vendredi 15 mars 2013

L’Europe… Pour quoi ? Pour qui ? (7ème partie)

Il a fallu attendre novembre 2009 pour que le traité de Lisbonne soit ratifié par l’ensemble des membres de l’Union Européenne avec le second référendum irlandais (après son rejet en 2008), la signature polonaise et l’arrivée du dernier Etat, la République tchèque avec son président tchèque, Vaclav Klaus. Le premier constat que l’on pouvait faire en cette fin d’année 2009 est que la crise s’abattait sur une UE accouchée dans la douleur où, dès que l’assentiment des peuples était demandé, ceux-ci arrivaient à reculons.
C’est donc par principalement la volonté des dirigeants, poussés par des impératifs économiques, que cette Europe s’est construite et il y a eu divorce entre eux et les peuples qui les ont crus pour des raisons de sécurité et de vie meilleure à court, moyen et long terme. Ce divorce, qui ne s’est pas exprimé dans l’Europe des douze, s’est manifesté dès l’élargissement de 2004 où le sentiment de citoyenneté européenne s’est distendu.
Nombreux sont ceux qui ont compris que cette Europe grandissait beaucoup trop vite et que les critères économiques avaient pris le pas sur l’idéal européen et que le fédéralisme rampant, non explicitement avoué, rognait l’indépendance des Etats-nation sans apporter plus de bonheur à leurs citoyens. L’euro, accueilli comme un symbole fort en 2002, n’a donné que pendant deux ans des signes positifs à l’économie française. La crise de 2008-2009 a définitivement ouvert les yeux du peuple français, dubitatif d’abord, sceptique aujourd’hui et déjà rejeté dans des pays voisins. Cette montée du désenchantement n’a pas ralenti le mouvement de perte de souveraineté des Etats ni la boulimie d’élargissement de l’Union, bien au contraire.
Que l’Europe soit en gestation depuis l’empire des carolingiens et qu’elle ait pris forme sous Charlemagne, dont il faut rappeler que la capitale de son empire se trouvait à Aix-la-Chapelle (l’histoire n’est jamais un hasard), cela ne fait aucun doute sur l’intérêt que les peuples européens ont eu à se rassembler. Que devient l’Europe depuis 2009, année de crise qui a mis en lumière son inadaptation à l’histoire économique du monde ?
L’euro est devenu un piège d’où ne survivent que les plus forts, qui marchent sur la tête des plus faibles pataugeant dans l’austérité, pour garder la tête hors de l’eau. Ceci s’est traduit par deux idées maîtresses, d’une part « toujours plus d’Europe », signe évident d’une fuite en avant et de toujours moins de souveraineté nationale, d’autre part une austérité imposée qui se termine par une mise sous tutelle pour les pays les plus faibles. Il en est résulté une floraison de pactes comme le pacte budgétaire européen, officiellement appelé Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) et signé le 2 mars 2012 pour application le 1er janvier 2013.
Ce pacte se veut une réponse à la crise, grecque en particulier (tiens, comme au traité de Rome !), par une intégration plus grande des politiques économiques, particulièrement dans la zone euro. On a pu constater dans les derniers Conseils européens combien les politiques économiques britanniques, allemandes et françaises étaient fondamentalement différentes et combien la création d’une zone de libre-échange avec les Etats-Unis devenait l’objectif principal pour le couple anglo-allemand.
Mais c’est le traité de Maastricht de 1992 qui a imposé les contraintes budgétaires et le Pacte de Stabilité (PSC) et de Croissance, adopté au Conseil européen d’Amsterdam le 17 juin 1997, qui encadrent les budgets nationaux. Ces contraintes économiques sont : un taux d’inflation qui ne doit pas dépasser de plus de 1,5% celui des trois pays au taux les plus faibles, un déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB, un endettement public inférieur à 60% du PIB.
Inutile de dire que nous sommes loin de réunir en France les deux dernières contraintes, en particulier le niveau d’endettement, que l’Allemagne (83%), la France (90,6%), l’Espagne (74,5%) et l’Italie (120,8%) seront bien loin de réaliser en 2013. La surveillance budgétaire multilatérale et la procédure de déficit excessif du PSC n’y ont donc rien fait. Il n’en est résulté que de nouveaux règlements plus contraignants encore, dénommés le « Six Pack » avec une surveillance accrue des budgets nationaux, un alourdissement des mesures répressives qui vont jusqu’à juger des déséquilibres macro-économiques nationaux.
Il peut ainsi s’agir des parts de marché à l’exportation, des coûts unitaires de main-d’œuvre, de la dette du secteur privé, de l’évolution du prix de l’immobilier, etc. Que reste-t-il de souveraineté à un pays qui tombe sous l’œil du « Six Pack » ? Mettre les pays sous tutelle, est-ce vraiment cela qui est l’avenir de l’Union Européenne et particulièrement de la zone euro, plus touchée encore ? La mutualisation de la dette, prônée par la France, n’est-ce pas déshabiller Pierre pour habiller Paul en sombrant ensemble dans la pauvreté ?
Qu’a-t-on déjà fait dans ce domaine ? Nous en reparlerons et nous  nous reposerons, en conclusion, les deux  questions fondamentales : Pour quoi, autrement dit vers quel but nous dirigeons-nous ? Une chimère ou une construction solide de l’avenir de notre pays ? Et enfin Pour qui, car la ténacité aveugle de nos dirigeants ne peut être gratuite et seulement issue d’un idéal ou d’une obsession à la Don Quichotte…
L’Europe qui protège plombe l’économie européenne
L’Europe qui protège est sous le parapluie américain
L’Europe qui protège détruit l’Etat-nation

L’Europe qui protège tue la démocratie
Alors ? Pour quoi ? Pour qui ?
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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