samedi 2 mars 2013

France-Russie, un dialogue nécessaire mais difficile



Le Président Hollande est en Russie pour une première rencontre qui peut aboutir sur un rapprochement ou non de ce pays en pleine évolution économique avec le nôtre. Les dossiers économiques bilatéraux ne manquent pas mais c’est surtout sur les relations avec l’Union Européenne et le dossier syrien que l’essentiel du débat va se centrer entre deux hommes qui ne se connaissaient pas. La France n’a pas la même dépendance énergétique que l’Allemagne vis-à-vis de la Russie, les liens ne sont donc pas naturels en dehors de ceux culturels.
 
La Russie cherche à resserrer les liens avec l’Europe mais, devant le peu d’enthousiasme des européens et les difficultés économiques de celle-ci, elle se retourne vers l’Asie par des accords commerciaux forts avec la Chine et l’Inde. Les structures rigides de l’UE européenne ne permettent à priori pas d’inclure la Russie sous une forme d’union commerciale comme aurait pu la feu zone de libre-échange. Les accords bilatéraux sont à construire dans une concurrence avec l’Allemagne en particulier.


Mais la pierre angulaire de cette rencontre devrait être la Syrie où la France mène encore une politique unilatérale en décalage, voire en opposition avec la Russie. Notre engagement au Mali contre le terrorisme est peu compatible avec nos relations étroites en direction des salafistes à l’œuvre en Syrie et devrait logiquement influencer la position française. Les conditions d’un rapprochement de points de vue sont plus favorables, d’autant plus que la Russie et les Etats-Unis ont engagé des discussions pour mettre fin à cette guerre sans livrer la Syrie à la guerre civile ou à l’éclatement.


La Russie considère que la Syrie fait partie de ses alliés et n’est pas prête à renoncer à son point s’appuie en Méditerranée avec sa présence militaire dans le port de Tartous. La France risque donc de se retrouver dans une position d’isolement au moment où des informations filtrent sur l’engagement de ses services secrets dans une tentative d’assassinat de Bachar el-Assad. 


L’agence de presse libanaise Assiya serait désormais en possession du droit de diffusion des extraits d’un documentaire, Les Guerres des services du renseignement en Syrie. Le documentaire met en scène les aveux des mercenaires chargés, par la Turquie et la France, d’assassiner le président Assad. Voici deux extraits du documentaire :


« Les services secrets syriens ont déjoué un projet d’attentat contre la vie du Président Assad et de son ministre des Affaires étrangères Walid al-Mouallem. Le renseignement syrien s’est mis à surveiller, il y a six mois, la France et la Turquie, qui, déçus par leur incapacité à provoquer une chute du régime d’Assad, ont décidé d’éliminer, physiquement, le président syrien. Une cellule d’opération a été très vite mise en place. Le travail, au sein de cette cellule, croisait souvent celui fourni par les services de renseignement saoudiens, qataris et américains. »


« [...] Le plan a échoué après l’intervention des agents de sécurité syriens, qui affirment n’en être pas à leur première opération : la France et la Turquie ont tenté, jusqu’à présent, et à plusieurs reprises, d’éliminer Assad et ses ministres. Mais ce qui étonne surtout les services secrets d’Assad, c’est l’insistance de Paris à entrer en contact avec le renseignement syrien et à obtenir des informations sur le compte des éléments salafistes actifs, en Syrie et en France ! »


Le moins que l’on puisse dire est que la politique française en Syrie n’est pas saine. Un certain nombre d’avocats européens tentent de faire entendre un autre son de cloche que celui que nous délivrent à profusion les pays occidentaux et leurs médias.


« Voici bientôt deux ans que les pouvoirs publics et les médias occidentaux dirigent un concert d’accusations contre le chef légal et légitime de l’État syrien, contre son gouvernement et contre l’armée de son pays. Ils cherchent ainsi à faire passer la victime pour le coupable, comme ils l’ont fait en Libye, comme ils l’avaient fait précédemment pour d’autres États libres et indépendants.


[…]Car ce sont bien les mêmes États, leurs serviteurs et leurs alliés (comme les régimes de l’Arabie Saoudite et du Qatar, monarchies absolutistes, sanguinaires et intolérantes pour leurs propres populations autochtones), qui d’un côté se posent en Juges du gouvernement syrien et de l’armée régulière syrienne, et qui de l’autre encouragent, financent et arment les mercenaires, souvent étrangers, qui se livrent aux destructions et aux violences contre la population civile et contre lesquels lutte l’armée régulière syrienne.


[…] En vérité la Syrie n’est pas seulement victime d’une agression armée, mais également, de manière évidemment concertée, sur la scène internationale, d’une vaste opération de propagande médiatique d’agitation, de désinformation systématique (certaines images sur la prétendue répression de l’armée régulière n’étant même pas prises en Syrie) et de provocation. »


Engagée dans des soi-disant croisades pour la liberté des peuples et la démocratie, la France peut-elle encore se regarder en face et se poser comme un pays libérateur alors que la démocratie recule chaque jour en son sein ? Doit-elle se réjouir d’exposer ses soldats pour des combats qui ne menacent pas l’intégrité de son territoire ? Sa compromission dans des conflits extraterritoriaux ne lui donnera pas une meilleure image internationale. Elle s’y épuise financièrement au lieu de moderniser son armée qui ne peut plus aller seule dans les conflits ou de « drônes » de guerre…


Le peuple français est inquiet pour son avenir


Et se demande pourquoi nous serions meilleurs pour les autres


Que pour nous-mêmes !

Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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