents il vous faudra apprendre à dire merci en 23 langues. L’Europe est une tour de Babel. L’Europe c’est ce que les savants ont expérimenté pour réaliser une bombe atomique.

Ils ont d’abord fabriqué petit à petit de l’uranium comme l’Europe a petit à petit mis des pays dans une enceinte européenne. Ils constataient que l’on pouvait stocker de plus en plus d’uranium en tas sans que rien ne se passe. Cela vérifiait leurs calculs et ils savaient qu’ils pouvaient continuer à entasser de l’uranium jusqu’à la masse critique. Leur but était de vérifier cette masse qui déclencherait une explosion nucléaire. Ils y sont arrivés eux en toute connaissance de cause contrairement aux artisans bricoleurs européistes qui ne savent pas jusqu’où on peut aller dans l’intégration des pays.

La tour de Babel explose quand la masse critique de pays adhérents atteint un certain niveau mais comme disait Fernand Reynaud, cela met un certain temps à arriver. Ce temps est en train d’arriver, la tour de Babel offre les symptômes révélateurs d’un éclatement. Les réflexes nationalistes se rebellent contre l’interventionnisme bruxellois. La Hongrie défie l’UE, le Royaume-Uni n’y veut rester qu’à ses conditions, l’Espagne a essayé de résister à la troïka, la Slovénie fait tout pour y échapper, le trio France-Espagne-Italie en difficulté essaie de faire un front contre l’Europe allemande du nord ,qui gronde, pour éviter de tenir les promesses d’austérité.

Réussite économique ? Dans les années 1950, l’économie de l’UE avait une croissance de 4 %, tout comme dans les années 1960. La croissance de l’Europe a décliné à mesure que s’est poursuivie son intégration, la croissance est aujourd’hui descendue à zéro. La participation européenne au PIB mondial est en baisse depuis 1980 : elle est ainsi passée de 31 % à 19 %. L’Europe recule partout sauf sur le taux de chômage qui atteint 12%.

L’œuvre majeure, l’euro, n’est plus qu’un malade mis sous perfusion et dont le pronostic vital est engagé. Une union monétaire sans intégration du marché du travail et sans fédéralisme fiscal a toutes les chances d’exploser. L’euro ne tient plus qu’à la décision de l’Allemagne puisqu’il s’agit en fait d’un euro-mark.

A-t-elle une légitimité politique ? Lorsque l’on dit aux danois en 1992, aux irlandais en 2001 et en 2008, que leur vote n’est pas satisfaisant et qu’ils devront revoter, lorsque les français refusent la constitution et qu’on passe outre par un vote parlementaire sur un traité copie conforme, a-t-on donné une assisse solide à la légitimité politique ? On n’a fait qu’éloigner les peuples de la citoyenneté européenne.

Est-ce une réussite géopolitique ? A-t-on un seul représentant pour discuter avec les grands de ce monde ? “L’Europe ? Quel numéro de téléphone ? disait Henri Kissinger. A-t-elle réussi à arrêter la guerre en Bosnie ? Cette guerre a fait 100 000 morts et a entraîné le déplacement de 2,2 millions de personnes. Le conflit a cessé lorsque les Etats-Unis ont fini par intervenir et qu’ils ont mis un terme au désastre.

Pour construire une maison on fait d’abord un sondage du sol pour savoir ce que devront être ses fondations, puis on construit les murs d’un nombre d’étages prévus et enfin on met le toit. L’Europe s’est faite sur des sondages idéalistes, elle a créé une fondation supposée tenir la construction nommée euro, puis on a empilé les étages. Au 17ème étage des fissures sont apparues, aux 27ème ce sont des lézardes qui menacent l’édifice et elle ne sait toujours pas combien d’étages elle va empiler, sauf que le toit devrait être... la Turquie !


La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf.

Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur.
Disant : " Regardez bien ma sœur ;
Est-ce assez ? Dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout.
M'y voilà ?
Vous n'en approchez point "
La chétive pécore.

S'enfla si bien qu'elle creva. 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon