vendredi 22 février 2013

Une politique économique de « moutons de Panurge »

Les chiffres viennent de tomber, la zone euro ne va pas bien et entre en récession en 2013. Aujourd’hui la Bourse fait un bond, dopée par de bons résultats allemands et ceux d’une boîte américaine. Plus cela va mal, plus les marchés se délectent. Qui peut encore nier que les marchés sont manipulés et que le particulier, actionnaire de base, est le dindon de la farce qui se joue sans lui ? Tout devient artificiel et la menace d’un véritable crash se fait de plus en plus probable avec des dettes qui deviennent insupportables pour un nombre de plus en plus grand de pays dont le premier d’entre eux, les Etats-Unis.
Le chômage explose et la France se signale par un déficit budgétaire en dehors des clous. Le déficit public de la France sera de 3,7% en 2013 et de 3,9% l'an prochain, selon les prévisions économiques d'hiver de Bruxelles publiées vendredi. Paris sera donc très en dehors des clous européens qui lui imposent de ramener son déficit en-deçà de 3% du Produit intérieur brut cette année. La croissance de la zone euro, de 0% en 2012, n’atteindra que 0,1% en 2013. Pour 2014, on rase encore gratis avec une promesse de 1,4%.

 Notons au passage que la zone euro ne fait pas mieux que l’ensemble de l’UE et que la zone non euro devrait faire mieux en 2014. A quoi sert l’euro est une question qui reste posée et à laquelle on ne peut  répondre que par de grandes envolées lyriques. La politique unitaire de la zone euro nous a contraint à une politique d’austérité que nous ne savons pas faire autrement qu’en augmentant la pression fiscale et en rognant sur les avantages en tous genres donnés aux particuliers et aux entreprises. C’était notre façon de suivre le crédo allemand et celui du FMI.

On a suivi et on s’est même vanté de réussir le déficit budgétaire à 3% pour 2013 et le retour à l’équilibre en 2015 ! Puis devant notre impuissance à juguler efficacement les dépenses publiques, on a commencé à essayer de prôner une politique de croissance. Ceci dans le but, non avoué, de préparer un budget dont on savait qu’il ne tiendrait pas les 3% annoncés puisqu’il était bâti sur une prévision de croissance de 0,8%, parfaitement irréaliste.

Bingo ! Le FMI, poussé par les Etats-Unis, le Japon et la récession des pays du sud de l’Europe, revoie ses prévisions et commence à inciter à un renversement de tendance dans une austérité nuancée. Trop heureux d’enfourcher cette tendance nous nous engageons dans une politique de non-contrôle du déficit public sous la bannière de la nécessité de croissance, devenue le crédo des Etats-Unis, du Japon et du FMI entre autres.

Quelle réelle politique française distingue-t-on dans tout cela, sinon un opportunisme qui surfe sur des effets d’aubaine ? Alors que la France s'enfonce dans la récession et les déficits, l'Allemagne, son principal partenaire, bénéficiera d'une croissance de 0,5% cette année et de 2% en 2014, et ses finances seront quasiment à l'équilibre en 2013. Il est clair que la politique d’austérité que nous dénonçons convient à l’Allemagne. C’est toute la difficulté qu’impose la politique de la zone euro où, ce qui convient aux uns, ne convient pas aux autres.

Peut-on se satisfaire du fait que d’autres pays vont moins bien que nous ? L'Espagne notamment connaîtra un dérapage bien plus grave. Le pays, englué dans la récession et le chômage de masse, devrait enregistrer un déficit public de 6,7% en 2013 et de 7,2% en 2014. Des chiffres très éloignés des objectifs affichés par Madrid d'un déficit de 4,5% cette année et de 2,8% l'an prochain. Bruxelles voit aussi les manifestations de rue contre l'austérité.

Certainement pas ! Mais nous suivons le troupeau et nous tomberons de la falaise avec eux… en priant l’euro de nous sauver !

L’incapacité de nos dirigeants devient aveuglante.

L’Europe et l’euro ont probablement vécus !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon