mercredi 6 mars 2013

L’euro qui protège… la récession !

Les chiffres sur la croissance du quatrième trimestre 2012 viennent de tomber et montrent que la zone euro s’est enfoncée dans la récession. Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro s'est établi en recul de 0,6% sur les trois derniers mois de 2012 par rapport au trimestre précédent, indique Eurostat qui a publié une deuxième estimation de cet indicateur. L’Allemagne, moteur de l’euro, est dans la moyenne à 0,6% et la France fait aussitôt un cocorico avec une récession de seulement 0,3%. Profitons-en car dès le premier trimestre 2013, le moteur allemand va reprendre le dessus.

A l'échelle de l'Union européenne, le PIB s'est replié de 0,5% fin 2012 après une légère hausse de 0,1% au trimestre précédent. Il a reculé de 0,3% sur l'ensemble de l'année. La différence n’apparaît pas sensible entre la zone euro et l’UE, on va voir qu’il n’en est rien. Mais déjà la notion de l’euro qui protège par rapport aux monnaies nationales est systématiquement mise en question pour ne pas dire battue en brèche. Regardons les chiffres de plus près car le PIB des 10 pays hors zone euro ne représente que 26% du PIB total de l’UE.

Un calcul élémentaire montre que le solde de croissance à fin 2012 pour les pays hors zone euro est de +0,2% à comparer au PIB des pays de la zone euro de -0,6%. C’est donc 0,8% qui sépare les deux zones et surtout la moyenne des pays hors euro n’est pas dans la zone de récession. Il faut se rendre à l’évidence, les économies de la zone euro se comportent en moyenne moins bien que les monnaies nationales au sein de l’UE. Plus les politiques d’austérité dans la zone euro sont menées avec dureté, plus les pays affichent de mauvais résultats.

Les chiffres de la Grèce n’étant pas encore connus, le Portugal, félicité par le FMI et l’UE pour sa politique d’austérité, est nettement en tête de la récession avec -1,8%. Dans les pays en-dessous de la moyenne européenne on retrouve Chypre mais aussi l’Italie avec -0,9% et l’Espagne avec -0,8%. Les pays du sud de l’Europe sont bien représentés. Avec la Grèce tous ces peuples souffrent et manifestent dans la rue. Nous on manifeste avant de souffrir, pour l’instant c’est moins douloureux. Nos dirigeants espèrent que nous allons nous habituer à la descente vers la pauvreté si la pente est douce…

Plus sérieusement un coup d’œil sur le pays de référence, les Etats-Unis montre que la croissance de ce pays suit grossièrement les fluctuations de l’UE avec un léger décalage positif sauf en 2009. Toutefois l’écart s’est amplifié depuis le dernier trimestre 2011 pour atteindre +0,6% en faveur des Etats-Unis qui terminent donc à 0%. On voit là l’impact de la politique du QE qui soutient l’économie américaine au prix d’un creusement de la dette publique.

De ce rapide panorama de chiffres on peut tirer des enseignements, car, s’ils ne sont pas manipulés, ils donnent les véritables éléments de réflexion hors des discours basés sur du vent, volontairement vagues et mensongers de nos gouvernants. Il en ressort que ni l’euro, ni les politiques d’austérité, pratiquées à la dure, ne conviennent au pays du sud et en général aux pays fortement endettés. Une fois encore, il faut se rendre à l’évidence que notre pays ne se remet pas de la crise mais s’enfonce bien au contraire. Il le fait moins vite que nos voisins du sud mais rien n’arrête sa descente.

Il n’y a pas de solution en dehors d’une reprise en main de la monnaie sous une forme nationale ou d’un panier de monnaies garantissant à chacun une certaine liberté de manœuvre. Il n’y a pas d’austérité valable si elle ne touche pas principalement le « train de vie de l’Etat », y compris son cortège de fonctionnaires puisqu’il est le principal employeur du pays. L’augmentation de la fiscalité, la réduction des avantages de toutes natures n’est toujours qu’un pis aller. La justice dans la répartition des richesses n’est plus qu’un prétexte pour manipuler la fiscalité et un hochet pour satisfaire l’opinion publique.

Trimestre après trimestre, chiffre après chiffre,
Le constat est le même du dogme mortifère de l’euro
Et de l’incapacité de nos deux grands partis
A gérer ce pays… depuis plus de trente ans !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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