mercredi 3 avril 2013

Quand un petit pays donne une leçon aux grands (2ème partie)



L’ignominieux mensonge de Jérôme Cahuzac ne fait que jeter l’opprobre sur notre peuple qui met de tels hommes au sommet de l’Etat. L’aventure du peuple islandais n’en est que plus salutaire à notre prise de conscience. Nous nous enfonçons dans une mollesse, un refus des contraintes d’une société bâtie par tâtonnements depuis des millénaires et une acceptation passive des entorses faites à la démocratie. Un peuple n’a que les dirigeants qu’il mérite et nous en avons de plus en plus la preuve.
 
Nous avons donc quitté l’Islande dans la première partie de cet article en proie à la faillite en 2008-2009 après avoir eu le meilleur PIB/habitant en 2007. Ceci montre que les retournements de situation se font très rapidement et que seuls les citoyens bien informés s’en tirent sans trop de dégâts. En septembre 2008, l'État islandais est au bord de la faillite. Il ne peut prendre le contrôle des plus grandes banques du pays en situation de faillite à cause de la crise financière. En Islande les banques étaient, elles, au tapis et par voie de conséquence l’Etat aussi, tant est fort désormais le lien entre les deux entités.


Le FMI avait remarqué que l’importance « colossale » du secteur bancaire et noté que l’Islande fonctionnait comme un fond spéculatif. L‘Islande était emportée par le souffle triomphant d’une finance internationale dopée aux crédits bon marché. Les trois principales banques du pays (Landsbanki, Kaupthing et Glitnir) se hissèrent même parmi les trois cents plus importantes banques du monde, leurs actifs passant de 100 % du produit intérieur brut (PIB) en 2000 à plus de 800 % en 2007 – un niveau que seule la Suisse dépassait… Ceci n’est pas sans rappeler le secteur bancaire chypriote.


La perfusion de 2 milliards d’euros du FMI s’avérait insuffisante pour arrêter la crise et la Banque centrale d’Islande incapable de permettre aux banques de rembourser leurs dettes en tant que prêteur de dernier recours. Le FMI apportait son aide, en contrepartie de mesures dites « d’ajustement », et du dédommagement des épargnants étrangers de la filiale de Landsbanki : Icesave. Or l’islande ne garantissait que les avoirs islandais, pas ceux des étrangers.


L’expansion financée par des emprunts sur le marché interbancaire avait également créé une bulle de l’endettement privé. Le mécontentement montait dans le pays, la fronde populaire pour ne pas rembourser la dette prenait de l'ampleur et provoquait un désarroi politique. La « Révolution des Casseroles » commença à faire du bruit. La population, refusant de se soumettre aux injonctions du FMI et d’assumer à elle seule la banqueroute des banques, se mobilisa par milliers en se retrouvant tous les samedis pour manifester autour du Parlement. Ces citoyens réclamèrent haut et fort la démission du gouvernement jugé responsable de la faillite du pays, ainsi que celle du directeur de la Banque centrale (un certain David Oddsson, ancien Premier ministre démissionnaire en 2005 pour bénéficier de ce poste).


Ainsi, le 23 janvier 2009, le Premier ministre Geir Haarde et toute son équipe démissionnèrent. Le 25 avril, des élections législatives anticipées, auxquelles 85 % des électeurs prirent part, plébiscitèrent un nouveau gouvernement réunissant les sociaux-démocrates et les écologistes de gauche. La population pensa enfin que ses velléités seraient écoutées.


Avant de lire ce qu’il advint par la suite, il faut marquer un temps d’arrêt devant ce courage et cette lucidité du peuple islandais qui, par des manifestations pacifiques, a refusé de se plier aux injonctions du FMI. Il a mis les politiques et les banquiers dehors. C’est la première leçon à tirer de la capacité du peuple à juger de la responsabilité de ceux à qui il a accordé sa confiance et qui en sont redevables devant lui.


Le politique doit préserver la liberté, la sécurité et la propriété


Ce doit être un honnête homme, grand serviteur du peuple,


Un défenseur de la démocratie et de la probité


Avant d’être un collecteur d’impôts !


Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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