lundi 4 février 2013

Les mesures offensives et défensives contre le chômage

La lutte contre le chômage doit être la priorité du gouvernement pour 2013. On peut distinguer deux axes de combat de celui-ci, les mesures offensives d’une part et les mesures défensives d’autre part. L’ensemble de sa panoplie de mesures présente un coût qu’il faut compenser par des impôts et taxes supplémentaires. On ne reparlera pas de la mesure offensive par excellence qui est la monnaie et dont on voit que chinois, japonais, suisses et américains font un usage qui s’apparente à une guerre économique.
Bloqué dans la monnaie unique la France doit se replier sur des mesures dont la portée est beaucoup moins rapide et demandant un dosage entre la fiscalité, la baisse des prestations sociales et l’encouragement aux entreprises. En effet le gouvernement a provisoirement abandonné la baisse des dépenses publiques. La non-réalisation du taux de croissance à 0,8% l’obligera à la pratiquer ou à faire admettre à l’UE et surtout à Angela Merkel que nous ne tiendrons pas notre promesse de déficit à 3%.
On peut classer dans les mesures offensives celles qui résultent des négociations sur la flexibilité de l’emploi dans les entreprises qui sont compensées par des coûts et des contraintes sociales pour celles-ci. On peut s’attendre dans un premier temps à une envolée des licenciements de la part des entreprises. Il faut faire revenir rapidement l’effectif à un niveau supportable dans un contexte économique de stagnation. Ces mesures ne sont pas à la hauteur du problème posé et le coût et l’administration de l’aspect social dans les entreprises viendra détruire une bonne partie du gain des mesures de flexibilité.
La Banque d’investissement, qui en fait existait déjà sous une forme moins rassemblée et de moyens plus limités, n’a d’intérêt que dans la mesure où les perspectives de croissance sont bonnes. Si cela est vrai pour certains secteurs, ils sont loin d’être la majorité. On n’investit pas quand les perspectives sont mauvaises ou alors c’est pour baisser les coûts de production en diminuant le personnel.
Parmi les mesures défensives on trouve le contrat de génération et le contrat d’avenir. Ces deux types de contrat sont coûteux. Si les mesures offensives ont pour but de relancer la croissance dans les entreprises, les mesures défensives n’ont réellement pour but que de payer pour garder des salariés au travail ou de les retirer du chômage. Dans le premier cas on s’adresse au secteur privé et dans le second au secteur public.
Le contrat de génération, qui a été voté le 23 janvier,  est destiné à favoriser l’embauche des jeunes. Pour bénéficier de l'aide financière de l'Etat, l'entreprise devra cumulativement :
·         embaucher en CDI, et maintenir dans l'emploi pendant la durée de l'aide, un jeune âgé de moins de 26 ans ou un jeune âgé de moins de 30 ans reconnu dans sa qualité de travailleur handicapé ;
·         maintenir dans l'emploi, pendant la durée de l'aide ou jusqu'à son départ en retraite :
o   salarié âgé de 57 ans ou plus ;
o   ou un salarié âgé d'au moins 55 ans au moment de son recrutement ;
o   ou un salarié âgé un d'au moins 55 ans reconnu dans sa qualité de travailleur handicapé.

Véronique BESSE, député et porte-parole du MPF, ne votera pas en faveur du projet de loi sur les contrats de génération. Comme elle l’a souligné lors de son intervention à la tribune de l’Assemblée nationale : « ces contrats de génération sont de la poudre aux yeux, ils cachent le véritable enjeu qui est celui de la formation des jeunes. Par ailleurs, ce projet de loi manque sa cible : parce qu’en sanctionnant financièrement les entreprises en difficulté qui ne peuvent pas embaucher, le Gouvernement  va aggraver la situation économique de la France. Il faut d’abord investir dans les formations par alternance. L’apprentissage permet à la fois de répondre aux besoins réels des entreprises et aux attentes des jeunes qui veulent accéder à des métiers d’avenir ».

L’effet d’aubaine est évident pour les entreprises et l’embauche en CDI est très dissuasive pour les petites entreprises qui ne peuvent se permettre de se tromper à l’embauche, le licenciement étant toujours coûteux en indemnités. L’apprentissage n’est pas favorisé, car il ne laisse pas de choix à l’entrepreneur. Il y a fort à parier que ce contrat ne rencontrera pas un grand succès.

Pour ce qui du contrat d’avenir, ce n’est qu’un plagiat de tous les contrats de ce type qui l’ont précédé et il s’agit en fait d’une mesure à but essentiellement social et dont le coût est plus élevé que le chômage pour l’Etat mais plus valorisant pour le salarié. Par contre il est peu probable que des emplois puissent rentrer dans le secteur productif, mis à part les contrats dans les associations.

Bilan modeste de mesures à minima pour un risque économique maximal

Attentisme d’un Etat qui redoute la baisse des dépenses publiques

Et s’ingénie à cacher sa misère dans la fiscalité.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon